8 outils pour les élèves qui ont du mal à réguler leurs émotions (troubles du comportement, autisme, troubles psychiques, troubles de l’efficience cognitive)

Certains élèves ont du mal à réguler leurs émotions (troubles du comportement, autisme, troubles psychiques, troubles de l’efficience cognitive)

outils pour les élèves qui ont du mal à réguler leurs émotions

La difficulté à réguler les émotions est fréquente chez les élèves avec des troubles cognitifs, du type troubles du comportement, troubles psychiques, troubles du spectre de l’autisme ou encore troubles de l’efficience cognitive. Cette difficulté dans la gestion émotionnelle peut relever de plusieurs facteurs :

  • Difficulté à saisir et décoder les informations non verbales (expressions faciales, postures,) qui expriment les émotions ou les intentions des autres.
  • Interprétation erronée des intentions des autres, souvent ressenties comme hostiles et menaçantes (notamment dans le cas des troubles du comportement). Cette interprétation peut engendrer des réactions agressives que les élèves justifient comme des actes de défense légitimes.
  • Des émotions ressenties avec force et intensité, non contenues, qui entrainent une difficulté à relativiser, à prendre du recul. Certaines sensations corporelles, émotions et pensées peuvent submerger les élèves, provoquant une perte de contrôle comportemental. Cela peut se traduire par des explosions violentes (insolence, injures, tapes, dégradation du matériel…) ou de l’effondrement (crise d’angoisse, pleurs incontrôlables, retrait physique, figement…).

Les réponses émotionnelles sont à la hauteur de l’émotion telle qu’elle est ressentie, donc souvent disproportionnées par rapport à leur cause. Des outils peuvent aider les professionnels (enseignants, AESH, ATSEM…)  à accompagner les émotions fortes des élèves.

Une stratégie pour réguler une émotion est adéquate si elle permet de maîtriser ou diminuer l’impact de l’agression sur le bien-être général, si cette stratégie permet de se sentir durablement bien physiquement et psychologiquement.

8 outils pour accompagner les élèves qui ont du mal à réguler leurs émotions en classe (PE, AESH, ATSEM)

1.Mettre en mots les émotions que nous ressentons en tant qu’adultes

En tant qu’adulte, exprimer nos émotions permet aux enfants d’associer un mot à une communication non verbale, et ainsi élaborer des compétences émotionnelles

Par exemple, nous pouvons dire : “Quand je vois…./ quand j’entends…., je sens la chaleur dans mes joues et mes mâchoires se crispent. Ça veut dire que je suis en colère.” Cette manière de s’adresser aux élèves leur permet d’identifier les signes d’agacement chez quelqu’un et de les percevoir comme un signal pour changer de comportement. En parallèle, les enfants enrichiront leur lexique et pourront s’emparer des mots qu’ils ont entendus dans notre bouche pour parler d’eux-mêmes.

 

2.Proposer des outils de représentation des émotions

Nous pouvons proposer des smileys ou des images pour que l’élève pointe l’émotion ressentie. Cet outil sera présenté à l’enfant comme tel, il sera disposé de manière accessible (par exemple, sur le bureau, dans le casier ou bien affiché dans un endroit dédié de la classe).

Deux cas de figure pour l’utilisation d’un outil de ce type peuvent être envisagés :

  • l’élève s’en empare et l’utilise en autonomie : il montre son émotion quand il se sent mal et le fait de pointer l’émotion ressentie permet aux personnes autour d’adopter une attitude aidante (exemple : autoriser à l’élève de sortir un moment dans le couloir);
  • les adultes encadrants sortent l’outil et demande à l’élève de montrer comment il se sent.

Exemple avec des images :

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3.Utiliser des supports visuels pour placer le niveau d’émotion ressenti

Apprendre aux élèves à quantifier leurs émotions permet d’anticiper les crises émotionnelles, qu’elles terminent en violence ou en effondrement. Plus l’émotion est forte, plus le risque est grand. Cela peut passer par un thermomètre des émotions, une bande de couleur ou une flèche que l’on déplace. Plus simplement, l’enfant peut pointer l’intensité de son émotion sur un émotimètre.

