Intégration neurosensorielle et troubles de l’apprentissage : une approche respectueuse des enfants en difficulté
L’intégration neurosensorielle (INS) : pour une approche respectueuse des enfants en difficulté
L’intégration neurosensorielle (INS) est la capacité à sentir, comprendre, organiser et moduler les informations provenant de notre corps et de son environnement afin d’y répondre de manière adaptée.
Une bonne intégration sensorielle permet de :
- interpréter les messages correctement
- filtrer les informations qui ne sont pas nécessaires ou moins importantes (exemples : les gens qui parlent dans la pièce à côté, un fil de chaussette qui dépasse)
- décoder plusieurs stimuli simultanément
- comparer les informations
- faire le tri entre les données urgentes, importantes et moins importantes
- organiser les informations pour que le tout prenne sens dans le contexte
- interpréter les informations en synchronie avec le moment présent
Une bonne intégration sensorielle permet donc de répondre aux situations et d’interagir avec les autres de manière adéquate et sans souffrance.
Quand l’intégration neurosensorielle (INS) dysfonctionne
Identifier les troubles de l’intégration neurosensorielle
Il y a un trouble de l’intégration sensorielle quand le système nerveux de l’enfant est incapable de trier, réguler, comparer et/ou utiliser les informations provenant de ses sens pour fonctionner de façon fluide dans sa vie quotidienne. – Isabelle Babington
Les réponses des personnes souffrant de troubles de l’intégration neurosensorielle ne sont pas adaptées à la situation. Cela peut recouvrir une large palettes de réactions, parfois visibles à l’oeil nu (maladresse, colère, inattention, impulsivité, troubles du sommeil) et parfois plus subtiles (comportements d’évitement, retrait, anxiété, fatigabilité importante).
Un trouble de l’intégration neurosensorielle peut être suspecté quand un enfant ne réagit pas tout à fait comme les autres, de manière répétée; qu’il s’ajuste mal aux situations. On peut parler d’hypersensibilité sensorielle pour les sur réactions (hyper réaction aux stimuli comme des hauts le coeur face à des odeurs perçues comme neutres par d’autres personnes) ou d’hyposensibilité sensorielle pour les sous réactions (manque de réaction face à un son, une odeur, une douleur; recherche de sensations pour que l’information puisse être traitée par le cerveau comme le fait de se balancer continuellement ou se taper contre des objets).
Les troubles de l’intégration neurosensorielle peuvent recouvrir deux dimensions, parfois observables chez une même personne selon les situations et contextes :
- tendance à l’isolement, à l’évitement (de certaines situations, de certaines personnes, de certaines matière/ textiles…)
- tendance à la prise de risques (distances mal estimées, règles non comprises/ non entendues, force mal maîtrisée, agitation, non prise en compte des conséquences des actes…)
Les enfants susceptibles d’être touchés par des troubles de l’intégration neurosensorielle
Les troubles de l’intégration neurosensorielles affectent :
- des enfants dont les difficultés n’ont pas fait l’objet d’un diagnostic particulier
- la plupart des enfants dans le spectre autistique
- la plupart des enfants porteurs de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité
- un fort pourcentage des enfants “dys”
- certains enfants précoces (haut potentiel intellectuel)
- des enfants qui ont été privés, pour une raison ou une autre, de stimuli sensoriels dans les premiers jours, semaines, mois de vie (par exemple, les enfants prématurés et/ou placés en couveuse, les orphelins placés dans des institutions fermées, les enfants atteints de lésions neurologiques).
Les différents troubles d’intégration neurosensorielle
Les troubles de l’intégration neurosensoriels peuvent être classifiés en trois grandes catégories afin de permettre établissement d’un profil sensoriel de l’enfant (en sachant que beaucoup de troubles peuvent s’associer ou se recouper chez les enfants).
Les troubles de la discrimination
Une discrimination insuffisante affecte la façon dont un enfant identifie les stimuli les uns par-rapport aux autres et la compréhension de ses sensations corporelles.
Comme les informations sont mal identifiées, la réponse à ces informations perçues n’est pas bien adaptée.
Quelques exemples :
- ne pas sentir correctement quelle partie du corps a été touchée lors d’une chute
- ne pas ressentir le déséquilibre
- ne pas bien identifier la vitesse de déplacement
- ne pas sentir si l’appui sur le crayon est trop fort ou trop faible pour écrire
- ne pas bien identifier les sons, les couleurs, les détails visuels
Les troubles de la modulation
Les troubles sensoriels de la modulation affectent l’intensité de la réponse. Le système régulateur qui module les sensations grâce à un système de messages inhibiteurs ou facilitateurs fonctionne mal chez les enfants porteurs de troubles de l’intégration neuro sensorielle.
