Evaluer et noter : des synonymes ? (détour par la pédagogie Freinet)

Evaluer et noter : des synonymes ? (détour par la pédagogie Freinet)

Evaluer et noter : des synonymes ? (détour par la pédagogie Freinet)

Catherine Chabrun est enseignante et a fait le choix de la pédagogie Freinet dans sa classe. Elle a écrit le livre Entrer en pédagogie Freinet pour offrir des clés d’accès à cette pédagogie qui fait la part belle à l’émancipation des enfants et à la coopération via le respect des cheminements singuliers.

Catherine Chabrun estime qu’une certaine idée de l’évaluation perdure de nos jours à l’école, empreinte de l’idée qu’évaluer, c’est contrôler et noter une performance.

Alors, on la quantifie, on mesure les écarts entre différentes performances; on recherche une conformité; on met au point des critères, des dispositifs. On compare, on fait des statistiques : les bons élèves, les bonnes classes, les bons établissements, les bons pays…

Dès la petite section de maternelle, l’école se charge de faire comprendre les règles de cette course au long cours : les mieux notés seront les mieux servis en termes de choix d’orientation, de diplôme et donc de valorisation sociale.

Cette vision traditionnelle de l’évaluation conduit inexorablement à juger un enfant comme bon ou mauvais, plutôt que de dire qu’il sait ou ne sait pas et de comprendre l’origine de ses difficultés.

Dans les classes Freinet, les notes peuvent disparaître. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de notes qu’il n’y  a pas d’évaluation. Les enfants ont besoin de montrer ce qu’ils ont produit ou créé, ont besoin de voir leurs efforts et leur travail reconnus par d’autres.

Ce qui est important est de donner des outils aux enfants pour qu’ils visualisent leur progrès, réussites et échecs, pour qu’ils évaluent ce qu’ils ont appris, ce qui leur reste à apprendre.

En pédagogie Freinet, l’évaluation revêt trois aspects importants :

  • l’évaluation de l’enfant par lui-même (l’auto évaluation),
  • l’évaluation de l’enfant par le groupe, la classe,
  • l’évaluation de l’enfant par l’enseignant.

L’interaction de ces trois types d’évaluation aboutit à une évaluation complète qui profite en premier à l’enfant. Evaluer devient ainsi donner de la valeur, valoriser.

Cette vision de l’évaluation des enfants implique :

  • des temps réguliers d’expression : orale, écrite, mathématique, scientifique, artistique, corporelle
  • des temps réguliers de communication (présentation de textes libres, lectures, recherches, projets, création)

La pratique de l’évaluation n’a pas besoin d’attendre la fin du trimestre car elle se réalise au quotidien :

  • pour donner les moyens de personnaliser les apprentissages des enfants,
  • pour que l’enfant se sente encouragé dans ses progrès,
  • pour que les réussites des uns deviennent des ressources potentielles pour l’ensemble du groupe (entraide, coopération, échange de savoir étant au coeur de la pédagogie Freinet),
  • pour bénéficier de repères aidant chaque enfant à se situer quant aux attentes de l’école,
  • pour permettre à chacun de choisir le moment où il s’estimera en mesure de passer l’évaluation, de montrer une production, de présenter un texte, un livre, une recherche,
  • pour enrichir la culture de la classe.

On est bien loin de la note qui arrive tel un couperet sans espoir de retour et de la réussite aux dépens des autres. C’est une réussite solidaire et non compétitive. – Catherine Chabrun

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Source : Entrer en pédagogie Freinet de Catherine Chabrun (Editions Libertalia)

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