Comment bien réviser ?
Comment bien réviser ?
Les collégiens, lycéens et étudiants reçoivent peu d’information sur les bonnes pratiques pour bien réviser et mémoriser à long terme. Certains points paraissent évidents (en classe – être attentif, faire les exercices demandés, prendre des notes, poser des questions – et à la maison – ne pas attendre le dernier moment, réviser au calme, éteindre les écrans pendant les révisions…).
Cependant, il arrive que, même en prenant ces précautions pour bien réviser, les résultats soient décevants en rapport avec le travail personnel et les efforts fournis. Cela est lié au fait que de nombreux élèves et étudiants se contentent de relire leurs leçons pour les comprendre et les mémoriser.
Les recherches en neurosciences proposent des piliers solides pour bien réviser :
Espacer les séances
Nous apprenons mieux quand nous espaçons les sessions de révisions dans le temps plutôt que quand nous les regroupons. Mieux vaut donc espacer les séances de révision et revenir régulièrement sur un même sujet pour le réactiver. C’est justement cet espacement qui entraîne des efforts (la mémoire “force” pour remobiliser les informations) et c’est précisément ces efforts qui assurent la mémorisation à long terme.
Par exemple, 1/4 d’heure par jour pendant 8 jours vaut mieux que deux heures en un jour.
Par ailleurs, la courbe de l’oubli montre qu’il faut convaincre le cerveau de ne pas effacer les informations importantes. Pour l’en convaincre, c’est à nous de jouer. Si on revoit le soir les notions travaillées en classe le jour même, le cerveau nous récompense en conservant l’information en mémoire pendant une semaine car il a compris qu’elle est importante. Si on réviser ces mêmes notions une semaine après, le cerveau se dit alors qu’elle sont vraiment importantes et les conserve pendant 1 mois. Enfin, si on les revoit une quatrième fois au bout d’un mois, les notions sont conservées en mémoire 6 mois.
Se poser des questions à soi-même par des autos tests sans relecture au préalable ni cahier sous les yeux
Se tester comporte plusieurs avantages quand on cherche à bien réviser :
- se forcer à se souvenir d’informations sans cahier ni livre sous les yeux est réellement difficile et pousse à l’effort : c’est comme ça que se créent les apprentissages.
- se tester soi-même permet d’identifier les manques, les erreurs, les hésitations et donc les parties à travailler avec plus d’efforts
Se poser des questions à soi-même est biaisé quand l’information est encore dans la mémoire à court terme (c’est-à-dire le jour même du cours ou tout de suite après avoir relu la leçon). Tout l’intérêt repose bel et bien sur l’effort fait pour retrouver l’information dans la mémoire à long terme, sans support sous les yeux ni réactivation préalable.
Faire des résumés pour bien réviser
Ces résumés peuvent prendre plusieurs formes :
- flash cards (voir 4 conseils pour faire ses propres flash cards efficaces),
- fiches de révision efficaces (lire cet article Faire des fiches de révisions efficaces avec la méthode de la narration d’histoire (story telling) ),
- textes à trou,
- liste de mots dont il faut retrouver la définition,
- points importants du texte traduits dans une série de questions,
- idées principales reformulées (avec des mots personnels, des schémas, des dessins, des métaphores, des images, des comparaisons avec des situations familières…),
- autres exemples que ceux de la leçon,
- retravailler la leçon sous une autre forme (carte mentale, Sketchnote, schéma, chanson, lapbook…)
Apprendre en enseignant à d’autres
Enseigner aux autres consiste simplement à expliquer aux autres (des camarades de classe, des amis, de la famille…) ce qu’on a compris et retenu. Nicolas Boileau, écrivain français, disait déjà au XVII° “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.”
Expliquer aux autres oblige à intégrer des informations, les résumer, les mettre en lien, les définir clairement et est un bon indicateur du niveau de maîtrise des concepts en question.
Créer des liens avec d’autres informations déjà en mémoire
Ces liens peuvent être de plusieurs natures :
- faire des métaphores avec des concepts éloignés (par exemple, le plasma est comme un fleuve, et les différentes cellules sanguines sont des bateaux qui flottent dans le courant),
- regrouper les informations avec des logiques d’associations personnelles (ex : faire des liens entre des connaissances même d’une matière à l’autre, créer des indices récupérateurs comme des acronymes ou des dates intimes),
- faire des liens chronologiques,
- utiliser de nombreux exemples concrets pertinents,
- associer à une information déjà présente dans le cerveau en la comparons à l’ancienne, à la recherche de similitudes et de différences.