Soit ils reçoivent trop d’informations et sont submergés, se sentent attaqués.
Soit ils n’en reçoivent pas assez et n’enregistrent pas (ou pas suffisamment) les données sur l’environnement extérieur.
Les troubles moteurs à base sensorielle
Ces troubles moteurs sont de deux sortes :
- les désordres posturaux
Les troubles moteurs posturaux impliquent l’équilibre, les schèmes de mouvement et la coordination des deux parties du corps. Ils peuvent affecter les réactions de l’enfant quand il perd l’équilibre, la façon dont il se tient, sa latéralité, l’efficacité de sa coordination corporelle.
- les troubles praxiques
Les troubles moteurs praxiques affectent la motricité (comment l’enfant utilise les différentes parties de son corps et de son cerveau pour concevoir une action, morceler et planifier les étapes de cette action, coordonner et placer son corps par-rapport aux éléments de l’environnement, organiser des tâches de façon logique dans le temps et l’espace).
Troubles de l’intégration neurosensorielle et conséquences sur les apprentissages scolaires
Des conséquences sur les gestes d’apprentissage
Les troubles de l’intégration neurosensorielle peuvent affecter le geste d’écriture, rendre difficile la tenue du crayon/ des ciseaux/ des outils de géométrie, engendrer une grande fatigabilité…
Des conséquences sur la concentration
Rester assis peut demander de véritables efforts, voire être impossible, pour les enfants atteints de troubles de l’intégration neuro sensorielle.
L’enfant peut avoir du mal à être indépendant dans ses tâches. Il peut s’agiter en classe.
Des conséquences sur la vie et le travail en groupe
Un enfant avec troubles de l’intégration neurosensorielle peut foncer physiquement sur les autres sans paraître capable de se contrôler, peut épuiser les adultes avec des demandes et sollicitations exagérées.
D’autres enfants vont sembler inhibés devant les personnes non familières, avoir du mal à intégrer un groupe à cause des sur stimuli sensoriels qui les dérangent (trop de bruit, des odeurs trop fortes, trop de mouvement…)/
Des conséquences sur la confiance en soi
Ne pas être capable de gérer les stimuli pour s’adapter aux situations les plus quotidiennes devient source de frustration, de mauvaise image de soi et entame sérieusement la confiance en ses propres capacités.
Accompagner les enfants souffrant de troubles d’intégration neurosensorielle
L’approche en intégration neurosensorielle
L’approche en intégration neurosensorielle a pour objectif l’amélioration de la participation de l’enfant aux activités de sa vie quotidienne et aux tâches d’apprentissage de façon satisfaisante, adaptée et porteuse de sens pour lui. – Isabelle Babington
Les praticiens en approche en intégration neurosensorielle (des ergothérapeutes formés en intégration neurosensorielle) respectent l’individualité de l’enfant, leurs soucis, leurs besoins, leur rythme et leur sensibilité. Le bilan et le traitement prennent en compte les différents systèmes de l’enfant :
- sensoriel
- moteur
- régulateur
- perceptuel
- cognitif
- émotionnel
- social
Il est possible de parler au pédiatre ou au médecin traitant des difficultés rencontrées par l’enfant (et sa famille) au quotidien et/ou à l’école pour demander une prescription de bilan d’ergothérapie. Il est également possible de prendre rendez-vous dans un service de neuropédiatrie à l’hôpital.
Agir avec des professionnels
Faire réaliser des tests d’intolérance alimentaire et/ou rencontrer un nutritionniste
Faire un test d’audition
Faire un test de vue (et explorer la vision si besoin avec un orthoptiste)
Une posture positive et bienveillante de la part des adultes (enseignants, parents, professionnels)
- Faire preuve de compréhension et d’empathie envers les difficultés et souffrances de l’enfant
- Anticiper les crises en évitant les lieux avec ses sur stimuli sensoriels, les vêtements et textures qui dérangent l’enfant…
- Adapter le milieu en prévoyant un lieu calme ou une porte de sortie lors de sortie en public, en prévenant l’entourage de ce qui aggrave le comportement de l’enfant…
- Accompagner les apprentissages avec des outils facilitateurs (rituels et routines prévisibles, pictogrammes et supports visuels, calendrier et timer pour matérialiser le temps qui passe, explications et consignes brèves…)
- Pratiquer la politique des petits pas (fixer des objectifs réalistes, remarquer les petites victoires aussi petites soient-elles, s’attendre à des progrès en dents de scie)
- Créer un climat de confiance et de valorisation (valider les émotions, encourager les essais, féliciter…)
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Source : L’enfant extra-ordinaire : Comprendre et accompagner les troubles des apprentissages et du comportement chez l’enfant de Isabelle Babington (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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