Peut-on se passer de culture générale et de mémorisation de faits/connaissances dans un monde connecté ?

Peut-on se passer de culture générale et de mémorisation de faits/connaissances dans un monde connecté ?

Peut-on se passer de culture générale et de mémorisation de faits/connaissances dans un monde connecté ?

Les processus cognitifs (réflexion logique, résolution de problèmes, découvertes, création artistique…) dépendent des connaissances que nous détenons déjà.

Daniel T. Willingham est diplômé de Harvard en psychologie cognitive et professeur de psychologie. Dans son livre Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école, il consacre un chapitre entier pour répondre à la question “L’apprentissage de connaissances factuelles est-il utile ?”.

Sa réponse, fondées sur des principes cognitifs, est claire : La culture générale est une condition sine qua non de l’apprentissage de compétence (et de nouvelles connaissances).

Les faits, les connaissances, la culture générale doivent être enseignées en même temps que les compétences.

Daniel T. Willingham réfute les idées selon lesquelles, d’une part, il est inutile de mémoriser des faits à notre époque, sachant qu’on peut toujours aller se renseigner et trouver les informations dont on a besoin  sur internet et, d’autre part, les faits eux-mêmes changent si rapidement que la moitié des informations mémorisées seront obsolètes dans cinq ans.

Daniel T. Willingham définit l’action de réfléchir comme une nouvelle façon de combiner les informations. Les informations en question peuvent provenir de la mémoire à long terme (des faits que nous avons mémorisés) ou de l’environnement. Pour pouvoir bien réfléchir, il faut connaître les faits. Les processus tels que le raisonnement ou la résolution de problèmes sont liés aux connaissances factuelles qui sont entreposées dans notre mémoire à long terme (et pas seulement celles qu’on trouve dans l’environnement).

Les compétences (les procédés de réflexion critique) sont intrinsèquement liées à la culture générale. Nous devons donc nous assurer que les enfants acquièrent une culture générale, tout en les entraînant en même temps à développer leur faculté d’analyse.

La culture générale aide à comprendre ce que nous entendons et lisons. Si nous manquons de certains mots de vocabulaire ou de certains concepts, la compréhension de certaines informations nous est impossible. Par ailleurs, pour comprendre une phrase ou un texte, il faut comprendre le rapport qui existe entre les différentes idées et non pas seulement chaque idée indépendamment les unes des autres.

L’étude de DR Recht et L. Leslie relatif à l’effet de la culture générale sur la mémoire des bons et mauvais lecteurs a prouvé que la connaissance sur un sujet a plus d’impact sur la compréhension d’un texte que la capacité à lire.

Effets de la culture générale sur la lecture

La culture générale permet de :

  • enrichir le vocabulaire,
  • comprendre les liens logiques implicites (les implicites et omissions en lecture notamment),
  • regrouper les informations (ce qui augmente l’espace disponible dans la mémoire de travail et facilite donc l’association d’idées, cet espace mental pouvant servir à lier des informations entre elles),
  • comprendre les phrases ambiguës.

Plus on sait, plus il est facile de savoir. – Daniel T. Willingham

Effets de la culture générale sur la réflexion

Culture générale et mémoire

Daniel T. Willingham nous prévient que, la plupart du temps, quand on croit qu’une personne réfléchit logiquement, elle ne se sert en fait que de sa mémoire. La mémoire est le processus cognitif de premier recours.

En effet, quand nous sommes confrontés à un problème, nous commençons par chercher la solution dans nos souvenirs et, si nous en tenons une, nous allons très certainement nous en servir.

Pour résoudre des problèmes, les gens se servent de leur mémoire plus souvent qu’on ne le pense. – Daniel T. Willingham

Daniel T. Willingham prend l’exemple des joueurs d’échecs : c’est le souvenir des différentes positions et situations possibles qui fait la plus grande différence entre les meilleurs joueurs du monde, et pas tant leur raisonnement tactique ni leur longue réflexion. Ce qui différencie les meilleurs joueurs des autres, c’est leur mémoire, c’est l’analyse du jeu basé sur leurs souvenirs.

Ce souvenir dépend donc de la qualité et de la quantité de “culture générale” (dans le sens de connaissances contenues dans la mémoire) stockée dans la mémoire à long terme.

Culture générale et réflexion : l’esprit critique

Tous les problèmes ne peuvent pas être résolus par le simple souvenir de cas semblables. Il nous est parfois bien sûr nécessaire de réfléchir. Mais, même dans ce cas, la culture générale nous aide.

Quand nous réfléchissons, nous avons besoin d’avoir certaines connaissances  relatives au sujet.

Les généralités que l’on inculque aux élèves sur la réflexion et le raisonnement peuvent sembler indépendantes de toute culture générale, mais pour appliquer ces théories, on en a réellement besoin. – Daniel T. Willingham

La culture générale améliore la mémoire

Plus on a de connaissances, plus on en acquiert facilement. – Daniel T. Willingham

Il est plus facile d’apprendre de nouvelles informations quand on s’y connait déjà sur le sujet. Quand on s’y connait un minimum sur un sujet donné, on comprend mieux les nouvelles informations sur le sujet. Pour se souvenir des choses, nous “soufflons” les réponses à notre mémoire. Nous tournons d’abord autour du sujet en cherchant quelques éléments qui sont liés à ce que nous essayons de nous rappeler, jusqu’à ce que le souvenir resurgisse.

Une nouvelle information est plus facile à comprendre, et donc à mémoriser, parce qu’elle est reliée à d’autres éléments de la culture générale. La quantité d’informations que nous retenons dépend donc de la quantité d’informations que nous détenons déjà.

 

En conclusion, Daniel T. Willingham rappelle que les bénéfices de la culture générale justifient la raison pour laquelle il est si important de lire. Par ailleurs, il déconseille de faire apprendre par coeur aux élèves de simples listes de données : les connaissances sont fructueuses quand elles sont conceptuelles et quand elles sont liées les unes aux autres.

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Source : Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école de Daniel T. Willingham (éditions La librairie des Ecoles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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