L’anxiété de performance : la comprendre pour la dépasser (chez les enfants et les adolescents)
L’anxiété de performance chez les enfants et les adolescents
Dans son livre Non, votre ado n’est pas feignant !, Nathalie Anton soulève les risques liés à l’anxiété de performance. Le poids de la réussite, qu’il vienne de la famille ou du personnel enseignant, peut conduire au développement d’une anxiété de performance. Cette anxiété se manifeste par plusieurs facteurs qui génèrent de la souffrance :
- maux de tête
- maux de ventre
- trous de mémoire
- crises d’angoisse à l’occasion des contrôles
- tendance au perfectionnisme (l’élève passe tout son temps ou presque sur son travail scolaire, vérifie et revérifie ses réponses au risque de l’immobilisme, pense qu’il n’en sait jamais assez ou devrait mieux faire…)
- un certain défaitisme (“je n’y arriverai jamais”, “je suis nul.le”, ,”ce n’est même pas la peine d’essayer”…)
- effort fourni ou temps passé sur un travail démesuré
- insatisfaction perpétuelle
Jeanne Siaud-Facchin, dans son livre Qu’est-ce qui l’empêche de réussir ?, écrit quant à elle que l’enfant ou l’adolescent avec une anxiété de performance est facile à décrire : il met tout en oeuvre pour réussir. Il est perfectionniste et très exigeant avec lui-même. Inquiet face aux évaluations et à toutes situations où il se sent jugé, son état de tension peut être tel qu’il peut en résulter une rigidité qui entrave l’expression des capacités et le déploiement du potentiel (mémoire bloquée, concentration perturbée, attention minimisée…).
L’anxiété de performance est donc une construction de l’esprit : réussite et image de soi sont confondues.
Ce pessimisme et cette faible estime de soi entretiennent un cercle vicieux : faible estime de soi -> crainte que l’amour ou l’attention soient conditionnés par les résultats et les réalisations -> pression sur les résultats -> impression de ne jamais assez bien faire -> baisse de l’estime de soi.
Même quand un enfant est poussé par le désir de savoir, n’oublions jamais qu’il doit affronter la contrainte, la déception, la compétition, le changement, l’échec, le jugement… qui font aussi partie intégrante de l’apprentissage. Les ressources pour y arriver se trouvent incontestablement dans le monde interne. On les appelle parfois confiance, ténacité, estime de soi, résistance à la frustration, capacité à supporter le manque ou la solitude… – Serge Boimare
Dépasser l’anxiété de performance
L’objectif est de réajuster les attentes à la réalité (ne plus se sentir exister qu’à travers les réussites).
Nathalie Anton propose plusieurs pistes pour soutenir les enfants et adolescents en proie à l’anxiété de performance :
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Apporter de l’amour inconditionnel
La parentalité inconditionnelle repose sur notre capacité à accepter et aimer nos enfants tels qu’ils sont et pour ce qu’ils sont, sans mettre de conditions.
Alfie Kohn, auteur américain, propose 13 principes directeurs pour pratiquer la parentalité inconditionnelle (plutôt que des techniques, des mots à dire ou des outils). Pour lui, c’est ensuite à chaque parent de décider quelles sont les idées raisonnables et applicables pour lui parmi ces grands principes, puis de la façon d’incarner ces principes au quotidien.
Au-delà des stratégies et des outils, ce sont les actions, les mots, les expressions non verbales ou encore le ton de la voix qui font apparaître si on prend les enfants au sérieux.
Ces 13 principes directeurs participent tous aux mêmes objectifs :
- exprimer aux enfants un amour inconditionnel (en toutes circonstances)
- leur donner plus d’occasions de prendre des décisions
- imaginer les choses de leur point de vue.
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Témoigner de la confiance dans ses capacités
Il existe plusieurs manières efficaces et positives de révéler le potentiel de chaque enfant
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- Des paroles encourageantes et valorisantes (“je crois en toi”, “tu as toutes les ressources en toi pour réussir”, “j’ai confiance en tes capacités”…)
- Des questions ouvertes et stimulantes (Que ressens-tu en ce moment ? Comment te sens-tu là maintenant ? Comment apprends-tu le mieux ? Qu’as-tu appris de cette erreur ? Comment te sens-tu quand tu regardes ton travail ? Si c’était à refaire, qu’est-ce que tu garderais ? qu’est-ce que tu modifierais ?…)
- Le pouvoir des signaux silencieux (un sourire franc, un clin d’oeil complice, une main tendue et ouverte, un pas vers l’autre pour se rapprocher physiquement, s’asseoir et prendre le temps de se parler…)
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Apporter un regard sur les erreurs et les échecs
L’effort et la difficulté sont synonymes de connexions entre les neurones, de connexions plus fortes. C’est précisément ce qui rend plus intelligent. Se tromper et travailler dur deviennent donc positifs : on ne naît pas intelligent, il n’y a pas les bons et les mauvais d’un côté. Tout le monde peut apprendre et s’améliorer avec des efforts et du travail. Les « pas encore » et les « bientôt » battent en brèche les fatalismes !
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Encourager un état d’esprit de développement
Quand on pense que nos capacités peuvent être développées, on s’implique en profondeur, on traite les erreurs, on apprend d’elles et on les corrige.
Encourager un état d’esprit de développement, c’est encourager avec sagesse, sans récompenser l’intelligence ou le talent : louer le processus, les efforts, les stratégies, la concentration, la persévérance, la fierté et les progrès (plutôt que les résultats et les notes).
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Revoir les méthodes de travail inefficaces et chronophages
Des ressources :
Pourquoi juste relire pour apprendre et réviser est inefficace (et que faire à la place)
10 méthodes pour étudier efficacement
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Recadrer les pensées
Il s’agit de remettre les choses à plat, inviter l’enfant ou l’adolescent à revisiter ses résultats, ses performances; à les penser autrement pour lui faire prendre conscience de la distorsions de ses pensées :
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- Est-ce que mes résultats sont de bons résultats ? aux yeux de qui ? par-rapport à quoi ?
- Qu’est-ce que ça aurait changé d’avoir 14 au lieu de 16 ? pour qui ? pour quoi ?
- Si j’avais eu 18, qu’est-ce que j’aurais pensé ? et les autres ?
- Qui risque d’être déçu ? est-ce vrai ? est-ce une pensée que j’ai ?
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Fixer des limites de temps de travail
Les minuteurs ou le Time Timer sont de bons outils pour organiser le temps de travail.
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Valoriser les réalisations et le plaisir pris lors des loisirs extra scolaires.
Le recours à une aide extérieure psychologique peut être nécessaire pour comprendre ce qui se joue autour de la peur de l’échec et apprendre à gérer l’angoisse associée.
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Source :
Non, votre ado n’est pas feignant ! Comprendre et accompagner les difficultés scolaires de votre enfant de Nathalie Anton (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir ? : comprendre pourquoi, savoir comment faire de Jeanne Siaud-Facchin (éditions Odile Jacob)