Comment pratiquer l’évaluation positive (à l’école et à la maison) ?
Pourquoi l’évaluation positive ?
Permettre aux enfants d’échouer est une partie intégrante du processus d’apprentissage. La pire chose à dire aux enfants est de leur dire de ne jamais se tromper et leur demander d’avoir toujours la bonne réponse ne leur permet pas d’apprendre. La culture de la réponse unique ne permet pas de former des individus capables de répondre aux défis de demain, ce qui signifie que cocher la bonne réponse à un QCM, ce n’est pas apprendre.
L’évaluation positive se fonde sur plusieurs piliers :
- L’erreur ou l’incertitude sont normales – elles sont même indispensables.
- Les punitions face aux erreurs ne font qu’augmenter la peur, le stress et le sentiment d’impuissance inutilement. Les punitions sont néfastes aux apprentissages.
- La motivation et les encouragements stimulent l’apprentissage. Les meilleurs encouragements résident dans le regard bienveillant des autres et la conscience de progresser, ils ne sont pas synonymes de récompenses.
6 manières de pratiquer l’évaluation positive (à l’école et à la maison)
1. Utiliser des encouragements positifs
Valoriser les mots qui sont écrits correctement (« je vois tel et tel mots/ je lis 14 mots écrits sans faute »).
Valoriser le processus (« Tu as écrit une phrase entière/ un paragraphe entier/ X lignes tout seul ! »).
Valoriser les progrès (« ça y est, tu sais écrire tel mot tout seul »).
Décrire ce que l’on voit
Tu as l’air satisfait(e)/ content(e)/ fier(e) de ton travail.
Tu as écris toutes les lettres de l’alphabet/ tu connais toute ta table de 6/ tu as écrit 4 mots sans erreurs…
Regarde toutes ces additions justes/ je compte 5 lignes sans erreurs…
Tu sais écrire tel mot avec la bonne orthographe/ tu sais compter jusqu’à 70 tout seul…
Remarquer les efforts et le travail de l’enfant
Cela a dû te demander beaucoup de concentration de…
Cela t’a demandé des heures d’efforts de…
C’est la première fois que tu… : quels progrès !
C’est beaucoup de travail de…
Cela a dû être difficile de… Montre moi ce qui a été le plus difficile.
Valoriser ce qui est fait correctement
Cela peut passer en tant qu’enseignants ou parents par le fait d’entourer les réponses correctes, de pointer les bonnes réponses, de compter le nombre de réponses justes…
2. Considérer les enfants comme des « traqueurs d’erreurs »
Faire comprendre à l’enfant qu’il peut se faire confiance
Tu as un doute sur l’orthographe de ce mot ? Ecris toutes les orthographes auxquelles tu penses et choisis celle que tu « sens », qui te « parle » le plus.
On dirait que tu as vraiment travaillé dur pour tout faire correctement. Je viens de remarquer quelque chose. On dirait qu’une erreur s’est glissée dans ton travail. Voyons si tu peux la trouver tout(e) seul(e).
Mon petit œil voit une erreur : une petite erreur comme celle là ne peut pas t’échapper encore longtemps !
Tu as trouvé l’erreur !
Cette lettre ressemble beaucoup à cette autre lettre et tu l’as trouvée quand même. Tu es un vrai traqueur d’erreurs.
Tu t’es corrigé(e) tout(e) seul(e) !
Tu es maintenant capable de…
Si l’enfant ne trouve pas, on peut montrer l’endroit de manière de plus en plus précise (paragraphe, puis ligne, puis mot…) où se cache l’erreur.
Favoriser l’auto correction
Recevoir un retour d’information immédiat sur l’action en cours est constitutif de l’apprentissage. Plus le retour est proche dans le temps de l’erreur, plus l’action corrective sera efficace et intégrée de manière pérenne.
Il est souvent possible de proposer des exercices ou des activités auto correctives aux enfants.
