La construction de la confiance à l’école (confiance en soi des élèves, confiance dans les autres, confiance en l’enseignant)

La construction de la confiance à l’école (confiance en soi des élèves, confiance dans les autres, confiance en l’enseignant)

La construction de la confiance à l'école

crédit illustration freepik.com

Dans son livre L’éducation positive dans la salle de classe, Soline Bourdeverre-Veyssiere, professeur en collège, propose une boîte à outils pour construire la confiance à l’école. Elle utilise le mot “confiance” dans une signification globale : confiance en soi de l’élève, confiance en soi de l’enseignant, confiance que l’enseignant place en ses élèves, confiance des élèves en leur enseignant, confiance que l’institution montre à son personnel et aux élèves, confiance de la famille dans les enseignants et confiance des enseignants en la famille.

Soline Bourdeverre-Veyssiere liste 9 attitudes que les enseignants peuvent adopter pour favoriser la confiance à l’école.

  • Assurer un climat de sécurité physique et émotionnelle

C’est quand le cadre est sécurisé, avec des points d’ancrage stables et connus par tous pour reconnaître et gérer les conflits (comme les conseils en pédagogie Freinet) , que l’imprévu peut être intégré sans mettre en péril l’ensemble et que les élèves peuvent apprendre en étant encouragés à prendre des risques et s’engager dans des recherches et des apprentissages.

Soline Bourdeverre-Veyssiere rappelle en parallèle l’importance de respecter les élèves, de ne pas les humilier ou les rabaisser. Les enfants et les adolescents sont des individus à part entière qui ont des droits humains et qui méritent autant que les adultes que leur intégrité soit respectée.

Dans son livre Cessons de démotiver les élèves, Daniel Favre abonde en ce sens. Il qu’il n’est pas normal d’être stressé pour apprendre. Il propose de prendre en compte 5 conditions pour un accompagnement pédagogique “sécurisant et motivant” des enfants et adolescents :

  1. valider l’enfant dans ce qu’il est et ce qu’il ressent
  2. séparer les périodes d’apprentissage (où l’erreur est à entendre comme une information) et les périodes d’évaluation
  3. enlever tout caractère moral à l’erreur (l’erreur n’est pas une faute morale ou le signe d’un défaut d’intelligence)
  4. en tant qu’adulte et enseignant, adopter un langage et des comportements traduisant une pensée ouverte
  5. solliciter l’élève pour lui permettre de construire la responsabilité de ses apprentissages

Ces cinq conditions visent à permettre aux élèves de tout âge de se sentir en sécurité, accompagnés et soutenus dans leurs apprentissages.

  • Voir les élèves dans leur potentiel (remarquer et valoriser les forces et soutenir les faiblesse en encourageant les efforts et les progressions)

Capitaliser sur les forces et les richesses des élèves (même si ces forces ne servent pas directement les apprentissages académiques) leur permet de se sentir compétents.

Les enfants sont bien plus que des élèves et vivre, c’est plus que courir après les bonnes notes. Il est important que les enfants se sentent utiles, acceptés, appréciés pour ce qu’ils sont, tels qu’ils sont (en dehors de toute performance scolaire ou sportive). L’appartenance sociale va de pair avec le sentiment de bien-être et de sécurité car la recherche de réconfort est une stratégie efficace et d’ordre neurobiologique face à la peur et au stress.

Par ailleurs, un enfant sociable, qui a des amis et prend soin des autres, possèdent des compétences relationnelles qui ne sont pas notées. Pourtant, l’intelligence interpersonnelle est une forme d’intelligence qu’il convient de valoriser au même titre que les autres formes d’intelligence.

  • Combler les besoins d’utilité et d’appartenance des élèves

Tous les êtres humains aiment être vus, appréciés et sentir qu’ils peuvent contribuer. Faire sentir aux élèves qu’ils sont bienvenus, qu’ils sont appréciés, qu’on apprécie leur contribution et qu’on croit en eux peut faire beaucoup de différence.

Solliciter leur intelligence pour résoudre des conflits peut leur transmettre le message qu’on a foi dans leur intelligence et dans leur bonne volonté. Par exemple, le temps d’échange est un outil de discipline positive pour trouver des solutions aux problèmes en classe.

  • Considérer les erreurs comme une étape dans l’apprentissage pour construire la confiance à l’école

Dans le système éducatif français, se tromper est rarement vu de manière positive. L’élève qui se trompe, qui est dans l’erreur, est un “mauvais” élève. Le “bon” élève est au contraire celui qui ne se trompe pas. Pourtant, se tromper n’est pas une fin en soi, c’est un chemin différent, c’est la marque qu’une chose n’a pas été encore comprise ou automatisée.

Les études en neurosciences ont montré que le cerveau humain passe son temps à chercher à prédire des régularités du monde qui l’entoure et à comparer ces prédictions avec les observations issues de l’environnement.

