Enfant avec hyperactivité en classe : faire avec le besoin de bouger plutôt que contre le besoin de bouger
Enfant avec hyperactivité en classe : faire avec le besoin de bouger plutôt que contre le besoin de bouger
Quelques aménagements pour permettre le mouvement en classe
Pour un enfant hyperactif, bouger est un besoin irrépressible. Certains spécialistes disent même que bouger est précisément le moyen que ces enfants trouvent pour se concentrer.
Ainsi, il est utile pour aider les enfants atteints de TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité) de leur proposer des occasions multiples de bouger. Mieux vaut faire avec le besoin de bouger plutôt que contre le besoin de bouger.
Quelques aménagements simples à mettre en place peuvent être proposés :
• Faire bouger l’enfant avant une activité calme (ex : sortir dehors, faire quelques étirements, courir, pousser contre le mur, taper des pieds…)
• Faire asseoir l’enfant sur un ballon, plutôt que sur une chaise (il sera obligé de faire des mouvements pour trouver son équilibre
• Proposer une balle antistress ou un fidget à malaxer
• Prévoir des pauses dans l’activité et autoriser les étirements ou certains mouvements
• Confier des tâches qui nécessitent de bouger : distribuer des feuilles, aller dans une autre classe ou chercher du matériel…
• Toujours autoriser le mouvement quand on voir que le besoin s’en fait sentir et que l’enfant s’agite de plus en plus
La structure efficace du temps, de l’espace et des activités
Offrir des repères permet de canaliser le besoin de bouger des enfants hyperactifs Ces repères peuvent concerner trois éléments :
- structurer le temps
- communiquer avec des repères visuels (des pictos) et verbaux (ex : « après telle activité, c’est le moment de… »)
- utiliser des outils et supports visuels (ex : un chronomètre, un time-timer, un agenda…)
- rappeler le temps restant avant la fin d’une activité
- structurer l’espace
- supprimer les éléments perturbateurs du bureau (ex : classeur, gadgets…)
- expliciter les règles selon les endroits et les espaces (ex: dans la cour, OK pour courir, pas dans la classe)
- structurer les activités
- vérifier avec l’élève (ou un tuteur/ camarade missionné) s’il a le matériel nécessaire et complet avant de commencer l’activité.
- fournir une check-list avec des case à cocher pour le matériel et les cahiers nécessaires
- afficher un planning imagé de l’enchaînement des activités dans la journée
- découper une tâche importante en plusieurs petites étapes faciles et atteignables d’une manière séquencée (d’abord… puis… après.. ensuite…)
Ne pas négliger la communication et la qualité de la relation
La communication et la qualité de la relation ont un impact important sur le comportement de l’enfant avec hyperactivité en classe.
Des consignes efficaces : l’acronyme PARCA
L’acronyme PARCA permet de garder en tête des principes de communication qui facilitent la compréhension des consignes par les enfants. PARCA sont les initiales de : Précision, Abréviation, Répétition, Contact, Affirmation.
Précision
Une consigne précise permet à l’enfant de comprendre exactement ce qui est attendu de sa part. Une consigne telle que “Range ta chambre” est trop vague pour un enfant (d’autant plus pour les jeunes enfants et les enfants avec TDA/H).
Le fait de préciser ce qui est attendu permet à l’enfant de passer à l’action. Ainsi, “range ta chambre” peut devenir : “Prends les jouets au sol et mets les dans le coffre à jouets puis range les livres sur l’étagère.”
Abréviation
Les consignes trop longues ou trop nombreuses augmente le risque qu’elles ne soient ni comprises ni exécutées. Mieux vaut donner une ou deux consignes à la fois puis demander à l’enfant de revenir nous voir une fois qu’elles auront été accomplies afin de donner les éventuelles consignes suivantes.
Par ailleurs, démontrer les consignes attendues par des gestes (et pas seulement par des mots) permet de mieux les faire comprendre à l’enfant. Nous pourrons demander à l’enfant de refaire ces gestes ou de les faire en même temps que nous (par exemple pour caresser le chat plutôt que lui tirer les oreilles ou la queue).
Répétition
Faites répéter les consignes par l’enfant permet de s’assurer qu’il a non seulement entendu mais surtout compris nos attentes : “peux-tu me répéter ce que tu as entendu ? par quoi vas-tu commencer ? comment vas-tu t’y prendre ?”
Ainsi, plutôt que dire « tu fais ça, d’accord ? », il est plus efficace de demander « tu peux me dire ce que tu vas faire ? ».
