Les dys- : petit tour d’horizon (définition, fonctions cognitives, diagnostic)
Les dys- : petit tour d’horizon (définition, fonctions cognitives, diagnostic)
Dans son livre Questions sur les dys-, des réponses, le Dr Alain Pouhet propose un tour d’horizon synthétique sur les troubles dys pour mieux les comprendre, les accompagner et faciliter la vie des enfants (et adolescents) porteurs de ces troubles.
Qu’est-ce qu’une situation de dys- ?
En médecine, le préfixe dys- indique un dysfonctionnement, un trouble des processeus mentaux mis en jeu dans les apprentissages (différent du préfixe a- qui signifie sans ou pas). Ainsi, la dysphasie représente l’anomalie primaire du développement du langage.
Le préfixe dys- signe le caractère spécifique du trouble (c’est-à-dire grave et durable, excluant d’autres causes comme la déficience intellectuelle, un trouble du spectre autistique, des déterminants sociaux-économiques…). Le principal intérêt du préfixe dys- est de référer aux troubles spécifiques cognitifs ou d’apprentissage.
Interroger d’abord les ressources cognitives des enfants en souffrance/ échec scolaire doit être une priorité pour déceler un éventuel trouble dys-. Cela n’exclut pas une démarche d’évaluation cognitive (test de QI) ou un questionnement sur le développement psychique de l’enfant (estime de soi, place dans la famille, traumatisme…). Alain Pouhet affirme que les dys- ne sont pas une mode mais que s’interroger sur un “éventuel dys-” est plutôt une exigence éthique en présence d’un enfant ou d’un adolescent présentant des troubles de l’apprentissage.
Ces troubles cognitifs spécifiques (graves et durables malgré les aides) ont une cause mécanique et des conséquences en termes d’apprentissage. Alain Pouhet parle de “pannes cognitives” qui ont des conséquences délétères dans la construction des apprentissages scolaires, notamment à travers la double tâche cognitive (difficulté à écrire et comprendre à la fois, à lire et raisonner à la fois…).
Les fonctions cognitives
Aborder les troubles spécifiques des apprentissages impose de bien connaître et comprendre la notion de “fonctions cognitives“.
Nous faisons tout un tas d’activités grâce à notre esprit (on voit, on mémorise, on bouge, on parle, etc.). La cognition humaine est notre « appareil à penser ». Cette cognition a différents rôles (mémoriser, parler, bouger, etc.) : ce sont les fonctions cognitives, c’est-à-dire les différents grands rôles de notre cognition. Cette cognition a pour fonction de percevoir, de prêter attention, de mémoriser, de raisonner, de produire des mouvements, de s’exprimer.
On a coutume de parler de :
- perception,
- attention,
- mémoire,
- motricité,
- langage,
- raisonnement (ou parfois nommé fonctions exécutives).
Les fonctions cognitives ce sont donc différentes facettes de la cognition (de la pensée humaine), qui ont chacune leur rôle, et qui nous permettent de réaliser toutes nos actions. Si j’ai un trouble du langage je suis dysphasique. Si j’ai un trouble moteur, du mouvement, je suis dyspraxique. Si une fonction de peut pas se réaliser correctement, j’ai donc un trouble d’une fonction cognitive, un trouble cognitif, un trouble dys-.
Les différents traitements cognitifs permettent le traitement de l’information. Le bon fonctionnement de chacun d’entre eux et leur coordination permettent une synergie d’actions, terrain propice à la mise en place des apprentissages fondamentaux. Qu’une panne d’une (ou plusieurs) de ces capacités cognitives intervienne et le trouble spécifique des apprentissages survient.
Etre dys-, c’est finalement ne pas pouvoir mettre en oeuvre ses capacités conceptuelles, de raisonnement, pourtant préservées, parce que l’on est piégé par un outil cognitif défaillant. – Dr Alain Pouhet
Les différents vocables en dys-
Alain Pouhet insiste sur l’importance de différencier les troubles dys- et les symptômes repérés par les parents/ enseignants. Par exemple, en cas de dyspraxie visuospatiale (DVS), plusieurs difficultés peuvent apparaître : l’écriture est perturbée, la pose en colonne des opération est difficile, la lecture peut être impactée…
De même, un même symptôme scolaire (nommé dyslexie) peut être la conséquence de plusieurs troubles cognitifs (trouble du langage oral et/ou trouble métaphonologique et/ou trouble spatial et/ou trouble de la mémoire de travail…).
Ainsi, si différents symptômes observés par les parents/enseignants font penser à une dysgraphie + dyscalculie spatiale + dyslexie + dysorthographie, mais que le diagnostic ne porte que sur une dyspraxie visuospatiale (à l’origine des divers symptômes), alors on ne parle pas de multidys- : l’accompagnement se fera par un professionnel rompu à la prise en charge des enfants dyspraxiques (et non pas chacun des symptômes qui en découlent).
Une situation de multidys est en revanche envisageable si l’ensemble des symptômes scolaires présentés par l’enfant ne peut pas être expliqué par une seule cause cognitive.
Quand et vers qui se tourner pour des bilans et diagnostics ?
Alain Pouhet avertit : avant la question QUI, il est impératif de se poser la question QUAND. Pour lui, il est utile de proposer un bilan à un enfant en difficulté grave et durable dans un ou plusieurs apprentissages après avoir mis en place les aides habituelles prévues par le système éducatif (activités pédagogiques complémentaires par l’enseignant…). Quand l’écart se creuse avec le niveau moyen malgré les aides et adaptations de l’enseignant, le bilan apparaît nécessaire (surtout s’il y a des antécédents familiaux de dys-).
Le docteur Pouhet conseille de rencontrer le médecin scolaire, le psychologue scolaire et les membres du RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté dont une antenne est présente dans chaque circonscription). Les personnels du CMPP (Centres Médico Psycho Pédagogiques) et les orthophonistes en libéral peuvent également être consultés.
Par ailleurs, les associations de parents de dys- locales connaissent bien les acteurs du secteur formés au dys- (et surtout ceux non formés au dys-…).
Il est indispensable que les différents professionnels collaborent :
- un médecin ou pédiatre (bien au fait des pathologies dys-) peut réaliser une synthèse des rendus écrits,
- un psychologue peut écarter la déficience intellectuelle et proposer les premières hypothèses diagnostiques,
- les professionnels de la rééducation (psychomotricien, ergothérapeute, orthoptiste, orthophoniste) établissent les critères de sévérité et de durabilité et confirment (ou infirment) les hypothèses diagnostiques.
Ainsi, il est important de déterminer d’abord l’origine du trouble (en calcul par exemple) qui déterminera d’une part les rééducations et palliatifs et d’autre part qui sera le rééducateur le plus adapté. Cela peut être l’ergothérapeute en cas de trouble spatial (plutôt que l’orthophoniste).
Adresses des associations de parents :
Dysphasie : Avenir Dysphasie France
Dyslexie-dysorthographie : APEDA France et APEDYS
Dyspraxie France : DFD et Dyspraxique mais fantastique
TDA/H : TDA/H France
Fédération Française des Dys : FFDYS
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Source : Questions sur les Dys- : Des réponses (tordre le cou aux idées reçues, pour mieux comprendre et accompagner vers le succès) du Dr Alain Pouhet (éditions Tom Pousse). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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