Fin de trimestre et bulletins : ne pas confondre les élèves avec leurs notes et ne pas les priver de cadeaux pour mauvais bulletin

Se détacher des notes et du bulletin de fin de trimestre pour préserver le lien entre enfants et parents

fin-de-trimestre-pas confondre élèves avec leurs notes

Les enfants et adolescents ne sont ni leurs notes ni leurs bulletins scolaires.

Dans leur livre Recettes presque imparables pour dialoguer avec son ado (quand il lève la tête de son écran), Angélique Motte et Claire Raimbaud rappellent que les enfants et adolescents sont bien plus que leurs notes et bulletins. Elles regrettent que nous soyons parfois, en tant que parents, tentés de résumer les six ou sept heures de cours des enfants à quelques notes. En temps de fin de trimestre, les tensions autour des notes sont d’autant exacerbées et il peut sembler efficace pour motiver les enfants et ados à travailler de les punir (comme les priver de cadeaux à Noël, de console ou de sorties).

“Tu as eu des notes aujourd’hui ?”, “Tu as eu combien ?”… Ces questions qui nous brûlent les lèvres tous les soirs sont à proscrire ! C’est réduire des heures de cours et d’attention à quelques chiffres; c’est vider de son sens tout le travail que notre enfant a accompli pendant la journée. C’est réduire son enfant à son état d’élève. C’est l’asphyxier sous ses propres angoisses. – Angélique Motte et Claire Raimbaud

Les deux autrices font le rapprochement avec le fonctionnement d’un couple : il est très peu probable que des partenaires de vie se demandent tous les soirs combien ils ont amassé d’argent dans la journée. En général, les membres d’un couple s’intéressent mutuellement à leurs projets, à leurs collègues, à leurs problèmes et envies.

Penser au “curriculum caché” plutôt que tout voir à travers les notes et bulletins scolaires

Ainsi, avec nos enfants, il est possible de se concentrer sur le “curriculum caché” (expression de Philippe Perrenoud). Le curriculum caché concerne les choses apprises dans le cadre de l’école sans que cela soit ouvertement enseigné. Cela concerne des apprentissages comme le fait de vivre avec d’autres dans un espace clos, à doser son effort, à s’entraider, à rêver en cours sans se faire prendre, à se révolter contre l’injustice, à nouer des amitiés…

Lire aussi : Une mauvaise note est juste une information qu’il ne sert à rien de punir

Créer des rapports authentiques et inspirants en famille

10 questions pour se détacher des notes et bulletins scolaires

Angélique Motte et Claire Raimbaud proposent donc de parler d’autre chose que des notes le soir à la sortie de l’école ou du collège ou lors des vacances faisant suite à la fin du trimestre. Elles formulent quelques questions pour créer des rapports authentiques et inspirants en famille :

  1. Qu’est-ce qui t’a surpris aujourd’hui ?
  2. Qu’as-tu appris d’intéressant (en expliquant le concept de curriculum caché pour faire passer l’idée que les apprentissages ne sont pas forcément académiques) ?
  3. Que retiens-tu de ta journée ?
  4. Qu’est-ce qui t’a fait rire aujourd’hui ?
  5. Quel a été ton moment préféré aujourd’hui ?
  6. Qu’est-ce que tu n’as pas osé dire ?
  7. Est-ce que quelque chose t’a mis en colère ? t’a rendu triste ?
  8. As-tu aidé quelqu’un aujourd’hui ?
  9. Quand as-tu fait preuve de créativité ?
  10. De quoi es-tu fier ? De quoi n’es-tu pas fier ?

Nos enfants sont évidemment libres de ne pas répondre à ces questions et doivent être assurés que leurs réponses ne seront pas moquées, dévalorisées ou répétées publiquement sans leur consentement. Il s’agit d’un moment d’échange, pas d’un interrogatoire pour tirer les vers du nez des enfants ou mieux les contrôler.

Notre façon d’être adulte fait-elle sens ?

Nous pouvons aussi raconter notre propre journée pour faire de ce moment un réel temps d’échange. Cela peut être l’occasion de nous demander si notre vie d’adulte fait sens et donne envie à nos enfants de grandir. Créer des relations authentiques, c’est être (et pas seulement assurer le fonctionnement du quotidien ou punir les mauvaises notes). Certains enfants et adolescents vont trouver des ersatz de relation dans les addictions diverses parce que la vraie relation manque à la maison dans l’être ensemble.

Favoriser la qualité d’être passe par la création et la célébration de la joie d’être ensemble, par l’inspiration, par le fait même de vivre une vie alignée.

Nous gagnerions à nous poser des questions existentielles :

  • Notre façon d’être adulte fait-elle sens et donne-t-elle envie à nos jeunes ?
  • Est-ce qu’on vit les valeurs que l’on porte ?
  • Est-ce qu’on vit dans un rythme agréable ?
  • Est-ce que ce qu’on fait a du sens ou pas ?
  • Est-ce qu’on est suffisamment inspiré dans notre façon d’être pour être inspirant ?
  • Vers quoi veut-on aller ? Comment oriente-t-on notre vie vers ça ?
  • Comment transformer ce qu’on n’aime pas ou plus ?

Pour aller plus loin : Vivre, c’est plus que courir après les bonnes notes

………………………………
Source : Recettes presque imparables pour dialoguer avec son ado (quand il lève la tête de son écran) de Angélique Motte et Claire Raimbaud (éditions Flammarion). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.

Commander Recettes presque imparables pour dialoguer avec son ado sur Amazon, sur Cultura ou sur la Fnac