Les troubles neurovisuels : causes, conséquences sur les apprentissages et pistes d’accompagnement

Les troubles neurovisuels : causes

Les troubles neurovisuels _ causes, conséquences sur les apprentissages et pistes d'accompagnement

Les troubles neurovisuels sont des dysfonctionnements d’origine cérébrale, c’est-à-dire non lié à un problème d’oeil. L’oeil, organe récepteur, capte l’image puis les neurones envoient ces informations à travers le cerveau qui va les traiter.

Les fonctions neurovisuelles incluent plusieurs étapes et les dysfonctions peuvent se trouver à un ou plusieurs niveaux :

  • l’attention visuelle

L’attention visuelle est la capacité à filtrer les informations non nécessaires, la capacité à chercher quelque chose dans un tout, la capacité à sélectionner, isoler, comparer un objet ou un symbole parmi d’autres.

  • la motricité oculaire

La motricité oculaire est tout ce qui concerne les mouvements des yeux, en commençant par la stabilité du regard, primordiale pour ne pas voir flou et/ ou fixer un objet; les saccades qui sont les changements de direction du regard lorsque l’oeil se déplace rapidement d’un point à l’autre; les poursuites oculaires qui permettent de suivre du regard un objet; la convergence qui permet de suivre un objet qui se rapproche de nous.

  • la compréhension visuo-spatiale

La compréhension visuo-spatiale permet de voir l’objet en relation avec le reste et de comprendre l’espace autour de nous. Elle est nécessaire pour s’organiser, pour dessiner, lire et écrire, construire, assembler et comprendre les mathématiques ainsi que dans beaucoup d’activités de la vie quotidienne (faire ses lacets, faire du vélo, retrouver son chemin…).

La compréhension visuo-spatiale dépend de la motricité oculaire et de la vision binoculaire.

  • le décodage visuel

Le décodage visuel est la capacité à donner un sens à ce qui est vu. Elle dépend de la compréhension visuo spatiale mais aussi de la mémoire visuelle et des liens avec les autres systèmes sensoriels.

Pour un enfant atteint de troubles neurovisuels, la vue et les muscles fonctionnent correctement mais le croisement des données entre elles ne fournit pas une image suffisamment précise de l’environnement pour s’y déplacer et agir de manière adaptée et/ou sans trop de fatigue.

Les troubles neurovisuels peuvent entraver l’ensemble des apprentissages alors qu’ils ne sont pas toujours détectés comme tels et que les enfants ne savent pas qu’ils en sont porteurs puisqu’ils ont toujours vu comme ça et n’ont pas conscience qu’ils voient différemment des autres enfants.

On peut rencontrer des troubles neurovisuels chez des enfants qui présentent des atteintes cérébrales mais également chez des enfants qui ont des difficultés d’apprentissage sans aucune lésion.

Les conséquences des troubles neurovisuels

La difficulté à stabiliser les yeux peut affecter :

  • la lecture (la concentration sur un texte est difficile car les lignes ont l’air de tanguer)
  • l’écriture (l’alignement des lettres sur une ligne est difficile)
  • la motricité fine (encastrer deux morceaux de puzzle, plier une feuille bord à bord, mettre un papier dans une enveloppe, aligner des éléments…)
  • la perception des distances et de la profondeur de champ (difficile de viser, de voir les objets – comme un ballon – s’approcher ou s’éloigner)
  • les ajustements de posture (pouvant entraîner de la fatigue)
  • les déplacements (les obstacles de l’environnement sont mal perçus, le repérage dans l’espace est difficile)
  • la reproduction de modèles ou d’images
  • l’organisation des idées sous forme de texte écrit (l’image de comment les éléments sont reliés entre eux et au tout étant floue)

Les troubles neurovisuels peuvent être à l’origine de troubles dys.

Quand un enfant a des troubles neurovisuels, il y a très souvent des interférences avec les autres systèmes (et vice-versa).

Les principaux signes qui doivent alerter pour un éventuel diagnostic sont la lenteur dans les activités scolaires, une grande fatigabilité, une mauvaise posture sur sa chaise, des maux de tête fréquents, une lecture lente, des difficultés en copie et en écriture (lente, irrégulière, pas toujours sur la ligne, espace entre les mots fluctuants), des difficultés en géométrie, des sensibilités à certains éclairages, des difficultés d’attention et de vue d’ensemble, un mauvais sens de l’orientation, une grande maladresse, une mauvaise évaluation des distances, des difficultés dans les rattrapages d’objets et les sports d’équipe sur un grand terrain.

10 pistes pour accompagner les enfants présentant des troubles neurovisuels

  1. Limiter le temps passé devant les écrans
  2. Reconnaître les difficultés, notamment en termes de lenteur, de fatigue et de quantité d’efforts à fournir
  3. Apprendre à l’enfant à s’organiser avec méthode (par exemple avec des check lists ou des outils tels que le Timer Timer, les calendriers, les codes couleurs par matière…)
  4. Adapter l’environnement (demander à l’enfant ses préférences en termes d’éclairage, de place en classe, d’informations murales dans sa chambre/ au dessus de son bureau, l’inclinaison du bureau…)
  5. Donner des consignes claires, progressives et précises en précisant les étapes et les attendus
  6. Encourager l’enfant : le soutenir, lui proposer de l’aide (sans l’imposer) et des ressources, le respecter
  7. Pratiquer des activités physiques et sportives (nager, sauter, danser, courir, faire de la gym ou des arts martiaux pour les stimuli vestibulaires et proprioceprifs; le basket, le Frisbee, le bowling, le badmington, le jonglage, la pétanque pour la coordination des différents sens)
  8. Faire un bilan d’orthopie (un orthoptiste neurovisuel est recommandé en cas de suspicion de troubles d’ordre neurovisuels, sur ordonnance du médecin traitant)
  9. Consulter différents professionnels (orthophoniste, ergothérapeute avec orientation en intégration neurosensorielle, osthéopathe)
  10. Demander une rencontre avec les enseignants (pour échanger autour des difficultés particulières de l’enfant et envisager des adaptations/ aménagements simples comme la place de l’enfant en classe)

 

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Source : L’enfant extra-ordinaire: Comprendre et accompagner les troubles des apprentissages et du comportement chez l’enfant de Isabelle Babington (éditions Eyrolles)

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