Neuroscience et mémorisation : 4 stratégies de consolidation en mémoire pour la classe

Neuroscience et mémorisation : 4 stratégies de consolidation en mémoire pour la classe

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Dans son livre Les neurosciences cognitives dans la classe : guide pour expérimenter et adapter ses pratiques pédagogiques (éditions ESF), Jean-Luc Berthier (et collectif) rappelle que l’acquisition en mémoire à long terme de savoirs précis est une condition essentielle pour comprendre, élaborer des structures mentales, tisser des liens entre les situations et les modèle de référence, et pour acquérir une culture de base. C’est la raison pour laquelle les neuroscientifiques soulignent l’importance de la réactivation des connaissances à intervalle régulier : une connaissance vue et apprise une seule fois est vouée à s’estomper.

Jean-Luc Berthier propose des stratégies de consolidation en mémoire utilisables en classe et basées sur plusieurs principes validés par les neurosciences :

  • reprendre à intervalles réguliers les connaissances
  • produire des écarts de plus en plus importants entre les intervalles
  • pratiquer une mémorisation active plutôt qu’une simple relecture
  • viser un temps aussi court que possible entre la question et la réponse

1.Sélectionner les savoirs essentiels et les flécher

Ce que Jean-Luc Berthier désigne par “savoirs” peut être de nature diverse : des mots, des définitions, des concepts, des formules ou des théorèmes, des propriétés ou encore des points de méthode.

La sélection des informations à maîtriser absolument et leur fléchage relève de la responsabilité de l’enseignant. Il s’agit de signaler très clairement aux élèves, par un moyen ou un autre, les éléments à savoir par cœur, ceux à maîtriser (en reformulant avec ses propres mots) et les éléments plus accessoires mais utiles à connaître. A la fin de chaque chapitre ou leçon, l’enseignant peut donc fournir aux élèves un document listant les essentiels et hiérarchiser les notions. Il est possible de différencier selon les niveaux des élèves ou leurs besoins.

2.Transformer le contenu de la leçon en questions

Juste relire pour apprendre et réviser est inefficace. La mémorisation active est plus efficace que la relecture simple et peut passer par le fait de se poser des questions courtes sans avoir la leçon sous les yeux et d’y apporter des réponses brèves.

Dans un premier temps, l’enseignant peut proposer les questions et laisser les élèves trouver les réponses. Cela peut se faire sous forme de fiche sur laquelle est inscrite d’un côté la question et de l’autre côté la réponse.

Dans un deuxième temps, l’élaboration des questions peut être enseignée lors de séances particulières. Apprendre à élaborer des questions porte sur deux points :

  • discriminer les informations essentielles à mémoriser,
  • formuler des questions pertinentes.

Il est possible de prévoir deux niveaux de questions : un minimum pour tous (les “essentiels”) et un complément pour certains (les “recommandés”).

3.Varier et adapter les supports de mémorisation

Selon les possibilités techniques et le temps disponibles, plusieurs modalités de mémorisation active peuvent être envisagées :

  • les fiches de mémorisation : les fiches (ou encarts) de mémorisation font apparaître les questions d’un côté et les réponses de l’autre (ou en colonne, l’une à côté de l’autre). L’élève cache la réponse pendant qu’il se pose la question.
  • des logiciels de mémorisation pour un parcours individualisé : ce type de logiciel est basé sur le principe des flash cards et seules sont posées les questions en cours d’oubli selon un algorithme -> (lire : 5 outils numériques pour augmenter l’efficacité des révisions (mémorisation, compréhension et tests) )
  • un cahier de réactivation de la classe commun à toutes les matières : à chaque fin de cours, les enseignants de toutes les matières écrivent quelques questions clés sur les leçons récentes de leur discipline. Le cahier circule de cours en cours et, au début de chaque cours, l’enseignant pose des questions portant sur d’autres disciplines selon un jeu de dates prévu à l’avance entre professeurs.
  • des logiciels de tests : ces logiciels de test permettent de travailler en autonomie et peuvent être téléchargés sur smartphone ou tablette (ex : Socrative, Plickers, Kahoot, Quizlet)

4.Planifier un calendrier de reprises pour des révisions à intervalle régulier

Jean-Luc Berthier rappelle qu’il n’y a pas de règle précise pour déterminer l’espacement des reprises des éléments essentiels à connaître dans le temps.

La règle empirique est la suivante : plus les écarts sont grands, plus l’information peut être rappelée dans un avenir lointain. Après chaque reprise, on peut laisser un écart de plus en plus long, c’est la notion de rythme expansé. Par exemple, un écart double du précédent, d’abord 1 semaine, puis 2, 4, 8, 16. – Jean-Luc Berthier

Le respect des dates entre chaque écart n’est pas le plus important : l’essentiel est de reprendre une information plusieurs fois, entremêlée entre d’autres chapitres ou leçons en cours. Ce travail de “réapprentissage” est souvent négligé, tant en classe qu’à la maison, alors qu’il est presque impossible d’acquérir des notions à long terme en ne les apprenant qu’une ou deux fois.

Ces reprises nécessitent toutefois de la méthode :

  • des outils adaptés mis à disposition des élèves (fiches de mémorisation, flash cards ou logiciels)
  • l’enseignant orchestre le dispositif
  • l’enseignant flèche les essentiels à maîtriser et reprendre

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Source : Les neurosciences cognitives dans la classe de Jean-Luc Berthier et collectif (éditions ESF Sciences Humaines). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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