La pression tue la performance

La pression tue la performance

La pression tue la performance

Crédit illustration : freepik.com

 

Les élèves en difficulté rêvent tous d’avoir des bonnes notes (même ceux qui se blindent derrière une nonchalance ou un mépris affichés). Leur mettre la pression n’est pas efficace et a plutôt tendance à miner leur confiance en soi, leurs efforts et leur motivation à court et long terme.

De plus, il se peut que ces enfants aient le sentiment que l’effort pour atteindre un tel objectif est hors de leur portée et risqué (pas de garantie de succès). L’utilité même de travailler plus est questionnée par de nombreux élèves : pourquoi avoir 18 quand un 12 obtenu sans effort est suffisant ?

Par ailleurs, l’injonction faite aux enfants ou adolescents dits “médiocres” de travailler plus n’est pas efficace. Rien ne garantit de passer de 4 à 12 juste en travaillant plus. Faire plus de la même chose inefficace ne rendra pas cette chose efficace. Il s’agit d’une question de processus et de qualité avant d’être une question de quantité.

Nous avons donc à notre disposition trois leviers que nous pouvons activer sans passer par le fait de “mettre la pression” sur les enfants et adolescents :

  • l’établissement d’objectifs atteignables,
  • des techniques de travail plus efficaces,
  • des paroles encourageantes et valorisantes.

1. L’établissement d’objectifs atteignables

Un objectif qui semble irréalisable à l’élève est démotivant car ce dernier se dit : « Je n’y arriverai jamais, je suis trop nul, c’est même pas la peine que j’essaie. »

Une approche plus efficace consiste à concevoir des objectifs atteignables en découpant le grand objectif final en petites étapes. L’idée est de permettre aux enfants et adolescents de progresser chaque jour sans difficulté insurmontable et donc de connaître des succès régulièrement.

Pour aider les enfants dans leur progression, on peut leur proposer un support imagé qu’ils pourront remplir au fur et à mesure de leurs progrès.

pour oser parler en public

 

 

2. Des techniques de travail plus efficaces

Travailler plus ne suffit pas toujours pour avoir des meilleures notes, mais travailler mieux permet de travailler plus efficacement.

Dans leur livre Neuropsychologie et stratégies d’apprentissage (éditions Tom Pousse), Rémi Samier et Sylvie Jacques proposent différentes stratégies de mémorisation efficaces et complémentaires. Ces stratégies sont utiles pour bien apprendre ses leçons et peuvent être présentées aux élèves pour leurs séances de révisions et devoirs :

  • élaborer (intégrer les nouvelles informations à son savoir, son vécu, ses propres mots – par exemple, chercher des exemples autre que ceux de la leçon/ créer ses propres supports comme des dessins, des schémas, des fiches de révision, des cartes mentales, des flash cards/ inventer des histoires, des chansons, des phrases amusantes/ mimer/ créer un acronyme …);

 

  • structurer (faire émerger la structure de la leçon – les chapitres, sous chapitres, les mots clés -, les principes directeurs, les règles importantes à retenir, organiser les informations en les regroupant par catégorie ou par opposition);

 

  • pratiquer (s’entraîner activement avec plusieurs stratégies : redire à l’oral avec ses mots, dessiner la leçon, lire un texte en lien avec la leçon, regarder une vidéo qui reprend des éléments de la leçon à apprendre…);

 

  • indicer (associer un repère pour retrouver les éléments de la leçon à apprendre : un mot clé, un dessin, un lieu, une image, se faire un petit film mental, surligner les mots ou passages importants de la leçon à apprendre…);

 

  • se tester régulièrement (en se posant des questions à soi-même, en utilisant des flash cards autocorrectives);

 

  • espacer les entraînements pour permettre un début d’oubli et faire l’effort de se rappeler;

 

  • varier les supports et les domaines d’apprentissage lors des séances de révisions.

CARTE MENTALE MEMORISATION

 

 

3. Des paroles encourageantes et valorisantes

Les paroles encourageantes et valorisantes insistent sur le chemin parcouru et les efforts déployés (même minimes) plutôt que regarder sans cesse le chemin qui reste à parcourir. Cela ne signifie pas de dire bravo à tout bout de champ mais de raisonner en termes de progression et d’espoir.

