Quand le stress bloque les apprentissages : comment réduire le niveau de stress ?

Quand le stress bloque les apprentissages…

réduire niveau de stress enfants

 

Le stress à haut niveau et chronique est considéré comme l’un des fléaux de notre époque, à tel point que des adolescents (et même des enfants) connaissent des situations de burn-out.

Le stress a envahi toutes les sphères de la société, du travail à la famille. Les parents stressés (par leur chef au travail, par une situation économique difficile, par une séparation ou une maladie, par le manque de temps pour tout faire, par un souci de voiture…) peuvent communiquer leur stress aux enfants, les enfants stressés communiquent leur stress aux parents, les parents stressent les enfants pour améliorer leurs résultats scolaire, les enfants stressent les parents à cause de leurs comportements (agressifs, effacés, solitaires, effrontés…), l’école stresse les parents et les enfants… La liste est longue et le cercle vicieux difficile à briser. Le stress (comme la colère), ça se refile !

Pourtant, le stress peut être bon, c’est avant tout la vie : “l’épice de la vie et le baiser de la mort.”

 

Commencer par définir le stress : un bon et un mauvais stress ?

Le stress est d’abord une réaction physiologique de l’organisme pour s’adapter à différentes situations rencontrées au cours de la vie. Le stress passe par deux phases principales :

  • la production d’adrénaline : “je peux y arriver, j’ai les ressources nécessaires”. L’adrénaline booste, met en mouvement, rend plus présent et efficace, donne de l’énergie.
  • la production de cortisol (hormone du stress) : le cortisol aide à calmer un état de stress en augmentant le taux de glucose dans le sang.

Le problème intervient quand ces deux hormones sont secrétées en trop grande quantité face à une situation de stress trop importante, répétée ou qui dure longtemps.

  • L’adrénaline rend angoissé et/ou en colère. Nous sommes alors submergés par un sentiment de peur et que notre corps entre en hyper vigilance, prêt à tout moment à attaquer, fuir ou se replier.
  • Un taux élevé de cortisol entraîne le sentiment d’être sans courage, triste, en grande insécurité. Catherine Gueguen, pédiatre, écrit : “L’enfant se sent menacé et angoissé. Ses pensées, ses émotions, ses perceptions sont voilées par un sentiment de peur, de grand danger, il est inhibé, dans l’impossibilité d’entreprendre et de surmonter la moindre difficulté”.

Dans ce cas, le stress bloque les apprentissages

 

Quelles sont les principales causes du stress chez les enfants ?

Sans prétendre à une liste de Prévert ni à un listing exhaustif de toutes les sources de stress chez les enfants, on peut essayer de répondre à la question “pourquoi les enfants sont-ils de plus en plus stressés ?”. A côté des stress majeurs vécus dans la petite enfance (comme la maltraitance physique, morale ou affective, l’abandon…), d’autres facteurs sont plutôt liés à nos modes de vie occidentaux modernes :

  • les petits stress quotidiens

“Dépêche-toi, on va être en retard à l’école !”

“Dépêche-toi de prendre ton bain !”

“Mange !”

Toutes ces situations prises isolément sont loin d’être dramatiques mais c’est leur répétition qui crée un stress familial.

  • la notion de performance omniprésente

Des adolescents en viennent même à faire des burn out comme en témoigne Jeanne Siaud Fracchin, psychologue. Ils s’épuisent en milieu scolaire car le niveau d’exigences des adultes est de plus en plus élevé et ,par effet boule de neige, les exigences des jeunes sur eux-mêmes deviennent inatteignables.

  • les problèmes familiaux

Séparation, chômage, maladie, disputes, problèmes au travail… les problèmes des adultes référents peuvent être à l’origine du stress des enfants mais aussi contribuer à majorer leur stress car il est plus difficile de parler de soi et de ses inquiétudes quand les parents sont eux-mêmes préoccupés.

  • la relation et la comparaison aux autres

Les enfants et surtout les adolescents se demandent sans cesse : est-ce que je suis normal ? est-ce que je suis accepté dans tel groupe ? est-ce que je suis comme les autres ? pourquoi je suis plus mauvais que les autres ? pourquoi mon frère y arrive et pas moi ?

  • la rumination mentale

Ce que les enfants et adolescents se racontent dans leurs têtes est souvent plus générateur de stress que la situation réelle et objective.

  • l’éducation par la peur

Catherine Gueguen explique dans son livre “Pour une enfance heureuse” que la peur a deux visages :

    • l’adulte provoque la peur en soumettant l’enfant (par des cris, des tapes, des punitions…),
    • l’adulte a peur et transmet son inquiétude à l’enfant.
  • les enjeux de réussite scolaire

Jeanne Siaud-Fracchin cite deux chiffres :

50% des parents sont inquiets pour la réussite scolaire de leurs enfants.

85% des motifs de consultation en psychologie de l’enfant et de l’adolescent sont liées à des motifs autour de l’école.

