12 compétences clés à développer chez les enfants comme socles pour les apprentissages académiques et le bonheur
12 compétences clés à développer chez les enfants comme socles pour les apprentissages académiques et le bonheur
De quoi nos enfants ont-ils besoin pour grandir dans un monde changeant et être des acteurs libres, conscients et confiants ? Ces 12 compétences non académiques peuvent être considérées comme des socles qui vont soutenir les compétences dites “académiques” (lecture, écriture, mathématiques) et poser les fondations d’une vie heureuse.
1. Savoir reconnaître et apprivoiser ses émotions (les compétences émotionnelles)
Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturité (pas avant 20 ans, certains chercheurs affirmant même vers 30 ans), les processus de gestion des émotions ne sont pas totalement fonctionnels. L’enfant a alors des difficultés à contrôler et maîtriser ses réactions émotionnelles. L’enfant n’est pas en mesure de gérer l’ensemble des émotions qui affluent en lui du fait de l’incomplétude de ses réseaux neuronaux. Le cortex préfrontal est incapable de jouer son rôle de régulateur des émotions fortes.
L’apprentissage du langage des émotions aura alors sur l’enfant un impact sur son comportement social, et notamment sa capacité à surmonter le stress, à gérer son agressivité et à exprimer ses affects.
Par ailleurs, un enfant qui enfouit ses émotions, ses peurs, qui ne peut pas manifester sa joie ou sa colère, n’apprend pas à tenir compte de ce que lui ou les autres ressentent. Il ne développe pas d’empathie, pas de bienveillance : ni pour lui-même, ni pour les autres.
Quand un enfant apprend à repérer ses émotions et à repérer le message envoyé par son corps, il arrive mieux à s’adapter et à comprendre ce qui compte pour lui mais aussi pour les autres.
Enfin, des enfants qui se sentent bien dans leur tête et dans leur corps, qui savent reconnaître les signaux envoyés par les émotions, sont dans de meilleures dispositions pour apprendre.
2. Savoir interagir avec les autres de façon respectueuse (les compétences relationnelles)
Des compétences telles qu’apprendre à coopérer, à faire ensemble, à communiquer sans violence et à aborder les conflits sans agressivité sont essentielles pour des relations interpersonnelles gratifiantes. Des activités et des jeux coopératifs existent pour sensibiliser les enfants à l’entraide et à la solidarité.
3. Savoir se concentrer (la maîtrise de soi et l’auto discipline)
Pour Maria Montessori, la discipline doit venir de l’intérieur. C’est la raison pour laquelle la pédagogie Montessori insiste tant sur la manière d’agir sur la périphérie de l’enfant plutôt que sur l’enfant (c’est-à-dire d’aménager l’espace en classe ou à la maison pour favoriser l’auto discipline.
Par ailleurs, faire attention ou se concentrer n’est pas explicite, et encore moins pour les élèves en élémentaire et en collège. En tant qu’enseignants, nous avons beaucoup à gagner à prendre le temps d’expliquer aux élèves comment fonctionne l’attention. Nous pouvons passer par une comparaison entre l’éponge et les ressources attentionnelles. L’éponge a la capacité d’absorber une grande quantité d’eau, mais quand sa capacité d’absorption est atteinte, l’éponge ne peut plus rien absorber; il n’est plus possible d’ajouter de l’eau. Il faut alors essorer l’éponge. En effet, la condition pour pouvoir utiliser à nouveau l’éponge est de la vider complètement. C’est seulement après l’avoir essoré que nous pourrons de nouveau absorber du liquide. Essorer l’éponge mentale signifie qu’il faut stopper temporairement l’activité en cours pour redevenir disponible. A cet effet, je vous propose une boîte à outils de la concentration.
4. Faire preuve de flexibilité cognitive (les fonctions exécutives)
Avant même de penser à développer des compétences académiques ou scolaires (comme lire, écrire, compter), c’est l’acquisition et le renforcement des fonctions exécutives qui importent. Les fonctions exécutives permettent de réaliser des actions en fonction d’objectifs. Elles regroupent plusieurs processus dont :
- la mémoire de travail (traiter et manipuler les informations en temps réel tout au long de la tâche en cours),
- la cognition sociale (les fonctions cognitives impliquées dans les interactions sociales qui permettent d’identifier les émotions des autres et d’analyser les situations sociales pour y réagir de manière appropriée),
- l’attention (rester actifs au niveau de la conscience, sélectionner une information, résister aux distractions),
- le flexibilité (pouvoir changer de point de vue et faire preuve de créativité, anticiper/ prédire/ ajuster),
- la planification (prévoir mentalement des étapes qui servent à se rapprocher graduellement d’un objectif),
- l’inhibition (bloquer les informations non pertinentes et réguler son comportement pour rester fixé sur un objectif).
La flexibilité cognitive permet de réorganiser les idées face à des informations nouvelles, de changer de stratégie si celle qu’on avait en tête ne fonctionne pas et d’identifier nos erreurs.
5. Écouter son corps (ses besoins, ses limites, ses alertes) et ses intuitions (savoir dire non quand ça fait “non” dans le corps et le coeur)
Élever un enfant, l’aider à mieux se connaître et à trouver sa place dans la société, lui faire confiance, cela passe par le développement de la conscience de ces 5 points :
1. Son corps
2. Ses émotions
3. Ses besoins et limites
4. Les conséquences de ses actes
5. Les manières de vivre ensemble
Par ailleurs, le respect des limites corporelles (les siennes et celles des autres) est une première étape pour mettre en pratique la notion de consentement et de respect de l’intégrité corporelle.