Complimenter les enfants sans les juger, sans les évaluer ni les comparer ou les classer encourage les efforts et la créativité. Voici quelques points-clés pour encourager et valoriser :

1.La marque d’attention semie verbale

Parfois, une simple marque d’attention économe en paroles peut passer le message à l’enfant que nous nous intéressons à lui et ses actes.

Nous avons souvent tendance à trop parler mais simplement regarder la peinture ou la tour de Lego d’un enfant et dire :”Ah oui, je la vois !” sont perçus comme d’authentiques encouragements.

Non seulement l’enfant n’est pas interrompu par une longue tirage mais il n’est amené à confondre existence et performance.

2.Souligner le processus

Quand les encouragements portent sur le processus, l’enfant est encouragé à poursuivre son projet. L’acte de création est valorisé plutôt que le résultat.

Cela peut passer par ce type de phrase : “ça avance bien” ou “c’est difficile et tu t’accroches”.

3.Être précis

Quand des adultes formulent un compliment qui porte sur une action spécifique, ils aident les enfants à s’orienter.

Par exemple : “Merci d’avoir…  sans que je ne te le demande”.

4.Souligner le timing

Le fait de féliciter les enfants quand ils ont choisi le bon moment pour faire quelque chose aide à renforcer les liens entre les différents membres de la famille.

Cela peut passer par des phrases du type “C’était vraiment le bon moment pour aider ton camarade. Cette affiche était,beaucoup trop haute pour lui, il n’aurait pas pu l’atteindre” ou, à l’inverse, “C’était vraiment le bon moment hier pour aider A. à finir son problème de maths. Mais, aujourd’hui, il t’a dit qu’il ne voulait pas de ton aide et qu’il veut essayer tout seul. C’est pour cela qu’il t’a rejeté.”

5.Souligner la difficulté ou l’erreur et les difficultés surmontées

Le simple fait de remarquer que l’enfant a travaillé fort sur quelque chose de difficile est l’une des meilleures manières de valoriser ses efforts.

Cela encourage la persévérance et indique à l’enfant que la difficulté et les erreurs font partie intégrante du processus d’apprentissage.

“Cette leçon de français t’a posé de nombreuses difficultés : j’ai vu que tu as demandé de l’aide et que tu as vraiment essayé de faire de ton mieux”.

6.Dire ce qu’on voit

Décrire ce qu’on voit comme une caméra qui enregistrerait la scène évite les jugements (bons ou mauvais). Cela donne l’occasion à l’enfant de décrire avec fierté comment il en est arrivé là et de formuler en lui-même la conclusion “je suis doué”, “j’ai bien réussi”.

Une observation du type “je vois des bulles jaunes et des traits rouges sur ta feuille” ouvre la porte à un échange positif.

7.Poser une question en lien avec la production/ les apprentissages en cours

Des questions telles que “Qu’est-ce qui était le plus difficile à mémoriser ?” ou bien “Comment as-tu fait pour imaginer… ?”  ouvrent une fenêtre sur le monde de l’enfant. Nous devenons les témoins de leurs apprentissages et de leur tâtonnement.

8.Reconnaître la frustration tout en rappelant les succès passés

Rappeler ses succès passés à l’enfant lui signale qu’on comprend sa frustration et qu’on a toute confiance en son intelligence, ses capacités.

Mieux vaut dire “Même si là, maintenant, tu n’es pas content de ta note, je t’ai souvent vu avoir des idées pour t’en sortir et remonter ta moyenne” que de donner des conseils : nos suggestions et conseils risquent non seulement d’être rejetés mais ils donnent également à l’enfant l’impression qu’il n’est pas à la hauteur, qu’on ne le croit pas capable de s’en sortir seul.

Par ailleurs, reconnaître la tristesse et la colère de l’enfant est primordial : un élève qui est déçu de sa note ou qui est en colère parce qu’il a trouvé le contrôle trop difficile mérite qu’on accueille pleinement ses émotions.

9.Ralentir et être simplement physiquement présent

Une présence calme et silencieuse peut suffire à encourager les enfants en leur assurant que nous nous soucions suffisamment d’eux pour leur accorder du temps et de l’attention.

10.Des paroles qui passent le message “Je crois en toi”

affiche valoriser enfants

………………………………………………………………………………………………………..

Pour aller plus loin : Je crois en toi : pourquoi et comment valoriser les enfants de Maria Basque, Ostiane Mathon, Isabelle de Lisle, Karine Le Goaziou (éditions Le Souffle d’Or) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

je crois en toi

Commander Je crois en toi sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac