4 idées fausses répandues autour des enfants à haut potentiel intellectuel (enfants précoces/surdoués)
4 idées fausses répandues autour des enfants à haut potentiel intellectuel (enfants précoces/surdoués)
Dans une conférence de 2016 sur le haut potentiel intellectuel, Nicolas Gauvrit, mathématicien et psychologue français spécialisé en science cognitive, propose une approche basée sur des méta-analyses pour démêler les mythes et les réalités autour du haut potentiel intellectuel.
Il décortique quatre idées fausses répandues autour des enfants à haut potentiel intellectuel (HPI).
1. Les personnes HPI sont curieuses et les non HPI sont fermées.
En général, il existe une différence entre les personnes HPI et les autres en ce qui concerne l’ouverture aux apprentissages et la curiosité. En moyenne, les surdoués/ précoces sont plus curieux que la population générale.
Mais il ne faut pas imaginer que les personnes HPI sont ouvertes et que les autres sont fermées. Il s’agit juste de dire que les surdoués/ précoces sont en moyenne plus curieux que les autres.
2. Les personnes HPI ont une pensée en arborescence.
Ce qui est présenté comme la pensée en arborescence correspond en fait à la pensée divergente, c’est-à-dire le fait d’avoir plusieurs idées à partir d’une idée unique.
Les personnes HPI ont en moyenne des scores plus élevés sur les composantes de pensée divergente donc elles ont, en moyenne, une capacité plus élevée à avoir plus d’idées que les autres à partir d’une idée unique.
Ainsi, on peut dire que, en général, il existe une différence entre les personnes HPI et les autres en ce qui concerne la créativité. En moyenne, les surdoués/ précoces sont plus créatifs que la population générale.
Pour autant, la pensée divergente n’est rien de plus qu’une composante de la pensée ordinaire que chacun possède et peut développer avec de l’entrainement et des techniques de pensée créative.
3. La douance est génératrice d’anxiété.
Les méta-analyses de Nicolas Gauvrit montrent que les personnes HPI sont aussi anxieuses que les personnes non HPI (voire moins anxieuses que les autres dans certaines études).
Il existe bien sûr des cas de personnes anxieuse ET surdouées mais cela ne veut pas dire que le haut potentiel intellectuel rend anxieux.
Ainsi, Nicolas Gauvrit rapporte que, parmi ces études sur l’anxiété chez les personnes précoces, seules 2 ont conclu que les personnes HPI sont plus anxieuses que la moyenne. La première a conclu que seules les filles HPI sont plus anxieuses que la population générale (les garçons précoces n’étant pas plus anxieux que la population générale) et la deuxième a conclu que les personnes HPI ont un taux d’anxiété métaphysique plus élevé que les personnes non HPI (sur les questions relatives à la mort ou à l’infinité de l’univers par exemple).
4. 30% des enfants précoces/ surdoués sont en échec scolaire.
Certains enfants précoces/ surdoués peuvent effectivement être en échec scolaire mais il est faux de voir une corrélation inverse entre le QI et la réussite scolaire.
D’après plusieurs études, les enfants HPI réussissent même mieux à l’école que les autres en général. Ils redoublent plutôt moins que les enfants de la population générale.
Les enfants HPI ne sont ni tous brillants ni tous en échec scolaire mais on peut dire que, en général, les enfants surdoués/ précoces sont moins en échec scolaire que les enfants non surdoués/ précoces. Il est donc faux d’avancer un nombre égal (ou supérieur) de 30% d’enfants HPI en échec scolaire mais ce chiffre est avancé par certaines associations spécialisées dans le soutien aux enfants HPI car, si les familles de ces derniers font appel à une association, c’est précisément parce que ces enfants sont en souffrance. Il y a donc surreprésentation des enfants HPI en souffrance (qui n’est pas à nier) dans les associations.
Ces quatre grands stéréotypes autour de la douance sont diffusés dans les médias auprès du grand public et dans les Ministères par les associations d’enfants HPI en souffrance (souffrance réelle et légitime par ailleurs).
Or le recours à la science ne permet pas d’affirmer que les enfants HPI sont plus anxieux, plus dépressifs ou plus en échec scolaire que les autres. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il n’existe pas d’enfants HPI dans ces cas de figure.
Pourquoi les mythes autour du haut potentiel intellectuel continuent-ils à être diffusés ?
Nicolas Gauvrit regrette que les problèmes des enfants à haut potentiel intellectuel soient surévalués, niant la chance que représente le haut potentiel.
La diffusion des mythes et stéréotypes autour des enfants surdoués/ précoces a des conséquences sur l’approche de ces enfants à l’école : les informations transmises aux enseignants par le Ministère sont en effet partiellement fausses.
Les difficultés rencontrées par certains enfants surdoués ne doivent pas pour autant être occultées, mais l’intelligence ne doit pas être vue comme un handicap. Elle peut (et doit ?) être vue comme une ressource pour un enfant, une classe et même la société.
Par ailleurs, l’intelligence n’explique pas tout car elle interagit en permanence avec une multitude de facteurs (l’environnement, la personnalité, les opportunités…). Personne n’est seulement son intelligence.
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Source : Haut Potentiel Intellectuel : un champ de recherche miné (Nanterre – février 2016) par Nicolas Gaudrit