6. Aimer apprendre et relever des défis
Carol Dweck est chercheuse dans le domaine de la personnalité, de la psychologie sociale et du développement. Elle a écrit le livre Osez réussir dans lequel elle distingue l’état d’esprit fixe de l’état d’esprit en développement. Selon elle, les capacités et les talents ne suffisent pas pour atteindre des objectifs, notre état d’esprit joue un grand rôle. Le plus important pour relever des défis et réussir est d’aborder la vie et les apprentissages avec un état d’esprit en développement.
Les personnes caractérisées par un état d’esprit de développement ont la croyance que le talent et l’intelligence peuvent croître avec des efforts, de l’entraînement et des leçons apprises des échecs et des autres. Ces personnes sont enthousiastes à l’idée d’apprendre et savent qu’on peut toujours apprendre quelque chose des échecs et que les erreurs ont une fonction positive dans le processus d’apprentissage.
7. Avoir de multiples occasions de développer la créativité
L’exigence de performance et la peur d’échouer déconnectent les enfants de la joie de créer. Il est utile d’exposer les enfants à des occasions diverses, variées et récurrentes de développer leur créativité. Quand un enfant est centré sur le plaisir de l’expérience artistique, il n’y a pas d’erreur possible car il n’y a pas de jugement, pas d’attente, pas de comparaison. De plus en plus d’enfants éprouvent de l’anxiété à l’idée de rater, de mal faire ou de ne pas réussir. Même des enfants jeunes appréhendent de commencer un travail créatif et certains vont même jusqu’à déchirer leur dessin en s’écriant qu’ils sont nuls.
De plus, cultiver la pensée divergente des enfants soutient les apprentissages formels et scolaires.
8. Cultiver la pensée critique
Un climat de confiance et de bienveillance favorise l’apprentissage de la rigueur intellectuelle. Réfléchir en famille et à l’école, c’est faire l’expérience de la rigueur et de la liberté. En ce sens, pratiquer la philosophie de manière plus ou moins formelle est utile et peut être un complément à des activités autour de la pensée critique (par exemple, autour des biais cognitif).
9. Vivre avec éthique (envers soi, les autres et l’environnement)
Lire des contes issus du monde entier et porteurs de sagesse avec les enfants permet de les exposer à de belles idées et d’ouvrir la voie à une réflexion sur les valeurs à cultiver dans la vie, leur apprend à relativiser leur point de vue et à se mettre à l’écoute de celui des autres. On pourra suivre la lecture de ces courts contes par des questions à visée philosophique (ils s’inscrivent très bien dans une démarche d’ateliers philo par exemple) : à quel moment as-tu déjà été débordé par ta jalousie ? qu’est-ce qui a déjà ébranlé ta confiance en toi ? comment cela s’est-t-il traduit ? qu’est-ce que cela t’a poussé à faire ?
Par ailleurs, les enfants apprennent des valeurs morale (altruisme, gratitude, empathie, entraide…) en regardant agir les personnes qu’ils respectent et qu’ils estiment. Cela passe également par notre attitude en tant qu’adultes :
- ne pas mentir aux enfants ou travestir la réalité pour les manipuler et leur faire faire ce que nous souhaitons
- agir avec justesse, en raisonnant en termes de besoins des uns et des autres
- reconnaître ses erreurs et ses réactions disproportionnées
- s’excuser (auprès des adultes et des enfants le cas échéant)
10. Savoir s’exprimer avec un vocabulaire riche et une aisance orale
Le verbe est une passerelle. Jouer avec les mots et enrichir le vocabulaire de manière ludique stimulent l’expression orale et la pensée créative des enfants pour leur assurer une meilleure maîtrise de la langue française. Plus un enfant est à l’aise à l’oral et dispose de mots pour transcrire de manière précise sa pensée, plus il ose prendre la parole et plus cette parole est efficace pour exprimer ses pensées, et pour influencer les autres.
11. Savoir faire preuve d’optimisme et de résilience
Martin Seligman, auteur de L’École de l’optimisme, a une approche plutôt à contre courant de l’estime de soi : selon lui, le bien-être est un “sous-produit” de la réussite. Plutôt que d’intervenir pour que les enfants se sentent mieux dans une perspective de bien-être, ce psychologue américain propose une “approche de la réussite”.
Les adultes s’appuyant sur cette approche de la réussite des enfants sont eux aussi prêts à intervenir mais de manière différente :
- pour modifier la façon de penser des enfants à propos de l’échec,
- pour encourager la persévérance plutôt que la simple réussite.
Par ailleurs, connaître les 4 muscles de la résilience peut aider les enfants à mieux rebondir après des chocs émotionnels.
12. Savoir trouver le bonheur à l’intérieur de soi
Le bonheur est avant tout une question d’attitude face au monde d’où l’importance de se sentir bien dans sa peau, de trouver un sens à la vie, et de vivre en harmonie avec les autres.
Mes conseils de lectures jeunesses :
Dans tous les cas, ces compétences s’épanouiront mieux dans une relation chaleureuse, empathique, encourageante et bienveillante avec les adultes encadrants et dans un environnement adapté, aménagé de manière à favoriser l’autonomie des enfants.