Une boîte à outils pour la concentration des élèves en classe
Une boîte à outils pour la concentration des élèves en classe
Le cerveau humain a une capacité limitée d’attention. Cela signifie que les ressources attentionnelles humaines ne sont pas illimitées. Quand le cerveau d’un élève est trop rempli, il n’y a plus de place : c’est précisément cela être déconcentré. Pour aider les élèves à se (re)concentrer, je vous propose une boîte à outils de la concentration.
La métaphore de l’éponge
Faire attention ou se concentrer n’est pas explicite, et encore moins pour les élèves en élémentaire et en collège. En tant qu’enseignants, nous avons beaucoup à gagner à prendre le temps d’expliquer aux élèves comment fonctionne l’attention. Nous pouvons passer par une comparaison entre l’éponge et les ressources attentionnelles. L’éponge a la capacité d’absorber une grande quantité d’eau, mais quand sa capacité d’absorption est atteinte, l’éponge ne peut plus rien absorber; il n’est plus possible d’ajouter de l’eau. Il faut alors essorer l’éponge pour être à nouveau disponible pour les apprentissages. Essorer l’éponge mentale signifie qu’il faut stopper temporairement l’activité en cours pour redevenir disponible. En effet, la condition pour pouvoir utiliser à nouveau l’éponge est de la vider complètement. C’est seulement après l’avoir essoré que nous pourrons de nouveau absorber du liquide.
Une boîte à outils pour la concentration des élèves en classe
Je vous propose 10 idées à intégrer dans une boîte à outils pour la concentration des élèves en classe.
1.Le thermomètre de ma concentration
Je vous propose un outil pour évaluer le niveau de concentration en classe. Il s’agit du thermomètre de ma concentration. Il se compose d’un thermomètre illustré avec des paliers, chaque palier numéroté étant associé à un état mental et corporel. Une mention “STOP” figure sur ce thermomètre et indique quand prendre des mesures pour remobiliser l’attention.
Les enfants et adolescents peuvent utiliser ce thermomètre pour évaluer leur niveau de concentration à un moment donné et savoir s’ils ont besoin de mettre en oeuvre des actions pour remobiliser leur attention. L’enseignant ou une AESH pour avoir recours à ce type d’outil pour apprendre à un élève à reconnaitre les signes de la déconcentration. Quand un adulte remarque que l’élève commence à tourner la tête, à s’agiter, à se retourner, à agiter les jambes, alors le premier peut demander au deuxième : “Tu dirais que ta concentration en est où ? A combien tu l’évalues ?”
PDF : thermometre concentration classe
2.Une méthodologie pour savoir ce qu’est l’attention
Jean-Philippe Lachaux, chercheur en neurosciences cognitives, propose 6 lettres pour se rappeler comment faire attention : RAPPEL. L’idée est d’avoir une stratégie pour identifier les indices qui manifestent une distraction. En effet, dire à un élève “fais attention” ou “reconcentre-toi !” ne lui indique pas à quoi faire attention. Le fait d’avoir des outils pour surveiller son attention ouvre la possibilité de ramener tranquillement l’attention avec soi, là où elle doit être.
- R : regard
- A : attention
- P : posture
- P : pensées
- E : étirement
- L : laisser-faire
Ces lettres rappellent aux élèves ce qu’ils doivent surveiller pour remarquer quand ils commencent à être distraits.
3.DROP
Planifier les réactions face aux obstacles permet de mieux résister aux tentations. Les distractions doivent être identifiées, anticipées puis des stratégies de résistance seront élaborées pour permettre une concentration longue. Cela peut passer par des stratégies du type “SI… ALORS je…”. ll sera nécessaire de planifier mais aussi de répéter les stratégies à activer face aux obstacles pour que ces réactions deviennent automatiques. L’entraînement et le temps long sont les seuls moyens de changer les habitudes. A cet effet, Yves-Alexandre Thalmann, professeur de psychologie, propose un outil qui s’articule autour de quatre étapes dont l’ordre est important. Elles sont résumées dans l’acronyme DROP :
- Désir
- Résultat
- Obstacle
- Plan
4.Des exercices de respiration dans la boîte à outils de la concentration
Proposer des petits exercices de respiration et de relaxation aux élèves permet de se (re)concentrer et de réduire les tensions. L’apprentissage de ce type d’exercices réduit la dispersion attentionnelle, l’agitation en classe ou redonne de l’énergie en cas de besoin (6 ans et +).
Je vous propose 8 exercices simples de respiration sous forme de cartes qui peuvent facilement être intégrés en classe (par exemple le matin à l’accueil, au retour de la récréation ou avant une évaluation ou encore en cas d’agitation de la classe).
PDF : cartes exercices concentration
5.Être actif dans sa tête
Se faire des images mentales permet de créer un signal en rapport avec ce qui est à faire à travers des images, des sons, des paroles, des mouvements dans la tête. Se faire des images mentales, c’est mettre dans sa tête. Les traces mentales (= évocations) doivent être produites avec un projet de sens : à quoi ça sert ? à quoi ça ressemble ? pourquoi c’est important ? quand cela servira ?
