La honte ravage les écoles quand elle est un outil d’enseignement

La honte ravage les écoles quand elle est un outil d’enseignement

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Reconnaître la honte dans les écoles

Dans son livre Le pouvoir de la vulnérabilité, Brene Brown regrette que de trop nombreuses organisations recourent régulièrement à la honte comme outil de “management”, y compris des écoles.

Les reproches, les moqueries, les commérages, le favoritisme, les injures, les punitions et le harcèlement sont le signe que la honte imprègne une culture d’école ou d’établissement scolaire. La honte est devenue un outil d’enseignement dans certaines écoles et on le reconnaît facilement dans le sens où honte et peur vont de pair. Quand il y a peur et anxiété du côté des élèves, il y a de grandes chances pour qu’un ou plusieurs adultes utilisent la honte comme outil d’enseignement.

La honte peut passer par le fait que les enseignants (ou autre personnel comme les ASTEM, AVS, surveillants ou encore personnel de cantine) :

  • critiquent, rabaissent et humilient publiquement les élèves (y compris sur les bulletins scolaires),
  • se lancent dans des réprimandes et des accusations publiques,
  • élaborent des systèmes de récompense qui comparent les élèves et rabaissent les plus faibles.

La honte passe souvent par la violence psychologique et la maltraitance verbale (“Tu es nul”, “Tu as encore raté”, “Ça ne m’étonne pas de toi”, “Mais qu’est-ce que tu peux être maladroit/timide/bête !”, “C’est bien fait pour toi/ tu l’as bien mérité”...), par des punitions et des outils de contrôle sophistiqués (voir mon article sur les tableaux de comportement) ou encore par des reproches et des couperets (“tu n’y arriveras jamais”, “si elle ne voit pas un psychologue, je ne peux plus rien faire pour elle”, “encore dernier de la classe”) sans proposition de stratégie aidante., supprimant tout espoir.

Les méfaits de la honte

La honte engendre la peur. Un certain nombre de gens sont pourtant convaincus que la honte et la peur sont des manières efficaces et légitimes de gérer les gens, de diriger et d’éduquer.

Brene Brown rappelle que la honte est comme une avalanche qui augmente avec la pente. Si des élèves sont victimes de honte, il y a de grandes chances pour qu’ils la transmettent à leurs camarades, à leurs familles et à toutes les autres personnes à leur contact (en particulier les personnes les plus faibles comme des plus jeunes).

Dans une culture organisationnelle où le respect et la dignité des individus sont tenus en haute estime, la honte et l’accusation ne fonctionnent pas en tant qu’outils de management. Ce n’est pas la peur qui dirige. L’empathie est un atout de valeur, la responsabilité est une attente plutôt qu’une exception et le besoin d’appartenance ne sert pas à profiter ou contrôler. – Brene Brown

4 stratégies pour des écoles sans honte

Brown propose quatre stratégies pour bâtir des écoles sans sans jeu de pouvoir ni honte comme outils d’enseignement :

1.Développer une culture d’école sans honte (à tous les niveaux, à la fois dans les relations adultes/enfants et dans les relations adultes/ adultes, y compris hiérarchiques) -> lire : L’impasse de la punition à l’école : pourquoi punir est-il inefficace et nocif ? comment faire autrement ?

6 outils à partager avec les enfants pour résoudre les conflits en classe sans violence ni punition :

 

2.Fournir des efforts consciencieux afin de découvrir comment la honte a pu s’infiltrer dans l’organisation et comment elle a pris le dessus dans la manière dont les adultes s’adressent aux élèves.

 

3.S’appuyer sur la théorie de l’état d’esprit de développement pour encourager les élèves à prendre conscience de la manière dont les apprentissages se produisent. Cela peut passer par des questions comme celles proposées par ces cartes :

cartes persévérance

 

4.Former les enseignants à encourager, à favoriser la métacognition et à donner du feedback d’une manière qui favorise la croissance et l’engagement. Un feedback efficace pourrait  prendre la forme de l’identification de trois points forts et d’un potentiel de développement (ce qui peut être amélioré) : l’astuce consiste alors à se servir de l’évaluation des points forts pour suggérer une manière de développer le potentiel.

Lire aussi : Amener les élèves à pratiquer la métacognition et à gagner en confiance en eux

 

La vulnérabilité, antidote à la honte comme outil de domination

Les enseignants et autres professionnels de l’éducation ont beaucoup à gagner à passer du contrôle par la honte à l’affichage de la vulnérabilité et de l’authenticité. La vulnérabilité (expression des émotions, prise de risque en changeant les manières d’enseigner et de communiquer, culture de la confiance envers les élèves, reconnaissance des échecs de l’enseignant, réparation des erreurs, excuses en cas d’offense…) peut donner une impression d’impuissance mais elle constitue en fait un vrai geste de pouvoir personnel non abusif.

Les écoles imprégnées de vulnérabilité se reconnaissent à la fréquences de propos similaires à ceux-ci (de la part des adultes ET des enfants ou adolescents) :

  • Je ne sais pas.
  • J’ai besoin d’aide.
  • J’aimerais faire un essai.
  • C’est important pour moi.
  • Je ne suis pas d’accord. On peut en parler ?
  • Cela n’a pas fonctionné mais j’ai beaucoup appris.
  • Oui, je l’ai fait.
  • Voici ce dont j’ai besoin.
  • Voici ce que je ressens.
  • J’aimerais un peu de feedback.
  • Puis-je avoir votre point de vue là-dessus ?
  • Comment pourrais-je faire mieux la prochaine fois ?
  • Pouvez-vous m’apprendre à faire cela ?
  • J’ai joué un rôle là-dedans.
  • J’en accepte la responsabilité.
  • Je suis là pour vous soutenir.
  • J’aimerais me rendre utile.
  • Je suis désolé.
  • Merci.

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Source : Le pouvoir de la vulnérabilité de Brene Brown (éditions Guy Tredaniel). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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