La procrastination chez les adolescents surdoués (et les autres !)
La procrastination chez les adolescents surdoués (et les autres !)
Beaucoup d’adolescents, notamment les surdoués, sont concernés par ce penchant envahissant que représente la procrastination et qui peut mener à l’échec.
Définie comme une tendance psychologique à reporter sans cesse à plus tard ce que l’on doit faire, la procrastination est souvent assimilé à de la paresse dans le langage courant. Or il convient de s’en préoccuper sérieusement quand la procrastination mène vers l’échec et le repli, en particulier chez les adolescents surdoués.
La procrastination doit être perçue comme une perturbation psychologique qu’il faut prendre en charge sans erreur d’interprétation. Elle n’est pas liée à un problème de gestion du temps mais relève plutôt d’un problème émotionnel.
L’anxiété et une faible estime de soi sont le terreau de la procrastination. L’adolescent qui procrastine est pris d’une frénésie d’activités qui le détournent de la tâche à accomplir et qu’il remet sans cesse au lendemain.
Ainsi, les réseaux sociaux et les écrans peuvent devenir le lieu idéal d’évacuation des inquiétudes et de la culpabilité de remettre à plus tard des choses importantes.
Quand l’adolescent finit par faire ce qui lui est demandé, dans la précipitation, les résultats risquent d’être décevants consolidant la procrastination qui s’inscrit dans un cercle vicieux : certitude d’être nul -> inquiétude -> évitement émotionnel via la procrastination -> qualité médiocre du travail -> renforcement de la certitude d’être nul.
La procrastination est un évitement. Les adolescents s’y livrent quand ils se sentent dépassés, comme noyés tant sur le plan émotionnel que cognitif. La procrastination peut devenir un réel handicap. Elle a un impact négatif sur la santé mentale du jeune et peut cacher une dépression (masquée par une attitude qui peut être assimilée par l’entourage à de la fainéantise ou du laisser-aller).
Surmonter la procrastination
Eviter les jugements négatifs
Pour aider les ados submergés par la procrastination, mieux vaut éviter les jugements négatifs sur son incapacité ou son manque de volonté (“c’est de la paresse, “c’est facile pourtant”, “quand on veut, on peut !”…).
En effet, le temps passé à procrastiner est déjà générateur d’émotions négatives pour le jeune car il est teinté de culpabilité, de crainte, d’anxiété, de dégoût de soi.
Percevoir l’intérêt à long terme
Très souvent, un manque de satisfaction immédiate est à l’origine de la procrastination. A l’adolescence, le cortex préfrontal n’est pas encore à maturité et le jeune ne voit pas toujours l’intérêt d’un bénéfice à long terme. Dès lors, les adolescents préfèrent souvent la gratification rapide car ils n’ont pas encore acquis un mode cognitif accompli qui permet de planifier comme un adulte.
Il est alors possible à la fois de travailler sur le long terme et sur le court terme :
- long terme : remettre les apprentissages dans un projet au service de sa vie, de sa carrière
- court terme : se donner des petits objectifs et des récompenses à chaque palier passé
Adopter la politique des petits pas
Le principe des petits pas repose sur le fait de diviser des grands objectifs qui paraissent insurmontables en petits défis pour atteindre l’objectif sans se décourager et en anticipant les obstacles.
A chacun.e de trouver les petits pas utiles pour atteindre l’objectif.
Les adolescents pourront y ajouter des mises en scène et l’anticipation des défis :
- jouer la scène (par exemple, le fait de présenter un exposé devant la classe) comme dans une pièce de théâtre en se projetant dans la situation difficile (d’abord en mouvement, en “vrai” avec éventuellement des figurants puis mentalement en se voyant agir);
- anticiper les difficultés possibles et chercher des solutions pour les surmonter (exemple : si je rougis/ si je bafouille/ si j’ai un trou de mémoire, qu’est-ce que je peux faire ? à qui je pourrais demander de l’aide ? est-ce que je peux demander au maître/à la maîtresse de faire une pause/ de reporter/ de me souffler une partie du texte… ?).
Pour aider les adolescents dans leur progression, on peut leur proposer un support imagé qu’ils pourront remplir au fur et à mesure de leurs progrès.
Source / Les Zatypiques de Akoun et Pailleau – Leduc S EditionsCet art de la “segment’action” est transférable dans d’autres domaines sur tous types de défis qui posent difficulté aux enfants et ados.
Travailler sur la confiance en soi et l’estime de soi
Confiance en soi et estime de soi ne sont pas synonymes. Elles sont bien sûr liées mais elles se développent et s’entretiennent différemment.
Pour éclairer la différence entre confiance en soi et estime de soi, on peut penser à un élève qui serait un piètre sportif mais qui accorde peu d’importance à cette matière. Il a alors une mauvaise confiance en ses capacités à réaliser une bonne performance en EPS mais son estime de soi est intacte. En revanche, s’il se considère mauvais en mathématiques mais qu’il considère cette matière comme fondamentale dans sa réussite, il aura à la fois une faible confiance en soi (en ses capacités à résoudre un problème d’arithmétique ou de géométrie) et une faible estime de soi (il portera des jugements négatifs sur sa valeur d’être humain).
