Douze images de l’école d’après (pour une école et une société de la justice, de la démocratie et de la solidarité)
Douze images de l’école d’après (pour une école et une société de la justice, de la démocratie et de la solidarité)
Dans son livre Construire ensemble l’école d’après, Sylvain Connac propose des pistes pour une “école d’après” qui ne soit pas un simple retour à un système qui a montré ses failles. Ces propositions, sous forme de douze images de l’école d’après, peuvent servir de points d’appui pour une école et une société de la justice, de la démocratie et de la solidarité.
- Une écoute plus grande de la parole des acteurs : des élèves en classe, des enseignants dans leur établissement, pour développer l’esprit de responsabilité et d’engagement.
- Une prise en compte des nouveaux outils technologiques, avec leurs limites, mais aussi toute leur potentialité comme l’a révélé l’enseignement à distance.
- Une école qui prend soin de la qualité des relations, dans la relation aux élèves pour accompagner leurs apprentissages et dans celle entre adultes pour le confort de chacun.
- Une école qui fait vivre le groupe, qui favorise la parole partagée, apaisée et démocratique
- Des savoirs et des activités en prises avec le monde d’aujourd’hui, pour donner plus de sens aux savoirs scolaires.
- Des croisements de disciplines, nécessaires pour appréhender un monde complexe, notamment les questions de santé et d’environnement.
- Une intégration des apports des recherches sans dogmatisme et en incluant les regards (neurosciences, sociologie, psychologie, didactique, pédagogique…).
- Une formation continue de l’esprit critique, fondé sur la méthode scientifique.
- Le refus de marginaliser les activités artistiques et culturelles, mais au contraire les valoriser sans les opposer aux « fondamentaux ».
- Une école plus ouverte, et non un « sanctuaire » fondé sur la méfiance envers le local, même si elle doit garder son rôle propre.
- Des acteurs formés au travail collectif et encouragés dans leur créativité.
- Une école qui se pose constamment la question du « comment réduire les inégalités », pas seulement sur le plan des moyens et du fonctionnement institutionnel, mais au plus près des pratiques quotidiennes.
Ces douze propositions sont illustrées par des témoignages d’enseignants qui exposent leurs pratiques pédagogiques et notamment ce qu’ils ont mis en place pendant le confinement de mars à juin 2020, dans tous les niveaux et toutes les matières. On y retrouve également des analyses de sociologues, de chercheur en science de l’éducation, de journalistes ou autres professionnels de l’éducation (Gérald Bronner sur l’esprit critique et les médias, Michel Tozzi à propos des débats philo…).
François Bubet, sociologue, regrette que, pour la majorité des élèves français, l’essentiel du temps scolaire consiste à prendre des notes, à apprendre des leçons et à se préparer aux évaluations. Il regrette que le travail collectif reste rare et que les élèves français travaillent seuls dans la mesure où ils apprennent d’abord pour être évalués et classés.
De ce point de vue, les élèves ne font rien ou pas grandchose: ils apprennent les sciences mais n’en font pas beaucoup; ils apprennent la littérature mais n’écrivent pas et ne font pas de théâtre; ils doivent avoir des idées mais n’en discutent pas. Non seulement l’idée de faire quelque chose n’est pas très vivante dans la culture scolaire française, mais elle a du mal à se couler dans le module homogène de la classe. Alors, elle est souvent renvoyée au « périscolaire » et au seul enthousiasme des enseignants. La classe, la prise de notes et l’interrogation pèsent d’autant plus qu’elles semblent être seules en mesure de conduire les meilleurs élèves vers l’excellence des « voies royales ». Le travail commun, l’activité partagée, la pratique, sont alors réservés aux élèves les plus faibles, ceux qu’il faut motiver et qui sont en difficultés, ceux qui feront quelque chose dans les filières technologiques et professionnelles. Ceux qui occuperont demain les emplois peu valorisés dont le confinement démontre qu’ils sont aussi nécessaires à notre survie et à notre vie commune que ceux des « premiers de cordées » qui sont aussi d’anciens « premiers de la classe ». Faire quelque chose à l’école, et quelque chose ensemble, permettrait aux élèves de découvrir des talents, des compétences et des métiers que l’école ignore et méprise parfois. – François Bubet
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Source : Construire ensemble l’école d’après de Sylvain Connac avec la contribution de Jean-Charles Léon et Jean-Michel Zakhartchouk (éditions ESF Sciences Humaines). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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