Les immenses bénéfices du temps libre et de l’ennui pour les enfants : comment redonner du temps aux enfants ?
Les immenses bénéfices du temps libre et de l’ennui pour les enfants
Redonner du temps aux enfants pour ne pas les surstimuler
Quand les adultes planifient à l’excès le temps des enfants, ceux-ci n’ont plus la possibilité de l’organiser ni de le gérer eux-mêmes pour faire les activités qu’ils souhaitent et dont ils ont naturellement besoin. Il faut redonner du temps aux enfants à l’école et à la maison afin de leur offrir des espaces où ils puissent assimiler les connaissances, vivre, connaître, apprendre et construire leurs propres apprentissages.
En leur rendant ce temps, c’est l’enfance elle-même que nous rendons aux enfants. – Joan Domenech Francesch
Par ailleurs, il n’est pas possible d’apprendre à gérer son temps et, par là, à être autonome si on n’en dispose pas !
Il existe un lien entre ennui, créativité et santé mentale
Les activités sportives, musicales, créatives ou d’autres activités structurées sont bénéfiques au développement physique, cognitif et social des enfants. Pour autant, les enfants ont aussi besoin de temps non structuré : pour rêvasser, pour organiser leur temps comme ils le souhaitent, pour poursuivre leurs propres objectifs, pour découvrir par eux-mêmes, pour observer, pour consolider de manière inconsciente des apprentissages, pour créer…
Juste laisser l’esprit divaguer de temps en temps est important pour la santé mentale. Pendant une activité automatique, l’esprit libéré a le loisir de repenser à des situations rencontrées précédemment, de chercher de nouvelles solutions, de nouvelles pistes.
Deux chercheurs britanniques ont conduit une étude qui suggère justement que l’ennui peut avoir un impact positif sur la créativité parce qu’il nous laisse le temps de divaguer, rêvasser, réexaminer des situations ou problèmes rencontrés précédemment.
Les activités ennuyeuses permettent l’émergence d’idées nouvelles qui ne verraient pas forcément le jour si l’esprit était constamment occupé.
Les enfants gagneraient donc à disposer de plages de temps libre. Les enfants n’ont pas besoin d’être constamment stimulés ni divertis.
Le temps libre et le jeu non structuré sont bénéfiques aux apprentissages
Les enfants apprennent à travers le jeu, l’interaction avec les autres (enfants et adultes), l’exploration, l’observation, la recherche. Dans un contexte de jeu libre et auto dirigé, les jeux des enfants font intervenir les mathématiques, le langage oral, la lecture, les relations sociales…
Jouer ne signifie jamais perdre son temps. – Joan Domenech Francesch
Le temps libre a donc d’immenses bénéfices :
- l’accès à l’autonomie,
- le plaisir de vivre,
- la connaissance de soi et des autres à travers le jeu,
- le développement de la créativité,
- l’acquisition et la consolidation de certains apprentissages fondamentaux,
- l’espace pour discerner et considérer les problèmes.
3 clés pour redonner du temps aux enfants
1.Un environnement riche du point de vue des enfants
Rendre du temps aux enfants ne signifie pas pour autant leur permettre de passer des heures avachis devant la télé ou de détruire, casser, détériorer sous prétexte qu’ils s’amusent. A partir du moment où l’environnement est riche et qu’on accepte une certaine dose de désordre, ces espaces temps-libres sont réellement constructifs.
Aisni, on peut mettre des choses à disposition sans les imposer pour que les enfants viennt y piocher (ou non) le matériel ou les idées qui viendront nourrir leurs besoins :
- des loose parts,
- des crayons et des feuilles facilement accessibles,
- du carton et des ciseaux,
- un “panier à trésors” pour les plus jeunes,
- du matériel pour construire,
- des livres…
Le plus important ici n’est pas que les choses soient sophistiquées ou qu’elles aient un but éducatif mais qu’elles soient variées et surtout accessibles en autonomie.
2.Des qualités internes cultivées chez les enfants
Pour que les enfants retirent le plus de bénéfices du temps libre et de l’ennui, des qualités internes sont nécessaires pour lui permettre d’explorer, de créer, de tester, d’échouer et de recommencer :
- la curiosité,
- la persévérance,
- un caractère enjoué,
- la confiance en soi,
- la capacité à se concentrer.
L’éducation lente, c’est aussi cultiver des qualités qui serviront les enfants tout au long de leur vie.
3.Des adultes qui lâchent prise : parents ET enseignants
La plupart d’entre nous voulons que nos enfants soient capables de prendre des initiatives, qu’ils sachent prendre du recul et penser par eux-mêmes mais nous avons tendance à remplir leur emploi du temps d’activités structurées dans lesquels ils dépendent des instructions d’un adulte, d’une machine ou au cours desquelles ils ont besoin de choses matérielles onéreuses (télé, console, ordinateur, tablette…).
Faire confiance à la nature de l’enfant et lâcher prise sur l’obsession académique pourrait être plus efficace pour faire émerger des enfants indépendants, créatifs et sociaux.
On pourrait évaluer l’emploi du temps hebdomadaire d’un enfant et indiquer le degré d’autonomie de ses activités :
- quels moments sont organisés ?
- à quel moment a-t-il pu décider de ce qu’il faisait; de la manière, du moment et de la personne avec qui il le faisait ?
- est-ce que ce temps libre est suffisant ?
- peut-il y en avoir davantage ?
- qu’est-ce que plus de temps non structuré viendrait remplacer ? pour quels bénéfices ?
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Pour aller plus loin : Eloge de l’éducation lente de Joan Domenech Francesch (éditions Chronique Sociale).
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