La confiance en soi pose rarement problème quand on a une saine estime de soi, quand on se connaît bien. On sera alors capable de faire la différence entre savoir qu’il y a un domaine dans lequel on est moins doué et se sentir incapable, nul en TOUT.
La confiance en soi
La confiance en soi est à mettre en rapport avec les capacités : elle concerne ce que nous sommes capables de faire. Elle est le résultat d’une évaluation que nous faisons de nos capacités et de nos ressources personnelles. Le niveau de confiance en soi dépend de la réponse aux questions :
Ai-je les ressources internes nécessaires pour affronter cette situation ?
Suis-je capable d’y arriver ?
Suis-je à la hauteur ?
Une mauvaise confiance en soi entrave sérieusement les études car la moindre erreur ou la moindre remarque va contribuer à déstabiliser la personne qui souffre de manque de confiance en elle
La confiance en soi est le produit de l’histoire familiale, sociale et scolaire :
- les parents sont les premières personnes à stimuler la confiance en soi des enfants.
- des méthodes pédagogiques inadaptées peuvent contribuer à détériorer la confiance en soi des élèves.
Chaque personne a une histoire différente et il n’existe donc pas de solution unique et universelle pour développer sa confiance en soi. On peut cependant proposer des pistes sur lesquelles prendre appui.
L’estime de soi
L’estime de soi est à mettre en rapport avec la valeur que nous nous accordons. L’estime de soi est synonyme d’image de soi. Elle est le résultat d’une évaluation que nous faisons de nous-mêmes, de nos actions.
Lorsque nous accomplissons quelque chose que nous pensons valable, nous ressentons une valorisation et lorsque nos actions paraissent en opposition avec nos valeurs, nous baissons dans notre estime.
L’estime de soi peut être décrite par métaphore comme une sorte de colonne vertébrale, de centre ou de noyau. On reconnait l’estime de soi saine et épanouie au sentiment d’être bien avec soi-même, d’harmonie avec soi.
>>> Des pistes ici : 3 piliers de l’estime de soi
Surmonter l’anxiété
Les troubles d’anxiété
L’anxiété est la forme de détresse psychologique la plus commune chez les enfants et les adolescents. Les troubles anxieux ne sont ni des traits de personnalité ni des tares. On peut intervenir sur les troubles d’anxiété. Les troubles anxieux non traités dans l’enfance ont des conséquences à long terme, à la fois sur le comportement (troubles obsessionnels compulsifs, addiction, dépression…) et sur le développement cognitif (mémoire, fonctions exécutives…). Il est important d’intervenir dans l’enfance. C’est notre rôle d’adulte de détecter les comportements disproportionnés, inappropriés, répétitifs qui manifestent une détresse psychologique.
L’intervention auprès d’adolescents souffrant de troubles anxieux ne passe pas par le fait de supprimer toutes sources de stress ni par le fait de forcer les enfants à faire quelque chose qui les tétanise. Une bonne gestion du trouble d’anxiété chez les ados, notamment surdoués,va plutôt passer par :
- proposer et relever des défis à leur hauteur
- procéder étape par étape (lire cet article)
- aborder les troubles d’anxiété avec un état d’esprit de développement : tu n’y arrives pas “pour le moment “
L’anxiété de performance
Le poids de la réussite, qu’il vienne de la famille ou du personnel enseignant, peut conduire au développement d’une anxiété de performance. Cette anxiété se manifeste par plusieurs facteurs qui génèrent de la souffrance :
- maux de tête
- maux de ventre
- trous de mémoire
- crises d’angoisse à l’occasion des contrôles
- tendance au perfectionnisme (l’élève passe tout son temps ou presque sur son travail scolaire, vérifie et revérifie ses réponses au risque de l’immobilisme, pense qu’il n’en sait jamais assez ou devrait mieux faire…)
- un certain défaitisme (“je n’y arriverai jamais”, “je suis nul.le”, ,”ce n’est même pas la peine d’essayer”…)
- effort fourni ou temps passé sur un travail démesuré
- insatisfaction perpétuelle
L’enfant ou l’adolescent avec une anxiété de performance est facile à décrire : il met tout en oeuvre pour réussir. Il est perfectionniste et très exigeant avec lui-même. Inquiet face aux évaluations et à toutes situations où il se sent jugé, son état de tension peut être tel qu’il peut en résulter une rigidité qui entrave l’expression des capacités et le déploiement du potentiel (mémoire bloquée, concentration perturbée, attention minimisée…).
>>> Des clés pour dépasser l’anxiété de performance : L’anxiété de performance : la comprendre pour la dépasser (chez les enfants et les adolescents)
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Source : Adolescents surdoués mode d’emploi de Laurence Lalande (éditions Eyrolles)