Tout se passe comme si la réussite scolaire était un gage de réussite de vie, comme si un enfant qui réussit à l’école est nécessairement un enfant heureux ! Dans la revue Sciences Humaines de mai 2014 (dossier Psychologie de l’enfant), il est pourtant écrit que l’enfant le plus riche, le meilleur élève, le plus gâté, archétype de l’enfant idéal du XXI° siècle n’est pas le plus heureux.

Les positions de cancre comme celle de bon élève sont exposées aussi bien l’une que l’autre à la pression des parents, des enseignants et des autres élèves (on en revient à la comparaison et à la relation aux pairs).

  • la prédisposition génétique

Les enfants ne sont pas égaux face au stress, ils ont des prédispositions différentes face à une situation anxiogène. Pourtant, l’environnement peut moduler cet état : un enfant naturellement anxieux le sera moins que par nature dans un environnement apaisant et sécurisant, un enfant de nature apaisée peut développer un état anxieux dans un environnement stressant.

 

Les conséquences du stress chez les enfants : pas seulement sur les apprentissages !

Effets sur le comportement et les émotions

La sécrétion d’adrénaline ou de cortisol en trop grande quantité dans le cerveau peut avoir des répercussions sur le comportement de l’enfant :

  • perte de confiance
  • besoin de bouger comme pour se tenir prêt à attaquer, fuir ou à se replier
  • agressivité et colère
  • perte de l’envie de jouer
  • difficulté à s’investir dans ce qu’il fait
  • inhibition et isolement

Effets sur le système immunitaire

Catherine Gueguen, pédiatre, écrit : “la sécrétion prolongée de cortisol peut aussi modifier le métabolisme et l’immunité de l’organisme, entraîner le développement de maladies chroniques, des maladies auto-immunes et avoir des effets redoutables sur le cerveau immature de l’enfant.”

Pathologies liées au stress

Jean-Martin Bonetti, pédopsychiatre, affirme que les pathologies liées au stress chez l’enfant peuvent aller de troubles du sommeil, de somatisations en tous genres, jusqu’aux TOC, à la dépression voire même jusqu’à des tendances suicidaires.

Jeanne Siaud-Fracchin ajoute que la phobie scolaire et les ruptures scolaires anxieuses sont des troubles exponentiels en psychologie de l’enfant et de l’adolescent, parfois même dès 7/8 ans.

Effet sur la mémoire et les capacités d’apprentissages

Le stress parasite la mémoire. Certaines difficultés scolaires ne sont liées qu’au stress. Jeanne Siaud-Fracchin utilise une image pour expliquer ce qui se passe dans la tête des enfants stressés : “quand on est anxieux, c’est comme si on avait une chaîne cryptée sans le décodeur. Ça embrouille l’esprit et rien ne peut entrer, rien ne peut être restitué.”

Un enfant ne peut réussir à travailler que quand il est dégagé de ce stress qui “ronge” son cerveau.

Le stress chez les enfants entraîne donc des difficultés de concentration et un niveau de stress trop élevé bloque les apprentissages.

 

11 pistes pour réduire le niveau de stress des enfants

1.Organiser le quotidien pour éviter les petits stress quotidiens

Des pistes pour moins se dépêcher le matin : 12 propositions pour remplacer “dépêche toi !”

 

2.Entendre et reconnaître les difficultés et souffrances propres à chaque enfant

Jeanne Siaud-Fracchin insiste sur la qualité de présence de parents bienveillants. Quand l’enfant rencontre une difficulté, les parents peuvent se positionner en accompagnants :

“qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?”,

“on comprend qu’il y a quelque chose de difficile, comment on peut t’accompagner et te soulager ?”

Il est aussi important de demander aux enfants :

“comment tu te sens aujourd’hui ? “,

“comment tu te ressens à l’intérieur de ton corps ?”

Cela leur apprendra à être attentifs aux indices envoyés par leur corps pour signaler leur état émotionnel, à reconnaître quand ils sont en situation de “mauvais” stress.

comment te sens tu aujourd'hui émotions enfants

 

3.Repérer les ressources et les atouts de chaque enfant

Cela peut passer par lui rappeler ce qu’il a déjà réussit par le passé, par valoriser ses progrès, par consigner ses succès dans un album de la réussite, par l’encourager.

“C’est cet enfant qui a appris à faire du vélo à 4 ans/ à lacer ses chaussures à 5 ans/ qui a marqué le but de la victoire au dernier match/ qui a aidé sa copine à se relever quand elle est tombée… qui doute et qui pense qu’il ne va pas y arriver ? “

Tous les enfants vivent des réussites dans un domaine ou un autre (école, sport, activité artistique, jeux vidéo, cuisine…). Essayez au maximum d’immortaliser les réussites de votre enfant en photo. Vous pourrez coller ces photos dans un album de réussite en rappelant la date et ce que vous avez ressenti à ce moment là en tant que parent. Et quand il sera triste, déçu, découragé, démotivé par un échec ou une erreur, ce sera le moment de ressortir l’album de ses réussites pour lui rappeler toutes les prouesses qu’il est capable de réaliser.

