Motivation et confiance en soi à l’école : 3 grands facteurs psychologiques de la motivation
Motivation et confiance en soi à l’école : 3 grands facteurs psychologiques de la motivation
Dans leur livre Apprendre à mieux mémoriser – Du labo à la classe – Collège, Jean-Luc Berthier et Frédéric Guilleray rappellent que la motivation se définit comme un ensemble de déterminants susceptibles d’engager la personne dans un projet ou une action et de soutenir cet engagement dans le temps. Ces déterminants peuvent être d’origine interne (motivation intrinsèque) ou externe (motivation extrinsèque). La motivation intrinsèque est celle recherchée par les enseignants et les parents car elle correspond au projet de l’élève, sa représentation aussi objective que possible de ses capacités, ce à qui il croit et pour lequel il est prêt à s’engager.
Plusieurs ingrédients liés contribuent à la motivation :
- l’histoire personnelle de l’élève (réussites et échecs passés et le sens/ l’importance qu’il donne à ces échecs ou réussites selon la valeur qu’il leur accorde);
- la représentation que l’élève construit de ses expériences passées (calcul d’une probabilité de réussir des projets futurs à partir d’une évaluation métacognitive de ses connaissances et compétences );
- le style motivationnel des adultes accompagnateurs (enseignants et famille), qui peuvent soutenir ou briser la motivation de l’élève.
A partir de ces éléments, on comprend que “vouloir, ce n’est pas pouvoir” et que le simple fait d’être motivé ne garantit pas le succès. Par ailleurs, la motivation extrinsèque n’est qu’un déclencheur de la motivation intrinsèque. La motivation est donc un phénomène complexe et c’est la raison pour laquelle Jean-Luc Berthier et Frédéric Guilleray proposent des éléments de réflexion pour comprendre et déclencher la motivation chez les élèves, adopter une style motivationnel favorable et éviter l’amotivation. Une personne amotivée a le sentiment d’être soumise à des facteurs qu’elle ne peut pas contrôler. L’amotivation se caractérise par une absence de motivation en lien avec le sentiment de ne plus être capable de prévoir les conséquences de ses actions. Les élèves amotivés ont tendance à interpréter leurs échecs comme un manque de compétences personnelles, ce qui manifeste un manque de confiance en leur capacité à entreprendre des actions afin de surmonter les difficultés rencontrées.
1.La confiance en soi
Berthier et Guilleray estiment que la confiance en soi se construit sur plusieurs bases :
- l’accumulation des réussites au fil de l’histoire personnelle de l’élève : il faut que ces réussites aient de la valeur aux yeux de l’élève et que l’élève attribue ces réussites à ses qualités propres, à son travail, à ses efforts (et non pas à un coup de chance)
- la représentation que l’élève a des échecs : sont-ils des “preuves” de sa nullité, de ses manquements ou bien des opportunités d’apprentissage desquelles il est possible de tirer des stratégies pour le futur ?
- l’influence des adules autour de l’élève (encourageants, soutenants, avec un état d’esprit de développement ou bien ignorants la notion de neuroplatsicité, voire humiliants ?)
- une certaine connaissance sur le fonctionnement du cerveau, l’état d’esprit de développement et la plasticité neuronale)
Pour aller plus loin : Etat d’esprit de développement et état d’esprit fixe : l’un amplifie les performances, l’autre mène à l’abandon
2.La métacognition
La métacognition est la représentation qu’a une personne sur ses connaissances et la façon dont elle peut les construire et les utiliser. La métacognition consiste à avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux.
La métacognition recouvre plusieurs aspects :
- la connaissance qu’on peut avoir de processus cognitifs, d’opérations mentales nécessaires pour accomplir une tâche ;
- la capacité à utiliser cette connaissance lors de l’accomplissement de la tâche
Elle consiste à disposer d’une bonne connaissance de ses possibilités et compétences à travers des explications des difficultés rencontrées, des forces à activer et faiblesses à travailler. Un élève qui sait faire preuve de métacognition sait répondre à ces questions :
- ai-je à ce jour les compétences requises pour ces activités ? Si non, comment les acquérir ?
- ai-je les savoirs clés pour être à la hauteur de cette tâche ? Si non, comment les développer ?
- quelles méthodes de travail efficaces me permettent d’atteindre l’objectif visé ? comment les mettre en oeuvre ? par quoi commencer ?
3.L’accompagnement des adultes
Les conditions favorables à la motivation repose sur l’encouragement et des explications données sur la neuroplasticité et l’état d’esprit de développement. Elles excluent les punitions et récompenses ainsi que tout ce qui provoque du stress élevé ou de la honte (humiliation, comparaison et dévalorisation, critique…).
Les adultes, en particulier les enseignants, ont également un rôle sur l’activation de la motivation des élèves à travers la mise en place d’une fenêtre optimale d’accessibilité. Cela passe par le fait de :
- élaborer un objectif clair, pleinement accepté par l’élève (où on va et comment on saura si on y est arrivé ?) : ce qui est attendu avec des étapes pour savoir si le but est atteint,
- donner du sens à l’action et faire en sorte que ce sens soit compris par les élèves (à quoi ça sert ? pour quoi est-ce utile et important ?)
- proposer des défis réalisables (l’objectif est-il compatible avec les aptitudes de l’élève ? y a-t-il des étapes intermédiaires plus facilement réalisables pour assurer des mini succès ?)
- accorder le droit à l’erreur et donner une image positive de l’erreur comme opportunité d’apprentissage et à partir desquelles élaborer des stratégies différentes
- assurer un climat de sécurité (connaissance des processus cognitifs des apprenants, valorisation, encouragement, insistance sur les efforts, l’entrainement et les stratégies plutôt que sur les résultats, développement de la compétence métacognitive de l’élève, modalités pédagogiques différenciatrices)
Dans leur livre Les neurosciences en éducation, Gros, Sander et Gvozdic vont dans le même sens que Berthier et Guilleray. Ils notent qu’un sentiment de non-sens profond, assimilable à un manque d’intérêt global, à une résignation et à une impression d’absurdité généralisée, est facteur d’échec scolaire. Comme les élèves amotivés ne sont pas forcément ceux qui ont le moins de compétences, si l’amotivation est endiguée, la voie est ouverte au progrès scolaire.
Ce n’est donc pas tant la motivation qu’il faut renforcer chez les élèves mais le fait de créer chez eux le sentiment enraciné qu’ils ont du pouvoir sur la situation, qu’ils peuvent développer leurs compétences, qu’ils sont capables de trouver des solutions à leurs problèmes, qu’ils peuvent avoir confiance en leur intelligence, qu’ils peuvent compter sur des adultes qui ont foi en eux et qui les encourageront.
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Source : Apprendre à mieux mémoriser – Du labo à la classe – Collège de Jean-Luc Berthier et Frédéric Guilleray (éditions Nathan). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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