Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent : vivre les principes de la démocratie à l’école

Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent : vivre les principes de la démocratie à l’école

Pourquoi j'ai créé une école où les enfants font ce qu'ils veulent

Présentation de l’éditeur

Séparés de la société, triés par années de naissance, immobilisés, surveillés, dirigés, évalués… Les enfants vivent soumis à un programme dont on a oublié l’origine et la finalité.

Peut-on éduquer à la liberté dans un milieu où l’on cultive son antonyme parfait ? N’est-ce pas aussi absurde que d’apprendre à nager en restant sur la terre ferme ?

Ramïn Farhangi a créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent. Risible folie, dangereuse rébellion ou révolution copernicienne ?

Quoi qu’on en pense, impossible de rester indifférent face à l’existence de cette école et de la trentaine d’autres qui ont vu le jour partout en France en deux ans. Elles secouent le monde de l’éducation en questionnant le concept même d’élève, élargissant le statut de l’enfant à celui d’une personne qui jouit des pleins pouvoirs sur sa propre vie à chaque instant.

Ces écoles, dites “démocratiques”, offrent une bouffée d’optimisme et inspirent une réinvention radicale de l’école de la République en proposant l’expérience humaine la plus exaltante et la plus exigeante de toutes : la liberté individuelle.

L’auteur : Ancien consultant en direction générale d’entreprise, puis professeur de mathématiques et de physique dans un collège-lycée, Ramïn Farhangi a cofondé l’Ecole dynamique à Paris en 2015, puis en 2017 un lieu de vie, Village de Pourgues, basé sur les valeurs et le fonctionnement des écoles démocratiques.

Pourquoi j'ai créé une école où les enfants font ce qu'ils veulent

 

Les points forts

J’ai suivi les pérégrinations de Ramin Farhangi depuis l’ouverture de l’Ecole Dynamique en 2015, l’école démocratique d’inspiration Sudbury qu’il a ouverte à Paris et dont la création et le fonctionnement font l’objet de ce livre. J’ai eu la chance de le rencontrer en août 2017 aux rencontres EUDEC, le rassemblement européen des écoles démocratiques. J’avais été particulièrement touchée par la conférence qu’il a donnée portant son fils, âgé de quelques mois alors, dans un porte bébé :). L’illustration parfaite de ce qui l’anime et qu’il partage dans son livre : faire en sorte qu’adultes et enfants aient les mêmes droits, le même respect et vivent ensemble plutôt que séparés.

Qui qu’on soit, la lecture de ce livre ne peut pas laisser indifférent ! Ramin Farhangi a fait un remarquable travail de compilation d’études scientifiques, de retranscription de conversations et débats avec d’autres créateurs d’écoles démocratiques, de témoignages de parents et élèves et de mise en perspective de son histoire personnelle pour expliquer comment un ex-premier de la classe consultant en entreprise en est arrivé à créer une école sans note, sans prof, sans cahier, sans matière.

Ce livre se lit très bien même quand on n’est pas familier du fonctionnement des écoles inspirées par le modèle Sudbury. On y découvre justement toute la richesse de cette approche, ses fondements théoriques et son fonctionnement pratique au quotidien.

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J’ai beaucoup apprécié toute la partie dans laquelle Ramin répond aux objections courantes faites à la création d’écoles privées, notamment démocratiques (communautarisme, inégalités sociales et financières,  risques de “produire” des enfants illettrés, fainéants, inadaptés à la vie professionnelle…). Il rapporte, entre autre, une expérience dans laquelle il était demandé à des élèves de choisir entre deux options : développer des connaissances mais avoir une moyenne de 8/20 ou ne retenir aucune connaissance à long terme mais avoir une moyenne de 18/20. La deuxième option a été massivement choisie illustrant l’échec de l’école traditionnelle comme mode d’émancipation par la connaissance et l’esprit critique. Dans un double jeu de dupes, les élèves mettent la priorité sur la réussite des contrôles et sur les notes plutôt que sur l’apprentissage.

Les élèves prennent tous les raccourcis possibles pour se bourrer méthodiquement le crâne la veille du contrôle. Le lendemain, ils répètent ce même processus pour le contrôle du surlendemain. […] Quant à nous, professeurs, même si nous aimerions que l’évaluation soit un simple outil de vérification, soyons honnêtes un instant : nous l’utilisons aussi et surtout comme moyen de coercition. – Ramin Farhangi

Ramin regrette d’ailleurs que l’école telle qu’elle est conçue aujourd’hui conduise à considérer les enfants et adolescents qui ne s’adaptent pas bien, qui ne performent pas comme inadaptés et à les orienter vers des voies dont ils ne veulent pas forcément plutôt que considérer que c’est l’organisation de école qui pose un problème.

Les écoles démocratiques, inspirées par le modèle Sudbury, sont fondées sur l’idée que, quand on laisse les enfants tranquilles et qu’on cesse de pointer leurs insuffisances, ils apprennent tout ce dont ils ont besoin en leur temps et leur heure. Ce postulat est valable pour l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et des compétences mathématiques.

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Ramin Farhangi consacre plusieurs passages aux jeux vidéos et sa conception est intéressante dans le sens où elle va complètement à contre courant des recommandations habituelles. Il considère que les jeux vidéos sont de véritables laboratoires d’apprentissages (sens logique, capacité d’appréhender la complexité, créativité, gestion, sens des responsabilité, auto discipline…). Selon lui, les enfants et adolescents qui ont assez de pouvoir personnel et d’occasion d’être des “héros” dans le vrai monde auront un usage modéré des écrans, au service de leurs besoins d’apprentissage.

Aux parents qui limitent le temps que leurs enfants dédient aux jeux vidéos : je vous invite d’abord à questionner la légitimité d’une telle autorité et si l’alternative que vous leur proposez offre de telles opportunités d’apprentissage. – Ramin Farhangi

Il relate également des anecdotes autour de la gestion des écrans dans l’Ecole Dynamique à Paris. Les débats ont parfois été houleux et des désaccords sont apparus plusieurs fois, notamment quand des adolescents ont demandé à limiter les temps d’accès aux écrans parce qu’ils n’arrivaient pas eux-mêmes à s’auto réguler. Ce livre ne dit pas ce qu’il “faut faire” mais ouvre des possibles, exposent des manières de penser et d’agir souvent impensées, inexplorées tout en s’appuyant sur un cadre et des outils qui permettent à la fois la liberté et la sécurité (conseil d’école, comité d’enquête…).

Une partie est consacrée à l’organisation et au fonctionnement de ces écoles. Il est rappelé que la liberté ne va pas sans cadre. Des instances de régulation sont donc présentes au sein de ce type d’école pour assurer le fonctionnement de la vie en collectivité et la sécurité de tous les membres du groupe. Ainsi, le Conseil d’école vote les règles et limites à la majorité, les voix des enfants ayant le même poids que celles des adultes.

Par ailleurs, Ramin Farhangi expose en quoi ces écoles gagneraient à inspirer les écoles publiques traditionnelles parce qu’elles offrent selon lui (et je suis d’accord) un véritable service public. Il note par exemple que l’Etat d’Israël finance une trentaine d’écoles démocratiques.

Lire le livre Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent permet de comprendre en quoi la société est simultanément la mère et l’enfant de son propre système éducatif. L’idée est que, si les enfants grandissent dans des écoles démocratiques, ils créeront un monde de vraie liberté, égalité, solidarité.

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Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent de Ramin Farhangi (éditions Actes Sud Domaine du Possible). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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