Les fonctions exécutives et les impacts de leur dysfonctionnement (trouble dysexécutif )

Les fonctions exécutives et les impacts de leur dysfonctionnement (trouble dysexécutif )

fonctions exécutives trouble dysexécutif

Les fonctions exécutives sont des fonctions cognitives transversales qui jouent un rôle de “chef d’orchestre” auprès des autres fonctions cognitives. Les fonctions cognitives sont les différentes facettes de la cognition (=de la pensée humaine), qui ont chacune leur rôle, et qui nous permettent de réaliser toutes nos actions (percevoir, parler, bouger…). Les fonctions exécutives gèrent toutes les autres fonctions cognitives, en particulier la gestion et la régulation de l’attention et de la mémoire de travail.

Michèle Mazeau, médecin de rééducation, spécialiste des troubles cognitifs chez l’enfant, définit les fonctions exécutives comme un ensemble de processus permettant de réguler de façon intentionnelle la pensée et les actions afin d’atteindre des buts quand une tâche est nouvelle ou complexe.

Les fonctions exécutives disposent, pour réguler les autres fonctions cognitives, de l’inhibition et de la planification (gestion d’une action ou réflexion dans le temps -> régulation gestuelle, évaluation des résultats par la comparaison du but et du résultat, gestion des délais). La planification est sous la dépendance de l’inhibition.

Sur le plan neurologique, inhiber, c’est empêcher les automatismes qui émergent automatiquement (c’est-à-dire sans conscience de notre part) à partir d’un déclencheur. L’inhibition demande un effort et est coûteuse sur le plan cognitif. Il s’agit principalement de l’inhibition de :

  • routines antérieurement automatisées,
  • réponses automatiques non pertinentes relativement à l’objectif de la tâche,
  • l’arrêt d’une réponse déjà initiée et de l’inhibition d’une réponse automatisée.

La capacité d’inhibition concerne plusieurs domaines :

  • différer la prise d’une récompense (voir le test des marshmallows);
  • inhiber les interférences (la difficulté à inhiber les automatismes provoque des biais de raisonnement -> par exemple, si le mot “plus” est présent dans un énoncé de mathématiques, les élèves vont avoir tendance à utiliser une addition sans chercher à analyser l’énoncé et la question posée);
  • faire preuve de flexibilité mentale (c’est-à-dire la capacité de passer d’une idée à une autre, de changer de point de vue ou de procédure). La flexibilité mentale porte sur le fait de s’empêcher d’utiliser une procédure routinière, habituelle afin de mieux répondre à la situation précise.

Ces changements sont contrôlés et conscients (comme tout ce qui concerne les fonctions exécutives).

Les personnes souffrant d’un trouble dysexécutif sont impactées sur plusieurs plans :

  • sur le plan cognitif
    • initier ou arrêter une action
    • se souvenir d’une règle ou d’une consigne
    • aller au bout d’une activité
    • coordonner plusieurs tâches
    • planifier et résoudre des problèmes
    • développer des stratégies
  • sur le plan de l’attention (grande distractibilité)
  • sur le plan de la mémoire
    • gestion de la mémoire de travail (difficulté à “prendre” les informations dans l’environnement et à les mettre à jour)
    • gestion de la mémoire à long terme (sélection des rappels)
  • sur le plan du comportement
    • hyperactivité
    • désinhibition
    • trouble de l’humeur

Chez les enfants, la capacité d’inhibition se développe progressivement et prend du temps. Un enfant qui souffre de troubles des fonctions exécutives (=de troubles dysexécutifs) a des problèmes persistants et ne correspondant pas à son âge dans les fonctions cognitives qui doivent être contrôlées. Il va donc éprouver des difficultés dans les apprentissages (académiques mais aussi au sens plus large) :

  • difficulté à inhiber les automatismes : un enfant qui a des troubles dysexécutif ne s’arrête pas quand il devrait (on parle de “persévérations” gestuelles, graphiques, linguistiques comme le fait de passer du coq à l’âne ou de ne pas arrêter de parler), il se trouve “bloqué” et n’arrive pas à sortir de ses stratégies déjà mises en place
  • difficulté à réussir des tâches de go/no go (de type Jacadi a dit)
  • problème d’impulsivité
  • trouble dans l’élaboration de stratégies (raisonnement et mémorisation à long terme)
  • difficulté à gérer les doubles tâches
  • problème de mise à jour de la mémoire de travail (vider les éléments déjà traités et remplir avec des éléments pertinents)

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Source : Conférence Du TDAH au Syndrome dys-exécutif de Michèle Mazeau (Conférence donnée lors du Symposium International “Sortir du Trouble”, Genève avril 2014)