Voici 30 pistes pour encourager efficacement les enfants :

encourager les enfants

 

4.Câliner, toucher, jouer avec son enfant

Isabelle Filliozat écrit qu’il est important d’accorder 10 à 20 minutes de pleine attention par jour à son enfant.

Le jeu et le contact physiques sont essentiels. Catherine Gueguen affirme que le contact physique diminue le stress et apporte du bien-être et de la sérénité.

Le contact tendre, agréable, léger, la chaleur réconfortante augmentent les taux d’ocytocine et d’endorphines et ceux-ci procurent un sentiment de bien-être et favorisent les liens sociaux.

Les massages apaisent aussi bien les enfants que les adolescents en abaissant le niveau des hormones de stress. Catherine Gueguen ajoute que le bénéfice du toucher n’est pas réservé au contact interhumain. “Caresser un animal familier comme un chien, un chat ou tout autre animal active le cerveau social, réconforte et apaise l’animal et celui qui le caresse.”

Les jeux de contact, avec les copains mais aussi avec les parents (les jeux de chahut par exemple), procurent un sentiment de bien-être en diminuant le stress et l’anxiété.

 

5.Donner l’occasion à l’enfant de se défouler et se dépenser

Se dépenser physiquement libère ses pulsions motrices et on le voit prendre un très grand plaisir à se bagarrer pour s’amuser, à sauter à la corde, grimper, courir, danser, jouer à la marelle. Sil ne peut exprimer sa vitalité en jouant, il peut alors devenir agité, anxieux. – Catherine Gueguen

 

6.Reprendre contact avec la nature

L’enfant a besoin d’espace et la nature lui donne à la fois un sentiment de liberté et une source inépuisable d’émerveillement : les animaux, la végétation, le ciel, les étoiles, la campagne, la forêt, la montagne, la mer, les coquillages, les fleurs à observer et à ramasser… Au Japon, le shinrin-yoku ou « bain de forêt » est même reconnu comme une composante importante d’une vie saine. Une étude scientifique récente a montré que des jeunes gens qui passaient 15 minutes assis dans un bois plutôt que dans une ville présentaient une importante baisse de leur rythme cardiaque et de leur taux de cortisol.

Une promenade dans la nature (ne serait-ce que dans une parc public) pourra favoriser le bien-être physique et mental de toute la famille :-).

 

7.Dire des phrases motivantes et les afficher dans la chambre

Aider l’enfant à remplacer sa petite voix intérieure négative par des pensées positives :

phrases remotiver enfants

 

Redonner confiance en soi à l’enfant par des messages positifs (extraits du livre Tu es vraiment formidable de Lucie Ahrweiller) :

confiance en soi école

 

 

8.Utiliser la psychologie positive

La psychologie positive aidera les enfants à adopter un état d’esprit constructif et à rester confiants face aux épreuves au lieu de ruminer des pensées mentales négatives et de se torturer l’esprit.

roue psychologie positive

 

 

9.Aider les enfants qui se découragent face aux difficultés

Complimenter avec sagesse (décrire le résultat sans jugement, mettre l’accent sur les efforts et le travail, ne pas complimenter l’intelligence mais les progrès)

Porter l’attention sur la méthode et la stratégie mises en place

Utiliser des mots « magiques » : bientôt, pas encore, pour le moment (« Tu n’y arrives pas encore« , « Tu vas bientôt y arriver », « Tu ne comprends pas pour le moment »)

Expliquer le fonctionnement du cerveau pour changer l’état d’esprit des enfants

Avoir des attentes positives et réalistes envers les enfants

 

10.Proposer des exercices de respiration ludiques

Des exercices ludiques de respiration peuvent être proposés sous forme de cartes aux enfants.

cartes respiration école

 

11.Pratiquer la méditation de pleine conscience

La méditation de pleine conscience permet de donner aux enfants stressés des outils pour réguler eux-mêmes leur stress et leur état émotionnel. La méditation soulage les symptômes de l’anxiété au même titre que les médicaments (quand les patients ne souffrent pas de dépression sévère).

Selon Jeanne Siaud-Fracchin, auteur du livre Tout est là, juste là, de plus en plus d’enfants sont préoccupés, occupés à s’inquiéter de beaucoup de choses et de façon plus importante que ce que les adultes croient. Inviter les enfants à méditer en pleine conscience, c’est les entraîner à sentir qu’ils sont vraiment là, à se sentir bien dans leur corps, à apprécier d’être tranquille.

Le bulletin de météo personnelle : quel temps fait-il à l’intérieur ? y a-t-il du soleil à l’intérieur ? te sens-tu comme quand il y a des nuages et qu’il pleut ?

réduire niveau de stress enfants

La perception ouverte : 12 objets sont disposés sur un grand plateau et les enfants doivent les regarder avec une attention toute ouverte pendant 30 secondes. Les objets seront ensuite recouverts avec un tissu et les enfants énonceront les objets dont ils se rappellent.

Faire attention comme une grenouille : la grenouille respire et se tient tranquille, elle reste calme, son ventre se gonfle et se dégonfle.

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