Une fois que l’attention est mobilisée, il est utile de se “faire un film” pour planifier les actions à réaliser. Cette mise en projet permet à la fois d’anticiper ce qui est à faire et de focaliser l’attention.
6.Savoir réguler ses émotions
Les émotions fortes peuvent dégrader le niveau de concentration d’un élève. En ce sens, les outils de régulation émotionnelle peuvent être utiles pour aider les élèves à remobiliser leur attention en classe.
7.Des exercices de mouvements oculaires
Une stratégie pour rester concentré pendant de longues plages de révision est tout simplement de lever la tête, regarder ailleurs comme pour fixer l’horizon et de cligner des yeux. Des exercices de mouvements oculaires peuvent être également être proposés aux enfants dès la maternelle. Ils peuvent être utiles pour les enfants qui clignent des yeux et ont du mal à se concentrer. Apprendre aux enfants des petits exercices facilement reproductibles en autonomie leur donne des outils qu’ils pourront mobiliser quand ils se sentent déconcentrés.
Les exercices requièrent seulement un miroir. Devant ce miroir, on demandera aux enfants :
- d’ouvrir grands les yeux comme un hibou étonné,
- de les fermer très fort comme un chat qui dort,
- de bouger les yeux vers la droite puis vers la gauche, ensuite en haut et en bas comme un chat intrigué qui suit le vol d’une mouche (le tout sans bouger la tête, seuls les yeux sous les paupières bougent),
- de faire tourner les deux yeux lentement, dans un sens puis dans l’autre, en suivant la forme d’un huit allongé comme s’ils étaient des mouches déboussolées,
- d’ouvrir les yeux, de les écarquiller et de faire un large sourire comme un ours qui serait repu de miel,
- de froncer les sourcils parce que l’ours a fini toute sa réserve de miel.
Les premières fois, on surveillera le bon déroulement du parcours pour que les enfants mémorisent bien toutes les étapes. On pourra leur rappeler le nom des animaux dans l’ordre (hibou, chat, mouche, ours).
8. Le tableau des pensées positives
Penser à s’auto féliciter participe à renforcer la concentration parce que le cerveau aime quand on lui signale qu’il réussit bien. Au fur et à mesure des réussites, le cerveau va vouloir retrouver cette sensation agréable favorisant donc l’état de concentration qui en a permis l’émergence. Il est possible de mettre en place un petit système d’auto récompense personnel pour renforcer l’effet émotion positive.
Par ailleurs, les pensées négatives alimentent le stress et peuvent parasiter la concentration. Quand un élève commence à se décourager, il peut contre-dire ses pensées critiques en les recadrant.
9. Dessiner ou colorier
Quand un jeune dessine, toute son attention est focalisée sur l’acte de dessiner. Pendant ce temps-là, il ne pense pas à autre chose : il est en pleine conscience. Au delà du fait que l’acte graphique soit agréable à travers l’expérience du flow, ce type de tâche en pleine conscience entraîne l’esprit à se fixer.
Colorier des mandalas, gribouiller ou dessiner un zentangle participent à remobiliser la concentration.
10. Une pause en mouvement dans la boîte à outils pour la concentration
Les pauses sont des éléments à part entière de la concentration. Les ressources attentionnelles de chacun sont limitées et il faut faire avec ses limites en classe et lors de formation. Cela peut passer par des pauses régulières pour régénérer les ressources attentionnelles des élèves. Il est possible d’entrecouper des séances de travail par des mouvements. L’immobilité imposée est source de tensions mentales et physiques.
Les pauses actives font partie intégrante du processus mental de concentration. Voici des exemples de petits mouvements qui peuvent être intégrés facilement en classe, dans tous les niveaux :
- S’amuser à bâiller et faire des concours de celui ou celle qui bâillera le plus fort en ouvrant au maximum la bouche
- Faire des grimaces : tirer la langue et faire des mouvements avec.
- Se masser les joues : avec les mains et les doigts (ou même une petite balle, voire un doudou), remonter jusqu’aux oreilles qu’on pourra aussi étendre en tirant vers le haut doucement.
- S’étirer
- Faire des pompes contre le mur
- Proposer des postures de yoga sur chaise (Yoga sur chaise pour les enfants : des mouvements simples pour se recentrer)
En tant qu’enseignant, on peut concevoir un espace de retour au calme dans lequel les élèves peuvent se retirer afin de profiter d’une bulle de calme (cet endroit peut ressembler à une tente en toile ou un coin de pièce caché par des tentures dans lequel des outils de gestion émotionnelle sont proposés : doudous tout doux, peluches lestées, papier et crayons de couleur, coussins, couverture, livres, timer, bouteille de retour au calme à renverser, fidgets à triturer, paille dans laquelle souffler…)