L’inverse du stress n’est pas la relaxation mais la résilience (comment aborder le stress efficacement ?)

L’inverse du stress n’est pas la relaxation mais la résilience.

L'inverse du stress n'est pas la relaxation mais la résilience

Crédit illustration : freepik.com

Le stress fait son CINE

Dans son livre Par amour du stress, Sonia Lupien regrette que, la plupart du temps, nous essayions de chasser nos ruminations ou que nous cherchions à tout prix à nous “relaxer” pour chasser le stress. Mais si ces ruminations nous accablent, c’est parce qu’elles sont considérées par le cerveau comme potentiellement menaçantes et que, tant que le problème n’est pas résolu, le cerveau les considérera toujours comme une menace et ramènera sur le devant de la conscience ces pensées.

Faire face aux ruminations dues au stress, c’est accepter de déconstruire la situation pour mieux comprendre laquelle, ou lesquelles, des caractéristiques du CINÉ est à l’origine de la détection de menace par le cerveau. Le CINE est un acronyme créé par Sonia Lupien pour décrire les facteur du stress :

  • C pour perte de Contrôle : le stress survient quand on a l’impression qu’on n’a aucun contrôle sur la situation.
  • I pour Imprévisibilité : la situation est imprévisible et on n’a pas pu s’y préparer puisque l’anticipation n’a pas été possible
  • N pour Nouveauté : la situation est nouvelle et on n’a pas de repère pour affronter l’inconnu.
  • E pour Ego menacé : le stress survient quand la situation menace notre intégrité, notre personnalité (peur des jugements, des moqueries, des erreurs et des critiques).

Il s’agit de passer le problème à l’origine du stress “à la moulinette” des ces facteurs de stress. Cela va passer par des questions du type :

  • La situation est-elle nouvelle ?
  • Est-elle imprévisible ?
  • Menace-t-elle mon égo ?
  • Me fait-elle sentir que je n’ai pas le contrôle sur la situation ?.

Selon les réponses à ces questions, on va découvrir l’origine du stresseur. Lorsqu’on a trouvé l’origine du stresseur, on peut trouver des solutions efficaces pour affronter la situation sans la fuir ou trouver des moyens de l’éviter. C’est en faisant cela qu’on pourra diminuer la production d’hormones de stress à long terme dans l’organisme (plutôt qu’en cherchant à ne plus penser à rien ou à se relaxer à tout prix quitte à se mettre la pression pour se détendre).

Trouver des solutions plutôt que se vider l’esprit

C’est la raison pour laquelle Sonia Lupien affirme que l’inverse du stress n’est pas la relaxation mais la résilience. Un massage ou balade dans la forêt peut faire du bien mais ne fera pas disparaître les stresseurs qui gâchent la vie quotidienne.

La résilience, dans notre contexte, c’est la capacité d’avoir un plan B, un plan C, un plan D, etc., pour faire face à la situation qui nous stresse. […] Sachez que 85 % des gens ne mettront jamais à exécution leurs plans de rechange. Toutefois, le seul fait de se les rappeler devant le stresseur fait en sorte que le cerveau détecte moins la menace et produit moins d’hormones de stress. En effet, on envoie alors au cerveau le message que l’on a un certain contrôle sur la situation. Et ce sentiment de contrôler la situation est ce dont notre cerveau a justement besoin pour détecter moins de menaces dans l’environnement et produire moins d’hormones de stress. – Sonia Lupien

La prévention du stress peut passer par des changements structurels (modification de l’environnement comme un changement d’école ou de travail) ou plus mineurs. Trouver plusieurs solutions permet de passer à la suivante en cas d’inefficacité.

