Aider un enfant avec TDAH à faire ses devoirs

Aider un enfant avec TDAH à faire ses devoirs

Aider un enfant avec TDAH à faire ses devoirs

Crédit illustration : freepik.com

 

Demander à un enfant de faire ses devoirs à la fin d’une journée d’école n’est généralement pas une chose reçue avec enthousiasme et ce manque d’enthousiasme peut se transformer en véritable tempête et opposition violente pour les enfants avec un TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité). Quand nous nous mettons à la place de l’enfant, nous pouvons aisément comprendre cela : il a fourni des efforts toute la journée et doit à nouveau mobiliser une grande quantité d’énergie pour se concentrer et rester assis à un bureau.

Dans leur livre TDAH des enfants et adolescents : l’apport des thérapies cognitives et comportementales, Fanny Ayanouglou et Céline Alcaraz rappellent que les enfants avec TDAH ont en plus du mal à se mettre au travail : il leur est difficile de se lancer et de s’investir dans une tâche qu’ils savent coûteuse cognitivement.

Les deux autrices, psychologues spécialisées dans l’accompagnement des enfants avec TDAH, proposent quelques pistes pour rendre les devoirs scolaires plus agréables et efficaces avec un enfant porteur de TDAH.

Choisir le moment

Il peut être favorable d’interroger l’enfant avec TDAH pour choisir avec lui le moment où il souhaite se mettre au travail : à son retour de l’école, il est possible de de lui demander de choisir à quel moment il préfère faire ses devoirs.

Il est possible d’accompagner cette demande d’empathie pour le fait qu’il n’ait pas envie de s’y mettre : “Oui, c’est vrai, tu préférerais jouer toute la soirée et tu n’as pas du tout envie de faire tes devoirs.”

Il est possible de passer par un système de pictogrammes plastifiés qui représentent les différentes actions à réaliser dans la soirée (il en existe sur internet pour le jeu, le repas, la douche, les devoirs…). Ces pictos seront repositionnables (via un système de scratchs ou de gomme adhésive) et l’enfant pourra les positionner sur une bande selon l’ordre dans lequel il s’engage à les effectuer. Quand une tâche est finie, il enlève le picto et le range dans sa boîte. L’enfant verra alors l’avancement de ses tâches et il saura ce qui lui reste à faire.

Limiter la durée

Le temps consacré aux devoirs doit être limitée dans le temps. Cette limite peut être fixée selon plusieurs critères : la quantité de temps limite pendant laquelle l’enfant est capable de se concentrer, la durée à consacrer aux devoirs estimée nécessaire par l’enseignant, un nombre maximum d’exercices…

La durée peut être matérialisée par un Timer qui indique en rouge le temps restant et sonne quand le temps imparti est écoulé.

time timer gérer temps enfants

Si des devoirs restent à faire après le temps estimé, mieux vaut faire des pauses et y revenir plus tard qu’ajouter du temps à la suite et forcer l’enfant. Il est également possible d’intercaler un devoir facile entre deux plus compliqués.

Il est important de tenir ses engagements : un quart d’heure réglé sur le Timer est un quart d’heure, pas plus.

Ordonner les devoirs

Il est recommandé de demander à l’enfant de définir l’ordre dans lequel il va choisir de faire ses devoirs. Cela peut se faire par le biais d’un classement des devoirs numérotés par ordre de préférence dans l’agenda.

Quand un devoir est terminé, l’enfant pourra le barrer, le surligner ou mettre une croix sur son agenda. Cette manière de faire lui permettra de mieux structurer le travail à faire : voir ce qui était à faire, ce qui a été fait, et ce qui reste à faire.

Il est possible de suggérer à l’enfant de commencer par une matière qu’il aime car cela lui donnera du courage et du plaisir pour la suite. C’est d’autant plus le cas quand il commence par ce qui est facile pour lui : il éprouvera des émotions positives et aura moins tendance à se braquer.

S’adapter aux besoins moteurs de l’enfant

La position physique de l’enfant est très importante pour les devoirs écrits. Assis, les pieds doivent toucher le sol (il est possible de poser un marche-pieds entre ses pieds et le sol).

Des marche-pieds en classe

Certains enfants préféreront rester debout et même travailler en bougeant, en manipulant un objet ou en gribouillant.

Fanny Ayanouglou et Céline Alcaraz rappellent que, pour certains enfants, rester assis exige tellement d’efforts et de concentration que toute leur énergie porte sur le maintien forcé de la position et non sur l’apprentissage.

Proposer à l’enfant un environnement de travail favorable

Le choix du lieu de travail où l’enfant va travailler est important car il faut veiller à le protéger contre tout ce qui peut aggraver la surstimulation et la distractibilité.

Il n’y a pas d’endroit idéal car chaque famille et enfant fonctionne différemment mais l’idée à garder en tête est d’éviter au maximum les stimulations extérieures et les distracteurs comme un écran allumé ou un bureau encombré (même s’il est impossible de rendre l’environnement totalement neutre).

Encourager et remarquer les efforts

L’encouragement est à l’enfant ce que l’eau est à la plante nous dit Rudolf Dreikurs. Jane Nelsen ajoute que l’encouragement efficace atteint le cœur avant d’atteindre la tête.

Un encouragement efficace reconnaît ce qui a été fait : le travail, les efforts, le processus

  • Tu as fait des efforts qui portent leurs fruits !
  • Regarde tout ce que tu as appris
  • Cette note reflète tes efforts !
  • Tu as progressé, tu as réussi à faire tous tes devoirs en moins de 30 minutes.

C’est important d’encourager sans ajouter de commentaire ou de reproche du type : “ça change de d’habitude/ tu vois que tu en es capable quand tu veux/ mais tu peux encore plus te forcer la prochaine fois“.

 

Une idée utile à garder en tête est que les méthodes et les règles conventionnelles de travail et d’apprentissage ne fonctionnent pas toujours avec un enfant porteur d’un TDAH : il est essentiel de s’adapter au fonctionnement particulier de cet enfant-là.

 

Pour rappel de la loi en France au sujet des devoirs écrits en élémentaire : 

La circulaire du 29 décembre 1956 (en application de l’arrêté du 23 novembre 1956) relative à la suppression des devoirs à la maison ne laisse pas d’ambiguïté sur la volonté du ministère de l’époque : « Aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif et les inspecteurs départementaux de l’enseignement du premier degré sont invités à veiller à son application stricte ». Par ailleurs, l’école n’est pas non plus obligatoire; seule l’instruction l’est et cette instruction peut se faire en famille.

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Source : TDAH des enfants et adolescents : l’apport des thérapies cognitives et comportementales de Fanny Ayanouglou et Céline Alcaraz (éditions Tom Pousse). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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