On peut également permettre aux enfants de revenir nous poser des questions sur ce qu’ils ont à faire une fois les consignes données. Nous pouvons alors soit leur répéter les consignes de manière plus courtes et précises, soit les questionner sur ce qu’ils ont compris (qu’est-ce que tu as déjà fait ? qu’est-ce que tu penses devoir faire ensuite ? qu’est-ce qui te manque ?) afin qu’ils utilisent leur intelligence pour élaborer eux-mêmes ce qu’ils ont à faire.
Contact
Établir un contact visuel et même physique avec l’enfant (yeux dans les yeux, main sur l’épaule) est important. Un enfant qui joue ou qui regarde un écran a peu de chance d’entendre (et encore moins de comprendre) une consigne.
Pour Daniel Siegel (neuroscientifique spécialiste de l’enfance), l’une des façons les plus rapides d’inspirer la confiance et la coopération consiste à se positionner en-dessous du niveau des yeux de l’enfant et à choisir une posture corporelle décontractée et apaisante. Sans même ouvrir la bouche, nous en disons déjà long…
Affirmation
La parentalité positive nous invite à donner des consignes positives dans un langage affirmatif. Les formulations positives permettent de transformer les interdits en consignes, en règles.
Une consigne affirmative indique en effet aux enfants ce que nous voulons qu’ils fassent, plutôt que ce que nous voulons qu’ils ne fassent pas. Non seulement, dire ce que nous ne voulons pas ne rend pas forcément évident ce que nous voulons mais la négation est mal traitée par le cerveau des enfants.
Quand une demande est formulée dans un langage affirmatif, le cerveau peut plus facilement traiter cette demande pour construire une action différente.
Pour autant, cet acronyme PARCA n’est pas une formule magique. Mieux vaut ne pas prendre pour acquis que l’enfant va suivre toutes les règles tout le temps, sous prétexte qu’on les lui a déjà expliquées quelques temps auparavant et qu’on les a formulées de manière positive, concise et précise. Nous aurons probablement à répéter autant de fois que nécessaires certaines consignes.
Offrir de la confiance
Les enfants atteints d’un TDAH peuvent souffrir d’un déficit d’estime de soi et de confiance en soi car ils sont confrontés à des difficultés dans la réalisation de tâches scolaires mais aussi dans l’intégration sociale et les relations interpersonnelles.
Les adultes peuvent être sources de confiance et participer à renforcer l’estime de soi des enfants. Cela peut passer par le fait de :
- être à l’écoute de l’enfant en le laissant exprimer ses émotions
- encourager les enfants en soulignant leurs efforts, leur progression, les choses réussies (même minimes)
- souligner les forces et talents des enfants (même s’ils ne sont pas en rapport direct avec les attendus de l’école)
- offrir des paroles valorisantes et encourageantes
- outiller l’enfant avec des techniques de retour au calme
- proposer des ressources et des moyens pour progresser quand l’élève est face à la difficulté en insistant sur le pouvoir du “bientôt” et du “pas encore” tout en reconnaissant la tristesse, la déception et la frustration
- aider l’enfant à travailler et jouer avec les autres en lui apportant une aide utile et bien dosée (pas faire à sa place ni laisser tomber)
Communiquer de manière claire, efficace et bienveillante
Communiquer de manière claire, efficace et bienveillante permet de passer du rapport de force à la coopération. Ce type de communication s’appuie sur des piliers tels que :
- s’assurer que l’enfant écoute réellement en maintenant le contact visuel avec lui quand on lui parle (solliciter plusieurs sens – vue, ouïe, toucher – est plus efficace)
- donner une seule consigne à la fois et lui demander de la reformuler pour s’assurer qu’il l’a bien comprise
- dire ce qui est attendu plutôt que ce qui est interdit en décrivant de manière précise et objective le comportement souhaité (ex : “sois sage” n’a pas de sens car l’enfant ne sait pas forcément ce que nous entendons par “sois sage” et n’a peut-être pas les ressources pour être sage)
- parler d’une voix douce et non agressive pour éviter de déclencher des comportements de défense/ repli/ mutisme ou d’attaque (physique ou verbale)
- laisser du temps à l’enfant pour réagir après une demande (de trois à cinq secondes)
- pratiquer le renforcement positif en faisant preuve de gratitude (merci) quand le comportement attendu est réalisé
- communiquer à l’aide de messages-Je exprimant des émotions, besoins et limites personnelles (plutôt que des messages-tu qui critiques, rabaissent, accusent ou étiquettent l’enfant)