Cela suppose d’avoir un stock de connaissances suffisant pour pouvoir raccrocher les nouvelles informations à des éléments présents et compris dans la mémoire (d’où l’importance d’une bonne culture générale, d’un niveau de vocabulaire élevé et d’une bonne compréhension des chapitres précédents pour construire les nouveaux apprentissages sur une base solide).
Utiliser des moyens mnémotechniques personnels, humoristiques, exagérés
Inventer des histoires à partir des éléments d’une leçon à mémoriser aide à se souvenir à long terme. Plus l’histoire est détaillée, personnelle, amusante, bizarre et exagérée , plus la mémorisation est efficace.
Des éléments de la leçon peuvent devenir des personnages et l’histoire peut être accompagnée de dessins ou bien d’un film mental.
Lire aussi : 8 techniques pour créer ses propres moyens mnémotechniques
Encoder les informations de diverses manières
La qualité de l’étape d’encodage (les toutes premières secondes d’apprentissage) est déterminante pour la réussite de l’apprentissage. Comment bien réviser ? En utilisant tous les sens pour retravailler l’information (juste relire n’est jamais suffisant !).
La qualité de l’encodage peut être assimilée au nombre de “poignées” qu’on peut utiliser pour accéder à une information. Plus les poignées qu’on crée au moment de l’apprentissage sont nombreuses, plus il sera facile d’accéder à cette information ultérieurement. Les poignées qu’on peut ajouter tournent autour du contenu, du moment et de l’environnement.
Par exemple, mixer autant de poignées que possible :
- consulter des images,
- lire du texte,
- illustrer les informations avec des exemples personnels,
- lier les informations avec des éléments déjà présents dans la mémoire,
- faire des jeux de mots ou des images rigolotes,
- dessiner des schémas,
- associer l’information à des éléments du lieu d’apprentissage,
- se raconter des anecdotes ou des histoires,
- écrire des mots clés,
- se faire des films mentaux, susciter des émotions positives (humour, surprise, communion avec les autres…),
- expliquer à un auditoire (réel ou imaginaire)…
Spatialiser l’information
L’efficacité du procédé mnémotechnique connu sous le nom de “palais de mémoire” s’appuie sur la mémoire visuelle et les associations.
Cette technique s’appuie sur plusieurs principes de base :
- donner du sens aux informations en les transformant en images,
- associer de nouvelles informations à des informations que vous maîtrisez déjà et qui sont déjà inscrites dans votre mémoire à long terme,
- réactiver les informations en parcourant ses palais plusieurs fois.
Du moment que vous respectez ces principes (qui exploitent le fonctionnement de la mémoire), vous obtiendrez de bons résultats. Pour ne pas mélanger les infos, il faut que vous repériez ce que chacune a de spécifique et que vous mettiez en évidence les différences (voire que vous les exagériez). Mais tout ce processus demande du travail, de l’imagination et de la réactivation pour être efficace.
Lire : 6 étapes pour créer un palais de mémoire (mémoriser efficacement à long terme)
Faire des pauses
Les études en neurosciences ont montré que nous avons un temps limité de concentration. Au bout de 10 minutes sur un même sujet et dans une même situation, le niveau d’attention diminue. Dans les écoles en Finlande, les élèves ont même droit à des récréations de 15 minutes toutes les 45 minutes !
Ainsi, pour bien réviser, la technique de révision Pomodoro utilise la propension du cerveau à faire des associations pendant les pauses. Le cerveau a tendance à faire des associations et des liens entre des idées sans que nous y pensions. La technique Pomodoro permet de planifier des séquences de travail pour tirer parti des temps de pause lors des révisions. Des séances de 25 minutes sont systématiquement suivies de 5 minutes de pause. Ces pauses sont encore plus efficaces quand elles sont faites en mouvement. Des études ont montré que nous devrions bouger 1 à 2 minutes minimum TOUTES les heures d’éveil… et même danser !
Pour aller plus loin : Pomodoro : une technique de révision surprenante et efficace