Étudier efficacement en faisant autre chose : possible ou illusion des étudiants ?
Étudier efficacement en faisant autre chose : possible ou illusion des étudiants ?
Dans son livre L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage, John Hattie rappelle que faire autre chose est un facteur négatif pour l’apprentissage. Faire plusieurs choses à la fois affecte l’apprentissage profond.
Quand il s’agit d’acquérir de nouvelles connaissances et de les mémoriser, les humains ne sont pas multitâches. Même quand nous semblons mener plus d’une activité à la fois, nous entremêlons plusieurs compétences que nous maîtrisons déjà bien et nous passons de l’une à l’autre sans nous en rendre compte (et donc sans nous rendre compte du coût de cette alternance). Nous ne pouvons faire cela que si la nature des tâches à effectuer n’exige ni vigilance continue ni assimilation de nouvelles informations de notre part.
Lorsque les gens semblent faire plusieurs choses à la fois, ils font se chevaucher deux tâches (ou davantage), mais des tâches qui restent toujours dans les limites de leurs capacités attentionnelles. Faire plusieurs choses à la fois n’accroît pas vos capacités, même lorsque vous êtes pleinement attentif et fortement motivé. Dès lors que le stress intervient, passer d’une tâche à l’autre va réduire vos capacités, ce qui aboutira à une moindre efficacité globale. – John Hattie
On comprend alors que faire plusieurs choses à la fois est incompatible avec des apprentissages profonds et réussis (comme le fait de consulter les réseaux sociaux pendant les devoirs, de laisser le téléphone qui va sonner ou vibrer à chaque notification, laisser la télé allumée, même écouter de la musique pendant les révisions ou les devoirs). Faire plusieurs choses en même temps garantit des performances moindres à un moment ou un autre. Le coût réel du passage mental d’une tâche à une autre est caché mais très élevé : les gens qui jonglent entre différentes activités ne sont pas conscients de la détérioration de leurs performances en situation d’apprentissage soutenu et de réflexion approfondie (faire des liens entre des informations, apprendre par cœur, répondre à des questions, sélectionner des informations essentielles, synthétiser…).
Écouter de la musique en étudiant, bonne ou mauvaise idée ?
Selon Hattie, écouter de la musique peut avoir un effet délétère sur les apprentissages profonds (réflexion, compréhension, mémorisation à long terme, métacognition).
Dès que la musique devient plus forte et occupe l’espace sonore, elle diminue rapidement les performances d’apprentissage, fait baisser l’attention de l’apprenant, et devient vraiment un problème dès lors qu’on se met à l’écouter plutôt que de se concentrer sur les autres informations. – John Hattie
Si certains élèves arrivent à apprendre tout en écoutant de la musique, c’est que ces élèves se sont habitués à écouter de la musique en fond sonore mais qu’ils ne l’écoutent pas vraiment (ils l’utilisent comme un “bruit blanc”). Hattie parle de stratégie d’attention sélective pour les personnes qui ne font pas attention au bruit ambiant quand ils travaillent avec concentration.
L’exception concerne les activités non exigeantes qui ne sont pas de réelles situations d’apprentissage (comme le fait de faire du sport, de passer un trajet en bus ou de faire des travaux de bricolage/ peinture). Écouter de la musique peut transformer une tâche répétitive ou ennuyeuse en une expérience plus plaisante en soulageant l’ennui.
Faire occasionnellement autre chose lorsque vous effectuez des tâches non exigeantes vous aidera à rester alerte et attentif lorsque votre cerveau travaille à un faible niveau, et voudrait juste décrocher ou fuir dans le sommeil. – John Hattie
Ainsi, un environnement calme et exempt de stimulations extérieures est le plus efficace pour se concentrer et étudier efficacement. Il se peut que, dans un contexte familial bruyant, mettre des écouteurs pour avoir un fond musical permette de mettre les bruits parasites à distance mais faire plusieurs choses à la fois reste une mauvaise option dès lors que l’objectif est de réfléchir de manière approfondie.
Conseils pour les élèves
John Hattie insiste sur le fait de dissuader les élèves de croire qu’ils seraient capables de faire deux (ou plus) choses à la fois si l’une de ces activités relève de l’apprentissage. Quand l’attention est partagée, il ne peut pas avoir d’apprentissage.
Les élèves ne doivent pas être incités à s’imaginer qu’ils peuvent étudier efficacement tout en utilisant Facebook ou Instagram. Plus une personne entremêle différentes activités pendant ces périodes où elle a l’intention d’apprendre, plus il se produit d’interférences, ce qui entraîne des effets néfastes très importants, au coût énorme. – John Hattie
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Source : L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage de John Hattie (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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