La prédiction est une activité essentielle et irrépressible du cerveau humain dès le plus jeune âge et notre cerveau apprend de ses erreurs de prédiction, qu’il les détecte par lui-même ou par un retour d’information de l’environnement : c’est ainsi que les connaissances sont “mises à jour”.

L’apprentissage repose donc sur des écarts aux attentes. Un cerveau qui ne commet aucune erreur de prédiction n’apprend pas. Ainsi, l’erreur a toute sa place dans les processus d’apprentissage.

A l’école, l’erreur des élèves peut être considérée comme la manifestation d’un état de connaissance qu’il est utile de faire évoluer. C’est là le travail des enseignants.

S’intéresser aux erreurs des élèves permet de comprendre les prédictions de l’élève, et de connaitre ses hypothèses.

Dès lors que l’erreur est vue non pas comme un échec mais comme une information précieuse sur les processus mentaux en jeu chez l’élève : elle devient même une alliée pour les apprentissages.

Dans cette perspective, l’erreur est généralement plus informative que la réponse exacte dans la mesure où il y a souvent une multiplicité d’erreurs possibles mais une seule réponse juste.

  • Accepter que certains élèves ont besoin de plus de temps

Chaque enfant a sa propre temporalité et le fait qu’une compétence ne soit pas acquise au moment attendu parce qu’elle est inscrite au programme de cette classe d’âge ne signifie pas qu’elle ne sera jamais acquise.

Pour construire la confiance à l’école, il est nécessaire de trouver le temps juste et adapté à chacun dans un contexte scolaire traditionnel. On peut raconter une petite histoire aux élèves qui ont précisément besoin de plus de temps.

Je sais que tu vas y arriver. Ça va peut-être prendre plus de temps que pour les autres mais tu peux réussir. C’est comme quand on veut faire le trajet Paris/ Marseille : ça va plus vite de prendre l’autoroute mais on peut très bien y arriver aussi en prenant la nationale. Tout est une question de temps et de stratégie. On va prendre le temps qu’il faudra et trouver des stratégies efficaces.  

  • Porter attention sur les stratégies et la démarche (plutôt que sur les seules notes)

L’encouragement efficace se focalise sur la progression et les forces. Il existe plusieurs types d’encouragement pour renforcer la confiance à l’école :

  • l’encouragement descriptif : “je remarque que tu as…”, “j’ai observé que tu…”
  • l’encouragement appréciatif : “merci de ton aide pour…”, “j’ai apprécié quand tu as…”, “c’était agréable que tu aies…”, “je te suis reconnaissante pour ton aide”
  • l’encouragement de mise en capacité : “j’ai confiance en toi pour…”, “je crois en toi”, “cela peut être difficile et tu as des ressources en toi pour y arriver”

Voici quelques exemples pour différencier encouragements et compliments :

encouragement compliment

  • Fixer des objectifs atteignables

L’utilisation de la méthode des petits pas ou méthode “Kaizen” permet de fixer des objectifs atteignables dans un délai confortable et de segmenter l’enseignement.

Cette approche permet non seulement de motiver et donner confiance avec des objectifs atteignables mais aussi de réfléchir à des stratégies pour les atteindre.

L'art des petits pas

  • Expliquer la plasticité cérébrale aux élèves pour donner confiance en l’école

Les élèves ont besoin de croire qu’ils pourront croître, apprendre, développer leurs compétences et avoir des opportunités de contribuer grâce à leurs talents. Cela fait partie du travail des enseignants que de soutenir l’espoir des élèves. Leur expliquer la neuroplasticité permet justement de créer de l’espoir. La neuroplasticité signifie qu’à chaque instant de notre vie, le cerveau change et se reconfigure.

Chaque fois que nous apprenons quelque chose, nous transformons notre cerveau et plus cette chose sera utilisée, testée, accrochée à d’autres connaissances, plus elle sera mémorisée à long terme.

L’intelligence se développe, se travaille et a des formes multiples. Rien n’est figé et il n’est jamais trop tard.

  • Cultiver la motivation et éviter l’amotivation 

Un sentiment de non-sens profond, assimilable à un manque d’intérêt global, à une résignation et à une impression d’absurdité généralisée, est facteur d’échec scolaire. Comme les élèves amotivés (c’est-à-dire sans motivation ni interne ni externe) ne sont pas forcément ceux qui ont le moins de compétences, si l’amotivation est endiguée, la voie est ouverte au progrès scolaire.

Ce n’est donc pas tant la motivation qu’il faut renforcer chez les élèves, mais le fait de créer chez eux le sentiment enraciné qu’ils ont du pouvoir sur la situation, qu’ils peuvent développer leurs compétences, qu’ils sont capables de trouver des solutions à leurs problèmes, qu’ils peuvent avoir confiance en leur intelligence, qu’ils peuvent compter sur des adultes qui ont foi en eux et qui les encourageront.

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Source : L’éducation positive dans la salle de classe de Soline Bourdeverre-Veyssiere (éditions De Bock Supérieur). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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