Pour une autorité sans rapport de force entre enseignants et élèves (exemples et conséquences)

Pour une autorité sans rapport de force entre enseignants et élèves (exemples et conséquences)

Pour une autorité sans rapport de force entre enseignants et élèves

Le fait qu’un élève refuse d’obéir à un enseignant ou ne veuille pas faire les exercices en classe peut être vécu par certains enseignants comme un échec personnel ou un affront. Le problème est que, associer le degré d’obéissance des élèves au degré de puissance de l’enseignant enferme ce dernier dans une dépendance aux comportements des autres pour se sentir bien et compétent. Comment repenser l’autorité des enseignants ?

Repenser l’autorité des enseignants

Daniel Favre, formateur d’enseignants, propose de changer de point de vue et d’adopter celui de l’élève qui refuse d’exécuter les consignes : quelle est sa “bonne” raison (à ses propres yeux) d’agir comme il le fait et donc de refuser ce qui lui est demandé ?

La possibilité de dire non constitue, en effet, une étape importante  de la psychogenèse chez l’enfant et représente un droit imprescriptible de tout sujet et futur citoyen. Or, quand et où l’élève peut-il dire non à l’école ? Ce n’est pas sur le choix du programme, sur celui des enseignants, des autres élèves, des horaires ou encore de l’établissement, puisque tout cela lui est imposé. Il n’y a tout simplement pas de cadre légitime à l’école où l’élève pourrait dire non, l’école n’est pas prévue pour cela, pourtant elle doit former des citoyens. – Daniel Favre

Ainsi, Daniel Favre invite les enseignants à faire un travail intérieur consistant à ne plus associer un refus d’élève à une déstabilisation personnelle. Un enseignant peut accueillir sereinement les refus en présentant les inconvénients de ce choix pour l’élève mais sans leçon de morale, chantage ou message non verbal qui laisserait sentir un trouble intérieur.

Poser un cadre légitime pour le “non” de l’élève permet à ce dernier de sortir du “ni oui ni non” qui caractérise certains et du jeu de cache-cache avec l’enseignant, l’un pour en faire le moins possible, l’autre pour le faire travailler contre son gré, le plus souvent en le menaçant. Ainsi, autoriser le refus dans certaines circonstances et l’accueillir comme la manifestation d’un sujet permet ensuite à l’élève de pouvoir dire vraiment “oui” à l’apprentissage sans vivre cette acceptation comme une soumission. – Daniel Favre

Apaiser les relations conflictuelles entre enseignants et élèves

Afin que l’accueil empathique du refus des élèves apaise les relations conflictuelles, Daniel Favre liste plusieurs conditions pour une nouvelle autorité des enseignants:

  • Faire preuve d’empathie et d’ouverture à ce que vit et pense l’élève (exemple : ” Je vois bien que tu ne veux pas faire cet exercice et je suis persuadé que tu as de bonnes raisons. On pourra en parler plus tard si tu veux.”)

 

  • Mentionner les inconvénients pour les élèves (exemple : “Je dois te rappeler que la raison de ta présence aujourd’hui en classe est l’apprentissage et j’ai comme responsabilité de te signaler que ce que tu n’apprendras pas cette année risque de diminuer tes chances de réussir le bac/ de pouvoir mener une conversation en anglais…”)

 

  • Manifester l’interdit de ne pas déranger les autres qui veulent travailler (exemple : “Tu as le droit de choisir de ne pas faire cet exercice, mais tu n’as le droit en aucune façon de déranger la concentration de ceux qui souhaitent travailler”)

 

  • Inciter les élèves à vérifier la validité des arguments de l’enseignant (exemple : “Vous connaissez peut-être des adultes qui n’osent pas parler anglais parce qu’ils ne se sont pas assez entraînés en cours et n’ont pas assez confiance en eux”.)

 

  • Garantir un cadre de sécurité (exemple : “Maintenant, qui veut bien répondre à cette question sachant que je ne donne le droit à personne de se moquer de celui qui apprend et prend le risque de répondre ?”)

Pour aller plus loin : 10 idées pour une discipline sans punition à l’école

 

Daniel Favre rappelle qu’une autorité fondée sur la domination-soumission rend très vulnérable celui ou celle qui l’exerce. Adopter une forme d’autorité libre du désir de domination implique de pratiquer l’écoute empathique et cela comporte un risque : accepter l’imprévisible, le “non-contrôle”. Dans cette optique, on se rend compte que, bien souvent, les élèves finissent par coopérer et faire leur travail (un peu plus tard, pas trop vite pour manifester leur pouvoir personnel). Les élèves protègent leur image d’eux-mêmes quand ils n’obéissent pas tout de suite.

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Source : Transformer la violence des élèves de Daniel Favre (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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