Cultiver les apprentissages sociaux et émotionnels : des outils de promotion de la santé à l’école

Cultiver les apprentissages sociaux et émotionnels : des outils de promotion de la santé à l’école

Cultiver les apprentissages sociaux et émotionnels

Dans de nombreux pays, les programmes éducatifs sont de plus en plus orientés vers le développement de compétences transversales et le bien-être des enfants. Cette attention spécifique portée aux facteurs de promotion de la santé s’explique notamment par :

  • une augmentation importante des troubles anxieux et dépressifs chez l’enfant et l’adolescent,
  • une corrélation entre mal être et difficultés scolaires.

L’apprentissage social et émotionnel s’appuie sur des preuves empiriques de son efficacité en tant que facteur de promotion de la santé (Boniwell, 2011).

Ces interventions sont fondées sur le modèle des compétences émotionnelles et relationnelles. Elles ont recours à des ateliers sur  :

  • la conscience de soi (de ses émotions, ses sensations, ses intérêts, ses valeurs…) et d’autrui (empathie),
  • la compréhension des émotions,
  • les compétences relationnelles,
  • la capacité à prendre des décisions et résoudre des problèmes sans violence.

Il existe plusieurs programmes validés à l’heure actuelle, dont le plus connu a été développé par l’équipe de Seligman aux Etats Unis : le Penn Resiliency Programme. Il s’agit d’un programme en douze séances visant à :

  • augmenter l’optimisme chez les jeunes de 10 à 14 ans

À l’aide de bandes dessinées et de jeux de rôle, les jeunes apprennent à reconnaître les liens entre pensée et émotions, à adapter des attentes positives par rapport à l’avenir et face aux difficultés.

>>> Pour aller plus loin : L’école de l’optimisme : développer l’espoir et la résilience chez les enfants et les ados

 

  • enseigner  des techniques de résolution de problèmes

Les enfants peuvent apprendre à trouver des solutions non violentes à leurs problèmes. Le recadrage des pensées est utile dans ce cas-là. Dans le programme Penn Resiliency, les intervenants encouragent les élèves dès le début à se mettre dans la peau d’un détective pour repérer et analyser les différentes pensées qui surviennent au cours de la semaine face à des situations stressantes (Forgeard et Seligman, 2012). Lorsque des pensées automatiques surviennent, par exemple si le matin un copain ne vient pas les saluer (« j’ai jamais eu d’amis dans ce collège »), les adolescents, à l’image des détectives, s’entraînent à trouver des explications alternatives (« il n’est pas d’humeur ce matin », « il est stressé à cause du contrôle », etc.).

>>> Plus de ressources :

-> L’affiche du feu de signalisation : un outil d’intelligence émotionnelle et de gestion des conflits

 

-> Le message clair : un outil de résolution pacifique des conflits

Les messages clairs école

 

-> La roue des choix pour résoudre les conflits (utilisable à l’école et à la maison)

roue choix solution conflit élèves

 

  • fournir des outils de relaxation

Les bénéfices de la pratique de la méditation et de la relaxation en classe sont nombreux :

  • amélioration de la concentration dans le travail scolaire,
  • baisse de l’agressivité,
  • plus de calme en classe et dans la cour de récréation,
  • moins d’appréhension et de stress,
  • des enfants et des enseignants heureux d’aller à l’école,
  • plus d’écoute et de compréhension mutuelle.

>>>Des ressources pour la pratique en classe :

[VIVRE ENSEMBLE] Des exercices ludiques pour les enfants

aider enfant anxieux estime stress

 

  • faire face au stress

stratégies anti stress

Pour aller plus loin : L’inverse du stress n’est pas la relaxation mais la résilience (comment aborder le stress efficacement ?)

 

Quelle est l’efficacité des programmes de développement des compétences émotionnelles et relationnelles ?

Intervenir auprès de tous les enfants pour promouvoir les facteurs de résilience

L’efficacité du Penn Resiliency Program en termes de promotion de la santé a été démontrée par plus de dix-sept études réalisées aux États-Unis, en Angleterre et en Chine (pour une méta-analyse, voir Brunswasser, Gillha, et Kim, 2009). Les résultats les plus importants obtenus par l’un des essais contrôlés randomisés montrent une réduction de 50 % du taux d’anxiété et de dépression chez les jeunes ayant bénéficié du programme, comparé à d’autres jeunes lors d’un suivi à trois mois.

Les programmes de prévention universelle sont actuellement les plus efficaces. Il ne s’agit pas d’identifier des élèves « à risque », mais d’intervenir auprès de tous les enfants dans le but de promouvoir les facteurs de résilience.

Les ateliers peuvent être intégrés à l’enseignement réalisé par les professeurs ou être animés par des intervenants extérieurs.

Les programmes de ce type constituent aujourd’hui la meilleure forme de promotion de la santé à l’école, mais il existe également des établissements scolaires qui, de par la nature de leur pédagogie, ont un impact positif sur le développement des compétences psychosociales et le bien-être (Shankland, 2009).

 

L’influence de la nature de la pédagogie sur le bien-être des enfants et adolescents

Plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’étude de l’effet des pédagogies dites « nouvelles » (exemples : Montessori, Freinet) sur le développement des compétences de l’enfant. En 1992, Kendall a réalisé une étude comparative sur l’autonomie des élèves à l’aide d’une grille d’observation des comportements, en comparant des enfants qui fréquentaient une école Montessori à des enfants du système scolaire traditionnel. Les résultats révèlent une plus grande indépendance dans les actions menées, des prises d’initiatives plus fréquentes, et une autorégulation plus fréquente du comportement.

En outre, ces enfants plus autonomes présentaient davantage de compétences relationnelles et parvenaient mieux à résoudre des problèmes.

Une étude plus récente a mis en évidence des observations similaires (Shankland et al., 2010). Un échantillon de cent trente élèves en classe de Terminale issu de quatre types d’école (Montessori, Steiner, École nouvelle et système scolaire traditionnel) a été suivi pendant un an et demi, afin d’analyser la qualité de l’adaptation à l’enseignement supérieur. Les résultats montrent que les anciens élèves issus d’écoles à pédagogie nouvelle s’adaptent mieux à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Ils présentent un bien-être subjectif supérieur (niveaux d’anxiété et de dépression plus faibles, et satisfaction de la vie plus grande), et des performances scolaires supérieures aux autres sujets de l’étude (résultats obtenus au premier semestre universitaire).

Des analyses complémentaires réalisées sur la base de questionnaires (deux cent soixante-dix-sept anciens élèves et quatre cents parents d’anciens élèves), indiquent que les personnes ayant réalisé leur cursus scolaire dans un établissement à pédagogie nouvelle déclarent de manière plus fréquente que leur scolarité leur a permis de développer les caractéristiques suivantes :

  • autonomie,
  • créativité,
  • confiance en soi et en l’avenir.

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Source :  La psychologie positive – 2e éd. de Rébecca Shankland (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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