Le yoga ou la méditation ne sont pas des solutions universelles anti-stress

Certaines personnes ont un besoin d’activité plus élevée que d’autres

Sonia Lupien avertit que des méthodes telles le yoga ou la méditation ne sont pas des approches universelles pour “gérer” le stress. Elle cite des études scientifiques qui ont démontré que, si vous prenez une personne hyperactive et que vous lui demandez de pratiquer le yoga, ceci a pour effet d’augmenter ses hormones de stress. De même, pour les personnes ayant un besoin d’activité plus élevé, la méditation n’est vraiment pas la panacée.

Sonia Lupien n’est pas favorable à l’introduction de séances de yoga ou de méditation dans les écoles. Elle se demande ce qui arrivera avec un jeune enfant plein d’énergie qui ne demande qu’à aller jouer dehors pour dépenser l’énergie mobilisée face au stress de sa vie. On risque de l’obliger à faire plus de yoga, à plus méditer ou à rester immobile alors que c’est de mouvement dont il a besoin (et on va le stresser encore plus à l’obliger à faire quelque chose qui ne lui correspond pas).

En revanche, il est possible d’expliquer aux enfants comment fonctionne le stress à l’aide des 4 facteurs CINE et de les entraîner à trouver des solutions en fonction des origines identifiées de leur stress. En donnant des explications aux enfants, ils comprennent mieux le mécanisme du stress et, ce faisant, on diminue la nouveauté et l’imprévisibilité de la situation (parce que c’est stressant d’être stressé). Une fois les facteurs de stress d’une situation donnée identifiés (un ou plusieurs parmi le CINE), il devient possible de “reconstruire” la situation : que faire pour que la situation soit moins nouvelle/ moins imprévisible ? comment regagner du sens de contrôle dans le cas présent ?

En déconstruisant les situations qui sont stressantes, vous pouvez aider votre cerveau à diminuer la perception de menaces dans l’environnement et vous pouvez aussi aider vos enfants qui n’ont pas, eux, la capacité de faire cette analyse des stresseurs environnementaux. – Sonia Lupien

Bouger pour évacuer l’énergie mobilisée à travers la réponse de stress

Par ailleurs, le corps peut être un allié pour faire diminuer les hormones de stress produites en réponse à un stress aigu. En classe, il est possible d’apprendre aux enfants à utiliser leur corps pour agir sur les hormones de stress produites devant un stress aigu sans forcément passer par l’immobilité requise par la méditation. Bouger (courir, pratiquer un sport actif, danser, sauter, chanter, rire…) aide à diminuer la production des hormones de stress en période stressante en évacuant l’énergie mobilisée à travers la réponse de stress.

Cela s’explique par le fait qu’en période de stress, le corps a mobilisé une dose massive d’énergie pour combattre la menace ou la fuir. Cette énergie mobilisée doit être évacuée car elle est à la base du stress chronique.

En classe, il est possible que certains élèves grandissent dans un milieu familial difficile source de stress aigu (conflits parentaux, négligence, et même violence). Sonia Lupien souligne que ces enfants mobilisent une dose massive d’énergie pour combattre ou fuir la menace présente dans le foyer familial quotidiennement. Quand ils arrivent à l’école, ces enfants sont “littéralement comme une bombe sur le point de sauter” car leur corps a mobilisé beaucoup d’énergie, qui n’a pas été dépensée. Il est alors impossible d’attendre de ces enfants un calme et une attention pendant plusieurs heures.

Sonia Lupien estime que ces enfants ont absolument besoin de perdre l’énergie qu’ils ont mobilisée à travers de l’exercice physique tous les jours. Les autres enfants qui grandissent dans un environnement familial moins stressant ont également besoin de mouvement, mais les premiers encore plus. La perte de l’énergie mobilisée à travers des exercices de mouvement en classe et des activités physiques plus régulières que ce qui est prévu au programme permet un retour à la normale de la réponse de stress, et augmente la capacité d’attention.

 

Pour aller plus loin : Plutôt qu’apprendre aux élèves à gérer leur stress, créons des conditions scolaires moins stressantes.

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Source : Par amour du stress de Sonia Lupien (éditions Au Carré). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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