Mémoriser efficacement : réviser à intervalles de temps espacés et tout au long de l’année les mêmes choses
Mémoriser efficacement avec les neurosciences
La règle d’or pour mémoriser efficacement : espacer les apprentissages
Dans son livre Apprendre, Stanislas Dehaene rappelle une règle d’or pour mémoriser efficacement : espacer les apprentissages, c’est-à-dire distribuer les périodes d’entraînement plutôt que les regrouper. A long terme, la mémoire est bien meilleure quand on espace les périodes de révision surtout si l’on augmente progressivement les intervalles de temps entre deux séances de révision.
Au lieu de grouper tout l’apprentissage en une seule fois, on alterne les périodes d’étude et de test, et on révise régulièrement à des intervalles de temps de plus en plus espacés. – Stanislas Dehaene
Mieux vaut donc 15 minutes de travail tous les jours de la semaine que 2 heures concentrées sur une seule journée. L’espacement semble créer un “effet de difficulté désirable” en interdisant le simple stockage en mémoire de travail et en forçant les circuits sollicités à travailler plus.
Quel est l’intervalle de temps le plus efficace entre deux répétitions d’une même leçon ?
Des psychologues ont montré que l’intervalle optimal dépend de la durée de rétention en mémoire souhaitée.
- Si on a besoin de se souvenir d’une information pendant quelques jours ou quelques semaines, il est idéal de la réviser tous les jours.
- Si, on souhaite que les connaissances soient préservées pendant plusieurs mois (voire plusieurs années), il faut rallonger l’intervalle de révision en proportion.
Une seule répétition d’une leçon, quelques semaines après la première, multiplie par trois les nombres d’items qu’on parvient à solliciter et rappeler en mémoire de travail quelques mois plus tard. Pour garder une information en mémoire le plus longtemps possible, le mieux est donc d’augmenter progressivement l’espacement temporel : on commence avec des leçons tous les jours, puis une révision au bout d’une semaine, d’un mois, d’un an… en fonction de l’objectif visé.
Conséquences pour l’enseignement en classe
L’apprentissage gagne toujours à être réparti en plusieurs fois à des intervalles de temps longs. Mémoriser efficacement à long terme passe nécessairement par des révisions sur un sujet ou thème donné après un intervalle de quelques semaines, voire quelques mois.
Stanislas Dehaene regrette que les manuels soient généralement organisés en chapitres qui font le point sur un sujet spécifique mais que les exercices qui suivent ne portent que sur la leçon en question. Cette organisation n’espace pas suffisamment les révisions car les élèves ne révisent pas tout au long de l’année les sujets vus en cours d’année. Par ailleurs, le travail est “prémâché” car les élèves ne déterminent par eux-mêmes quelles connaissances ou quelle stratégies solliciter pour résoudre un problème en particulier (par exemple, s’ils ont étudié les problèmes avec division, il savent d’office que l’opération à réaliser pour les résoudre sera une division).
Dehaene écrit qu’il vaut mieux mélanger les exercices sur différentes leçons sans se cantonner à ce qui vient d’être étudié de façon à remettre régulièrement en jeu la totalité des connaissances étudiées.
Les bénéfices du surapprentissage (revoir plusieurs fois les mêmes sujets même quand on les connaît déjà)
Tant que la connaissance n’est pas parfaite, le cerveau continue d’apprendre, même faiblement. Stanislas Dehaene décrit les avantages du surapprentissage pour mémoriser efficacement (refaire des exercices sur des sujets déjà maîtrisés, se tester sur des éléments de leçon déjà étudiés) :
- La mémoire est un système tourné vers le futur (et non le passé). La mémoire “envoie” une information dans l’avenir parce qu’elle a reçu le message que cette information sera utile dans l’avenir. En répétant la même information plusieurs fois, à de longs intervalles, nous aidons notre cerveau à se convaincre que cette information est importante et donc utile si bien qu’elle mérite d’être préservée.
- Se tester régulièrement est l’une des meilleures stratégies d’apprentissage parce qu’elle force à prendre conscience des erreurs. Il vaut mieux alterner les périodes d’étude et de test que de passer tout son temps à simplement étudier (en relisant).
- Tant qu’il y a de l’incertitude, il y a de la surprise et des signaux d’erreur qui se propagent dans le cerveau (Dehaene écrit : “L’incertitude agit comme une erreur virtuelle que nous aurions pu commettre et dont nous pouvons donc apprendre).
- La répétition automatise les opérations mentales jusqu’à les rendre inconscientes et automatiques (c’est la consolidation).
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Source : Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines de Stanislas Dehaene (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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