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Être en colère n’est pas pareil que de ressentir de l’inconfort, de l’énervement ni non plus que de ressentir de la rage ou de la fureur. Ainsi, savoir identifier l’intensité de la colère comporte plusieurs avantages :

  • mieux se connaître en utilisant les informations envoyées par les émotions,
  • mieux comprendre les autres,
  • adapter les réactions en fonction de l’intensité de l’émotion de colère (réactions envers soi-même en adoptant des stratégies de régulation émotionnelle et envers les autres en utilisant l’énergie de colère pour satisfaire des besoins et en formulant des demandes à partir du message envoyé par l’émotion).

Pour les élèves en élémentaire (7 ans et +), on peut proposer l’escalier de la colère. 

outil gérer colère eleves classe

4.Identifier les émotions des autres

Il est possible de demander aux enfants comment se sent tel personnage dans un livre ou comment lui se sentirait dans telle situation. Se mettre à la place des autres stimule l’empathie et c’est un bon exercice pour mettre des mots sur les émotions.

Cela peut également se faire à partir de photos d’expressions faciales ou de scénarios de mises en situation. La question clé est : A ton avis, qu’est-ce qu’il ou elle se dit ? Qu’est-ce qu’elle ressent ? Et toi, à sa place, comment tu te sentirais ? De quo aurais-tu besoin pour aller mieux si tu étais dans cette situation ?

Identifier les émotions des autres

Crédit illustration : AESH – Accompagner les élèves en situation de handicap de Bruno Égron (éditions Retz)

 

5.Leur apprendre à repérer les situations fortement émotionnelles

Proposer des outils permet à l’enfant de définir les niveaux d’émotions dans des situations données.

Exemple : Quand on l’oblige à m’asseoir, l’enfant quantifie l’émotion ressentie, de 1 (ça ne me fait rien) à 5 (ça me fait très mal).

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6.Proposer des possibilités de décharge émotionnelle

Il est possible de proposer des lieux de répit où l’enfant va pouvoir évacuer l’émotion par l’action et le mouvement. Cela peut être dans une tente ou derrière un paravent en classe, un moment dans le couloir ou la cour avec l’AESH… L’élève pourra courir, sauter, crier, se défouler, pleurer (à l’abri des regards, loin de ses camarades, besoin d’intimité et de respect) ou encore manipuler des objets anti-stress ou calmants (comme caresser une couverture douce, souffler sur une plume pour la faire voleter ou faire un câlin à un doudou).

 

7.Proposer des scénarios de gestion des situations de forte émotion.

Exemple : Quand je suis en colère, je peux :

– le dire sans crier à l’AESH ;

– aller boire de l’eau fraîche;

– sortir et aller courir dans la cour ;

– malaxer la pâte à modeler, etc.

Je vous propose une affiche pour développer les compétences émotionnelles des enfants et leur permettre de se laisser traverser par la colère sans qu’elle ne se transforme en violence. Les stratégies de régulation émotionnelle proposées permettent à l’enfant en colère de mettre des mots sur son émotion, et de comprendre à quel moment la colère risque de basculer en violence (grâce au thermomètre).

affiche reguler emotions en classe

Cette affiche peut être présentée aux enfants (6 ans et +) lors d’un moment calme comme outil pour réguler la colère.L’idée n’est pas que les enfants fassent toute la liste des stratégies proposées mais qu’ils disposent d’une boîte à outils suffisamment grande pour pouvoir venir y piocher ce dont ils ont besoin. Elle pourra ensuite être affichée pour que les enfants (et les adultes) y aient accès en cas de besoin. Ils pourront d’ailler la compléter ou en créer une nouvelle au fil du temps avec de nouvelles stratégies de régulation émotionnelle qu’ils pourront expérimenter lors de colères qu’ils traversent.

Télécharger la fiche colère au format PDF : Quand-je-suis-en-colère-je-peux

 

8.Rester à distance

  • Distance physique pour certains enfants qui ont besoin d’être seuls pour se calmer, ou proposer une présence silencieuse selon ce que l’enfant préfère.
  • Ecouter, reformuler ce que l’enfant dit (“oh, je vois !, “ah, tu veux dire…”, “hum, c’est vrai que c’est difficile quand…”) et refléter ce que l’élève ressent sans le rejoindre dans son chaos : c’est important de lui offrir le calme que nous attendons de lui.

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Source : Le livre AESH – Accompagner les élèves en situation de handicap de Bruno Égron (éditions Retz). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.

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