Au delà du simple corrigé étapes par étapes à disposition, voici quelques exemples d’activités auto correctrices astucieuses et inspirantes :
3. Engager l’intelligence des enfants
Ne pas corriger mais laisser l’enfant réfléchir à des alternatives
Je n’arrive pas à te relire. Qu’as-tu voulu écrire ?
Je suis perplexe car je ne trouve pas la même réponse que toi. Comment pouvons-nous faire pour être sûrs de trouver une même réponse correcte ?
Est-ce que tu es d’accord/ tu as besoin que je t’explique comment je m’y suis pris moi ?
On peut ici donner des outils à l’enfant :
- quelles sont les ressources à disposition (leçons de l’école, rédaction précédente, dictionnaire, Bescherelle, Internet, exercices corrigés…) ?
- auprès de quelles personnes ressources trouver des informations utiles (papa, maman, papi, l’enseignant, le grand frère ou la grande sœur, les copains…) ?
- quelle démarche adopter (expérimentale…) ?
Apprendre, c’est comprendre pourquoi on se trompe.
Inciter l’enfant à se poser des questions
Comment tu t’y es pris ?
Par quoi as-tu commencé ?
Qu’est-ce que tu as fait dans ta tête ?
A quelle leçon/ à quel autre exercice cela te fait-il penser ?
Comment aurais-tu pu faire différemment ?
Qu’est-ce que tu as appris de nouveau ?
Faire des suggestions sans juger bien ou mal/ correct ou incorrect
Par analogie – « on écrit le son [eau] dans marteau comme dans bateau ».
En utilisant les familles de mots – « il y a un [t] à la fin de chat car on peut former des mots à partir de chat dans lesquels on entend la lettre muette, comme chaton ou chatte ».
En identifiant les raisons de l’erreur – «tu as mis un “s” à la fin de “ils manges” car tu as identifié le pluriel du sujet “ils”. Tu as pensé que “manges” est un adjectif car on met on S à la fin des adjectifs au pluriel. Pourtant, “mange” n’est pas un adjectif. Quelle est la nature de ce mot ? Quelle est alors la règle qui s’applique ?».
Il n’y a pas d’erreur bête, il n’y a que des erreurs intelligentes
4. Insister sur l’apprentissage réalisé et la prochaine fois
Tu sais comment faire maintenant./ Tu sauras faire la prochaine fois.
La prochaine fois que tu seras dans cette situation, tu sauras à quoi faire attention/ tu sauras quelles questions te poser.
Fais/ écris/ calcule XX… Maintenant, fais/ écris/ calcule XY… Est-ce que tu vois la différence entre les deux ? Regarde là et là. Maintenant, tu connais la différence et tu sais comment faire.
5. Faire comprendre à l’enfant que les adultes aussi font erreurs
L’apprentissage est progressif, cela prend du temps. Quand on est adulte, on a parfois oublié qu’on faisait des erreurs enfants.
L’automatisation ne peut se faire qu’avec de l’entrainement.
Les adultes aussi font des ratures et des erreurs d’orthographe. Ils hésitent, rayent, se trompent, se corrigent avant d’arriver à une version finale.
6. Avoir une vision positive de l’erreur
Tu t’es trompé. C’est fantastique ! Qu’apprends-tu de cette erreur ?
Tu n’y arrives PAS ENCORE.
J’ai confiance en ton intelligence.
Ne dis pas « si j’y arrive » mais « quand j’y arriverai ».
J’ai confiance en toi. Quand tu seras prêt(e), tu…
Je sais que tu trouveras un jour les ressources en toi pour…
On apprend dans l’action, pas dans la tête. On ne peut pas s’améliorer tant qu’on n’a pas fait un premier pas. La 40ème essai sera meilleur que le premier. Tu vas continuer à t’améliorer grâce à l’habitude, l’expérience et au retour des gens qui t’entourent.
Pour aller plus loin : 20 phrases à dire à nos enfants pour surmonter leur peur de l’échec.