Pourquoi les enfants autistes font-ils des crises à l’école ?

Dans leur livre Trouble du spectre de l’autisme, Frédérique Bonnet-Brilhault, Agnès Guiet et Patrice Gillet écrivent que, pour apprendre, les humains de tout âge ont besoin de disponibilité psychique. Cette disponibilité psychique est fragile chez les élèves avec un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA). Du fait du TSA, elle est non seulement difficilement spontanée, mais aussi être perturbée par l’environnement scolaire. En effet, l’école est le lieu par excellence des interactions sociales, de l’implicite, de l’acceptation de l’entrée dans l’inconnu, de l’adaptation au changement (actualiser ses connaissances quand de nouvelles s’acquièrent), de la situation d’évaluation… L’école est génératrice de situations anxiogènes pour un élève autiste, et donc de crises et de comportements qu’on peut qualifier d’inappropriés en classe dans le sens où ils perturbent le fonctionnement du groupe et les situations d’apprentissage.

Frédérique Bonnet-Brilhault, Agnès Guiet et Patrice Gillet rappellent qu’un comportement inapproprié est une façon pour l’enfant d’exprimer quelque chose qui le perturbe, ou un moyen pour éviter ou pour obtenir quelque chose. Ce n’est pas une question d’éducation, mais ces comportements ont des causes diverses à explorer (douleur, bruit, changement, imprévu, difficulté à comprendre l’environnement, difficulté de communication, surcharge sensorielle…) Les moments de transition et de flou peuvent favoriser l’apparition de crises car un élève TSA a besoin de savoir ce qui va se passer. Moins l’enfant a accès au langage, plus il risque d’avoir ce type de comportements.

En classe, des conditions adaptées offrent un cadre apaisé aux élèves avec TSA car elles participent à diminuer les comportements sources de souffrance pour les jeunes autistes et de perturbation du groupe classe. Toutefois, tous les comportements des élèves avec TSA ne sont pas à éteindre : les stéréotypies lui permettent de se décharger émotionnellement et doivent être acceptés comme tels. 

 

Quelles sont les conditions pour diminuer la fréquence et l’intensité des crises des enfants avec TSA en classe ?

Un éventail de stratégies d’intervention possibles

• Repérer l’apparition du comportement afin de pouvoir en identifier la ou les causes.
  • Au moment des transitions d’une activité à l’autre ? d’une salle à l’autre ?
  • Dans les espaces ouverts (salle de motricité, récréation…) ? 
  • Lors d’interactions sociales avec plus de 3 camarades ? 
  • A partir de 11h le matin ? …
• Définir la fonction du comportement : s’agit-il de l’expression seule d’une douleur, d’une anxiété, ou le comportement a-t-il pour fonction d’éviter ou d’obtenir quelque chose ?
• Choisir des stratégies d’interventions en fonction de la fonction repérée du comportement, parmi lesquelles : 
  • aménager l’environnement ;
  • enseigner les comportements appropriés alternatifs (des ressources : 8 outils pour accompagner les élèves qui ont du mal à réguler leurs émotions en classe);
  • apporter de la visibilité avec un emploi du temps visuel;
  • aider à la communication avec des supports visuels (voir l’utilisation des pictogrammes);
  • intégrer des renforçateurs positifs.
• Choisir une réponse adaptée en tenant compte du contexte.
• Rester calme et tenir le cadre qui a été fixé pour cet élève.

L’utilité d’un emploi du temps visuel 

Dans tous les cas, un emploi du temps visuel est utile pour que l’enfant autiste puisse se repérer dans le temps. Il peut être soit présenté déjà construit, ou alors l’AESH lui fera positionner, au début de chaque période concernée, l’étiquette correspondant en la lui nommant (ça, c’est fini; maintenant, on …) Comme cet ordre est toujours le même, l’élève pourra à la longue se repérer et être capable de constituer la chronologie seul.

 

Pour des idées concernant les temps informels (récréation, déplacement entre deux espaces) : Aménager les temps informels scolaires pour les élèves avec TSA (transition et récréation)

L’importance des pauses sensorielles

En parallèle, il est utile de garder en tête que les élèves autistes ont besoin de pauses sensorielles car ils sont soumis en milieu scolaire à de nombreuses stimulations qui vont les fatiguer, voire les perturber. Il est donc fondamental qu’il ait un lieu défini dans lequel il sait qu’il pourra aller quand il en aura besoin. Cet espace de répit à l’abri lui permettra de s’isoler et, si besoin, de laisser cours à ses stéréotypies.

D’autres ressources : 10 idées pour accueillir un enfant autiste en classe 

Eviter les bénéfices secondaires

Quand une stratégie d’intervention est choisie, il est important de veiller à éviter les bénéfices secondaires (sinon, le comportement risque de perdurer). Par exemple : un élève est en récréation et ne peut pas avoir la trottinette. Il jette du sable sur ses camarades et l’AESH lui donne la trottinette pour éviter ce comportement.

• Apparition : en cour de récréation, frustration et difficulté à comprendre l’attente et l’alternance. 
• Fonction : récupérer la trottinette.
• Bénéfice secondaire : Comme le but recherché est atteint, ce comportement risque de perdurer. 
• Stratégies :
  • planning permettant de savoir à quel moment l’enfant peut avoir une trottinette.
  • anticiper l’obtention mais aussi l’arrêt d’utilisation de la trottinette
• Formes de l’intervention : photo de la trottinette, minuteur visuel et mise en place d’une activité alternative qui occupera l’enfant.

……………………………………..

Source :  Trouble du spectre de l’autisme de Gillet, Patrice; Guiet, Agnès; Bonnet-Brilhault, Frédérique (éditions Retz). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

Commander Trouble du spectre de l’autisme sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac