L’autodiscipline des enfants dans la pédagogie Montessori : agir sur la périphérie de l’enfant plutôt que sur l’enfant

L’autodiscipline des enfants dans la pédagogie Montessori

Comment (et pourquoi) agir sur la périphérie de l’enfant plutôt que sur l’enfant ? Comment l’aménagement de l’espace en classe ou à la maison peut favoriser l’autodiscipline des enfants selon Maria Montessori ?

aménager espace auto discipline enfants

L’autodiscipline, un principe fondamental dans la pédagogie Montessori

Pour Maria Montessori, la discipline doit venir de l’intérieur. Voici ce qu’on peut lire dans le livre “Apprends moi à faire tout seul” de Charlotte Poussin (éducatrice Montessori) à ce sujet :

Le contrôle de l’erreur qui vient de l’extérieur engendre la passivité et crée une dépendance. Il vaut mieux que l’enfant ne prenne pas l’habitude d’être corrigé par un autre. Cela risque de le rendre passif. On voit si souvent, dans des classes traditionnelles, des enfants attendre, voir faire la queue en file indienne, pour être corrigés. Cela leur fait perdre du temps et rompt leur cycle d’activités. Alors qu’une autocorrection les garderait actifs et stimulerait leur travail.

D’autant plus qu’il ne s’agit pas d’avoir juste ou faux. Il s’agit de s’exercer, de se perfectionner. L’exercice est un essai, un entraînement, pas une finalité en soi. Mieux la correction est vécue, plus elle suscite le travail personnel et motive le redoublement de l’effort.

L’être humain a besoin de se sentir en sécurité pour apprendre. S’il se sent humilié ou découragé, cela peut le bloquer et freiner sa confiance et son estime.

L’essentiel est de valoriser les erreurs. Cette phrase peut sembler paradoxale mais le secret de la réussite, c’est de considérer les échecs comme des tremplins vers le succès !  Il faut valoriser le travail indépendamment des résultats. Le vrai but, c’est le travail intérieur ! 

Si on laisse l’enfant repérer son erreur, alors sa prise de conscience est réelle et bénéfique.

Favoriser l’autocorrection en pratique 

Du matériel auto correctif

Le matériel dans la pédagogie Montessori offre à l’enfant la possibilité d’avoir le contrôle de l’erreur, c’est-à-dire qu’il peut s’auto contrôler. Ainsi, les cartes à pince avec une gommette à l’arrière pour signaler la bonne réponse favorise l’autodiscipline des enfants.

Source : blog l'école des amours

Source : blog l’école des amours

Des attentes sur le tâtonnement, pas sur le résultat immédiat.

Les éducateurs Montessori n’attendent pas des enfants qu’ils réussissent tout de suite une activité. Ce qui est important est la manipulation et la pratique (pas seulement le résultat ni la perfection).

Les encouragements mal formulés entravent l’autodiscipline des enfants.

Une fois le succès atteint, mieux vaut inciter l’enfant à s’auto féliciter et à être content de lui même (plutôt que le complimenter ou le flatter à outrance). Le problème avec les compliments extérieurs est qu’ils peuvent créer une dépendance à l’approbation extérieure qui pousserait l’enfant à travailler pour les félicitations et la reconnaissance extérieure et qu’il pourrait souffrir de leur absence qui sonnerait comme un reproche ou une preuve de son incompétence.

Un encouragement efficace passe par  :

  • la description objective de ce que nous voyons (je vois…, je remarque.., tu as fait...)
  • la description objective du processus, du travail, des efforts, de la stratégie (Cela t’a demandé beaucoup d’efforts et de travail et tu as réussi à…,  C’était difficile et tu as atteint ton objectif., Ce succès représente des mois/jours/heures passés à…)
  • l’expression de ce que nous ressentons (Je suis ému(e) quand…, J’aime particulièrement… parce-que…, Ça me rend joyeux(se) de voir que…, Je me sens…)
  • l’incitation à l’auto motivation (Tu dois être content/ contente de toi, Tu dois éprouver de la satisfaction maintenant que tu sais...)

 

L’environnement parle souvent de lui même. 

On a plus d’influence sur le comportement des enfants, et de façon plus positive, en agissant sur la périphérie de l’enfant plutôt que sur l’enfant de façon directe. – Charlotte Poussin

Le message passe mieux lorsqu’il est suggéré ou proposé que lorsqu’il est imposé. Quand un enfant se sent respecté dans sa dignité et son intégrité, il cherche pas ou peu à dévier d’une consigne. Quand on propose un environnement adapté, stimulant, favorisant l’autonomie, l’enfant peut se centrer et se concentrer. Le calme découle de la concentration.

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Une école réaménagée aux Etats Unis

Des exemples pour favoriser l’autodiscipline des enfants.

Si l’on souhaite que les enfants parlent moins fort, on peut leur parler tout bas en se mettant à leur hauteur. Le ton des enfants va alors baisser par absorption de l’ambiance calme. Si l’on souhaite que les enfants rangent (par exemple leurs chaussures en rentrant dans la maison), mieux vaut installer du mobilier à leur hauteur, accessible, pratique et prévu à cet effet. C’est l’aménagement de l’espace qui incite à agir de telle ou telle façon.

S’il y a du désordre dans une classe, c’est sûrement qu’il y a du désintérêt ou que aménagement de la classe ne permet pas une circulation ou un rangement facile, autogéré. Une solution est d’agir sur l’environnement de la classe pour qu’il invite à plus d’activités qui suscitent l’intérêt des enfants , et par là leur concentration, les mettant en état de “flow“.

Voici un exemple d’école dans laquelle sont aménagés des espaces de retour au calme :

exemple école 3° type

Une école du 3° type en France

Avec des enfants plus grands/ adolescents

Dans son livre Enseignants efficaces, Thomas Gordon propose des pistes pour améliorer l’environnement scolaire en incluant les élèves dans le changement à travers une séance de “brainstorming”:

  • Identifier le problème sous forme de question (par exemple : Comment pouvons-nous améliorer la manipulation et le rangement du matériel utilisé en classe ?)
  • Fixer une limite de temps pour la séance de remue-méninges.
  • Énoncer toutes les idées possibles (ne pas se limiter aux idées pratiques : rechercher des idées originales).
  • Lister toutes les idées émises (sans jugement ni tri à cette étape, les idées seront évaluées après que toutes les idées auront été exprimées).
  • Examiner le problème sous diverses angles (exemple : du point de vue d’un élève d’une autre école, d’un décorateur d’intérieur, d’un parent d’élève…)

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Source : Apprends moi à faire tout seul : la pédagogie Montessori expliquée aux enfants de Charlotte Poussin (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque en librairie ou en ecommerce.

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