Comment apprivoiser l’hyperactivité en classe ?

Un enfant porteur d’un TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) manifeste une hypersensibilité sensorielle et émotionnelle face aux stimulations et aux changements. Cette sensibilité élevée se manifeste par une excitation, une impulsivité, une suractivité motrice, parfois des comportements oppositionnels. Il existe deux types de stimulations à prendre en compte en classe pour limiter ces manifestations :

• les stimulations sensorielles :
  • l’audition : par exemple, la musique trop forte.
  • le toucher : celui des autres, être entouré de personnes, la texture de certains vêtements, dont ceux au tissu rugueux, les coutures, les collants pour les filles.
  • le goût : par exemple, la nourriture (certaines textures ou goûts prononcés)
• les stimulations émotionnelles : face à des situations vécues comme des injustices ou des frustrations, l’enfant avec un TDA/H exprime ses émotions intensément et peut passer de la colère à l’enthousiasme en peu de temps. 

L’intensité et la fréquence des comportements problématiques en classe d’un enfant hyperactif et impulsif sont liés à plusieurs facteurs qui interagissent. Il existe des stratégies pour limiter ces comportements sans passer par des punitions ou l’exclusion de la classe.

Un élève TDA/H a une faible capacité de contrôle interne. Les adultes peuvent donc aménager un environnement et proposer des modèles comportementaux pour que le contrôle vienne de l’extérieur. Dans son livre Apprivoiser l’hyperactivité et le déficit de l’attention, Colette Sauvé utilise le terme “encadrement” pour désigner tout ce que l’adulte peut faire et organiser pour que les choses soient claires, pour que l’enfant sache à quoi s’attendre.

Lire aussi : TDAH : 3 recommandations pour inhiber les réponses impulsives

Aménager un milieu stable, calme et structuré

En classe, il est possible de réfléchir à la manière de diminuer les dérangements, d’anticiper les changements et les transitions, et de réduire le stress. Cela peut passer par :

• une routine la plus stable possible avec des activités et des tâches prévisibles, ainsi que des moments et des lieux prédéterminés (c’est souvent le cas dans les classes avec les emplois du temps visuels et il est vraiment utile de l’utiliser à chaque transition avec les élèves TDA/H)
• une diminution de la présence des éléments qui déclenchent de l’excitation, comme les allers-et-venues, la cacophonie ou les cris. 
• un bureau minimaliste (trousse et cahier rangés dans le cartable, seul le matériel nécessaire est sur le bureau, pot à crayon collé au bureau pour qu’il ne tombe pas).

Une fois le milieu adapté, un autre principe efficace consiste à éviter les événements susceptibles de déclencher des crises et à soustraire l’enfant aux situations potentiellement porteuses de surstimulation. Cela peut passer par le fait de prévoir un espace de répit (derrière un paravent dans la classe ou permettre à l’enfant de passer du temps aux toilettes pour se calmer par exemple) dans lequel l’enfant peut s’isoler des stimulations.

Prévenir pour aller au-devant des problèmes

Il est utile d’aborder le comportement d’un élève TDAH dans une vision d’ensemble. Cela passe par le fait de l’habituer à élaborer des scénarios du type “si… alors”. La prévoyance et la planification sont essentiels pour que l’élève arrive à se maîtriser et à prêter attention aux consignes.

• Prévoir les attitudes qu’on souhaite que l’élève adopte. Il est important de demander à l’enfant de reformuler avec ses propres mots, d’expliquer à quel moment il devra agir ainsi, quels signaux sont à prendre en compte pour anticiper les moments explosifs.
• Atténuer les transitions en rappelant le temps restant avant un changement d’activité (exemple : Timer visuel et avec sonnerie, rappel visuel sur l’horloge de la classe et la position des aiguilles, rappel oral à M-5 et M-2 par exemple).
• Anticiper les réactions face à une situation imprévisible (changement dans la routine pour une sortie ponctuelle, modification de l’horaire, des projets, d’un trajet). Le déroulement des événements permet d’indiquer à l’avance le comportement attendu et les stratégies comportementales.
• Entraîner l’élève à respirer et à ralentir son débit verbal pour savoir ralentir la cadence de ses pensées.

Une suggestion : il peut être utile de noter dans un calepin les conclusions de la discussion sur ce qui est permis, ce qui est défendu et les alternatives -> Oui (ce qu’il pourra faire) / Non (ce qui lui sera interdit)/ Solution de rechange. 

Elaborer des règles simples, réalistes et cohérentes

Les règles et le règlement servent à assurer la santé et la sécurité de chacun, à délimiter les droits et les devoirs de tous et à transmettre des principes (respect de soi et des autres, partage, courtoisie, honnêteté, vaillance, indulgence et autres). Pour que l’élève TDAH puisse les respecter, les règles de conduite doivent être simples et claires en balisant exactement ce qu’on attend de lui et les conséquences. L’élève doit pouvoir reformuler les règles ou les transmettre à quelqu’un d’autre dans le contexte.

Colette Sauvé conseille de déterminer une quantité limitée de règlements et d’accorder la priorité à la gestion des comportements les plus dérangeants. Les limites doivent être stables et cohérentes. Dans l’idéal, elles ne devraient pas être influencées par les variations de l’humeur, du stress ou de la fatigue de l’adulte. 

Pour aller plus loin : Comment aider un enfant à gérer son impulsivité en classe ?

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Source : Apprivoiser l’hyperactivité et le déficit de l’attention de Colette Sauvé (éditions CHU Justine). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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