Motiver sans utiliser de punition ni récompense
Motiver sans utiliser de punition ni récompense
Il peut être tentant d’utiliser les récompenses, les menaces ou même la peur pour motiver les enfants et adolescents. Pourtant, de nombreuses études ont montré l’inefficacité mais aussi la nocivité des approches basées sur le système bâton/ carotte (punitions et récompenses étant les deux faces d’une même pièce). Comment motiver sans punition ni récompense ?
Les êtres humains sont naturellement curieux et aiment apprendre. Comment se fait-il que la plupart des systèmes éducatifs se dotent de moyens plus ou moins sophistiqués pour motiver les élèves à apprendre ? La raison pour laquelle les punitions et les récompenses sont encore tant utilisées est qu’elles sont efficaces à court terme et sur la motivation extrinsèque. Pourtant, nous devrions chercher plutôt des approches efficaces à long terme et sur la motivation intrinsèque.
Edward Deci et Richard Ryan, deux psychologues américains spécialistes de la motivation et de la prise de décision, estiment qu’il existe trois piliers à la motivation intrinsèque :
- l’autonomie
- la compétence
- l’appartenance
1.L’autonomie
Le besoin d’autonomie est comblé quand l’élève a l’impression d’avoir du pouvoir personnel sur ce qu’il apprend et comment il l’apprend. Il est donc important de laisser les élèves faire des choix dans l’organisation de leur temps, dans la gestion des travaux qu’ils ont à faire. C’est par exemple possible avec les plans de travail en élémentaire. Les exercices auto correctifs favorisent également le travail en autonomie. Mieux vaut des choix fermés que pas de choix du tout.
Certaines écoles vont encore plus loin et misent sur les apprentissages autonomes et informels. C’est le cas des écoles démocratiques, inspirées par le modèle Sudbury.
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2.La compétence
Le besoin de compétence est comblé quand l’élève a l’impression de pouvoir et savoir comment aborder des tâches, surmonter des défis, trouver des ressources.
Il est donc nécessaire d’apprendre aux élèves comment transformer des tâches qui paraissent insurmontables, qui les submergent en petite tâches plus abordables. Par exemple, il est possible de décomposer la préparation d’un exposé en 3 étapes (cerner le sujet, faire des recherches et rédiger) et de dire : “C’est seulement trois choses à faire !”.
Encourager les élèves de manière à ce qu’ils développent un état d’esprit de développement est également important. Un état d’esprit est la manière dont les personnes voient la réalité. Un état d’esprit de développement consiste à voir l’intelligence comme non figée, à considérer l’entraînement comme la manière de “fabriquer” de l’intelligence, à envisager les erreurs comme des opportunités d’apprentissage et à essayer plusieurs stratégies pour atteindre un but.
Il est donc utile d’encourager les élèves en identifiant les efforts et les stratégies qu’ils ont déployées, en leur posant des questions sur ce qu’ils peuvent déployer pour se corriger, en rappelant qu’apprendre, c’est comprendre ses erreurs.
3.L’appartenance (susciter l’appartenance au groupe pour motiver sans punition ni récompense)
Le besoin d’appartenance est comblé quand l’élève a l’impression d’appartenir à une communauté dans laquelle il se sent intégré, utile, apprécié, soutenu et compris. Il est utile de créer une atmosphère pleine de sens pour les élèves, que ce soit au niveau de la classe ou de l’établissement. Cela peut passer par des activités d’éducation émotionnelle qui mettent en avant la coopération et l’empathie, par des mesures de prévention de la violence et du harcèlement, par des activités autour du corps (comme les massages ou les étirements).
L’enseignant a également un rôle à jouer dans sa posture : une posture empathique va enclencher un cercle vertueux d’empathie et de respect, contribuant à baisser le niveau de violence et de rejet entre les enfants ou adolescents.