Le cerveau est fait pour oublier : répéter est la seule baguette magique pour une mémorisation efficace à long terme

Le cerveau est fait pour oublier : répéter est la seule baguette magique pour une mémorisation efficace à long terme

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Dans son livre Accompagner les ados vers la réussite scolaire : la méthode des 6 passages, Stéphanie Péters rappelle que le cerveau humain est fait pour oublier. En effet, le cerveau effectue un tri dans les informations qu’il reçoit et il ne conserve que les éléments qu’il estime importants (car il a reçu le message que cet élément est important, soit car il est attaché à une émotion forte, soit parce que cet élément est utilisé souvent, soit parce qu’il est associé à de nombreux autres éléments clé…).

Il est donc nécessaire de trouver des stratégies d’encodage efficaces quand on fait “entrer” l’information dans la mémoire mais aussi de penser à répéter plusieurs fois cette information. Stéphanie Péters conseille six rappels, espacés dans le temps.

C’est grâce à ces rappels que les connexions synaptiques se renforcent et se multiplient, rendant ainsi le signal entre les neurones plus fiables et plus important, et l’apprentissage plus solide. – Stéphanie Péters

Stéphanie Péters propose d’utiliser une métaphore pour faire comprendre aux élèves cette nécessité de revenir plusieurs fois par touches sur les leçons à apprendre : celle de la bouteille d’eau et de l’éponge. L’éponge représente le cerveau et l’eau dans la bouteille les informations à mémoriser. Si on verse d’un seul coup toute l’eau sur l’éponge, il y aura des fuites car l’éponge ne peut pas tout absorber d’un coup. En revanche, si on verse l’eau en plusieurs fois, l’éponge absorbera tout le liquide à chaque versée sans fuite. De même, si on ne verse pas d’eau sur l’éponge pendant un certain temps, elle se desséchera (comme si les informations supposées être mémorisées s’évaporaient du cerveau). Il apparaît donc nécessaire de revenir à plusieurs reprises et de manière espacée dans le temps sur une même information pour la fixer durablement dans la mémoire.

Le respect des dates entre chaque écart n’est pas le plus important : l’essentiel est de reprendre une information plusieurs fois, entremêlée entre d’autres chapitres ou leçons en cours. Ce travail de “réapprentissage” est souvent négligé, tant en classe qu’à la maison, alors qu’il est presque impossible d’acquérir des notions à long terme en ne les apprenant qu’une ou deux fois.

Il est conseillé de planifier des séances de travail plus nombreuses et plus courtes pour des apprentissages de connaissances (définitions à connaître par coeur, dates à savoir replacer chronologiquement, poésie à réciter…) et de privilégier de séances de travail plus longues mais moins nombreuses pour les savoir-faire (refaire des exercices, procédures à maîtriser…).

Se tester avec les boîtes à cartes mémoire

Pour les connaissances, il est possible d’utiliser la méthode de travail mise au point par Sebastian Leitner à l’aide de cartes mémoire : la boîte de Leitner. Cette méthode de travail repose sur le fait d’espacer les moments d’étude et de travailler par sessions, en laissant du temps s’écouler entre les sessions pour renforcer l’apprentissage et la mémoire.

La boîte de Leitner consiste en une série de quatre boîtes à étudier dans lesquelles se trouvent des fiches (par exemple des flash cards, des encarts de mémorisation ou des fiches de révision).

  • Dans la première boîte se trouvent les éléments à étudier (ceux qu’il faut revoir régulièrement parce qu’ils ne sont pas maîtrisés et qu’on fait encore des erreurs dessus).
  • Dans la deuxième boîte se trouvent les éléments mieux maîtrisés (sur lesquels on est assez bon). Cette boîte est travaillée moins souvent que la première.
  • Dans la troisième boîte, les fiches sont travaillées moins souvent que dans la deuxième parce que les contenus sont mieux maîtrisés.
  • Dans la quatrième boîte, les fiches sont travaillées encore moins souvent que dans la troisième boîte parce que les contenus sont maîtrisés.

Dès qu’on se trompe à une question, on avance la fiche d’une boîte pour faire en sorte que cette fiche soit travaillée plus souvent.

L’idée sous-jacente est que plus la maîtrise d’un contenu est élevée, moins on a besoin de pratiquer mais que ce contenu ne doit jamais disparaître complètement des boîtes d’entraînement.

Le temps à laisser s’écouler dépend des contenus, des échéances et des besoins personnels : suffisamment de temps pour que le travail ne devienne pas une répétition dénuée de sens mais assez pour qu’un peu d’oubli ait pu se produire. Oublier un peu entre deux sessions conduit à faire plus d’effort dans la session suivante. C’est justement ce temps qui permet la consolidation de la mémoire.

2 conditions pour des réactivations efficaces

1.Laisser passer au minimum une nuit entre le travail d’encodage (mémorisation des leçons et entraînement) et la réactivation

Cet espacement des séances de révision assure que la réponse formulée est issue de la mémoire à long terme et non pas de la mémoire à court terme. Le laps de temps entre les deux séances (apprentissage et réactivation) engendre un phénomène d’oubli et c’est précisément l’effort pour récupérer l’information en mémoire qui consolide l’apprentissage.

De plus, le sommeil a un rôle essentiel dans la consolidation des apprentissages. Les études en neurosciences montrent que le sommeil permet de consolider des apprentissages réalisés durant un état de veille. Elles ne montrent pas en revanche que l’on puisse apprendre durant le sommeil. Bien que le sommeil participe pleinement au cycle des acquisitions de connaissances dans sa phase de consolidation, dormir n’est pas un raccourci pour remplacer ou court-circuiter les apprentissages en mode éveillé.

2.Ne pas relire le cours ou ses fiches avant de répondre aux questions ou de réciter

Mémoriser, ce n’est pas relire, c’est se tester. Ne rien relire assure que le chemin d’accès à la réponse est bien tracé et n’a pas été réactivé par des “indices récupérateurs”.

L’impression de savoir ses cours par coeur peut être apportée par des indices contextuels dits “récupérateurs” (que les élèves n’auraient pas identifiés comme tels) ou par une apparente facilité (par exemple liée au fait que l’information a été lue/ entendue/ révisée récemment).

Certains écoliers, et même collégiens et lycéens, peuvent avoir du mal à évaluer s’ils savent vraiment leur leçon : ils peuvent croire qu’ils la savent et se laissent piéger par l’impression de savoir. Cela s’explique par le faut que certains élèves pensent connaître leur leçon par cœur mais s’appuient en réalité sur des indices récupérateurs dans leur cahier (couleurs, saut de ligne, mot écrit en majuscule…). Le problème est que, s’ils n’ont plus ces indices sous les yeux, ils ne sont plus capables de restituer les éléments à savoir.

La manière la plus efficace de réviser est donc de se poser des questions sans réponse sous les yeux ou de refaire un schéma sans l’avoir relu avant.

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Source : Accompagner les ados vers la réussite scolaire : la méthode des 6 passages de Stéphanie Péters (éditions Erasme). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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