Ce n’est pas l’échec en soi qui démotive.

Ce n’est pas l’échec en soi qui démotive.

échec démotive

Un échec analysé ouvre des perspectives.

Ce qui démotive n’est pas tant l’échec que l’échec non expliqué ou l’échec sanctionné par une punition ou toute autre humiliation. Il est plus efficace de s’intéresser au comment qu’au combien (la note) pour redonner confiance en soi aux enfants et adolescents (et donc préserver leur motivation). Quand une “mauvaise” note ou un échec (à un examen par exemple) est analysée et expliquée dans une perspective empathique et positive, cet échec ouvre des perspectives.

De plus, il est important d’avoir en tête que la motivation humaine est changeante : elle dépend de la fatigue, des événements, des émotions. Il est inefficace de toujours chercher la “positive attitude” ou de vouloir à tout prix motiver, booster, sortir de la zone de confort. La compréhension et l’empathie sont à privilégier; de même que créer de l’espoirpour le futur. Moins de pression, plus de valorisation !

Accueillir la tristesse liée à l’échec

Par ailleurs, il est important d’accueillir la tristesse liée à l’échec. Non seulement il est inutile de punir ou “engueuler” l’enfant ou l’adolescent qui a reçu une mauvaise note, mais il est sain pour leur santé mentale de valider leur déception : “Oui, tu es triste. C’est tellement décourageant, tu aurais aimé avoir au moins la moyenne. Ça te donne envie de tout abandonner et j’ai l’impression que tu as envie de pleurer. Tu peux pleurer dans mes bras si ça te fait du bien.”; “Tu es en colère contre ton prof, il n’a pas réexpliqué quand tu as demandé et tu te sens perdu. Tu aurais aimé du soutien de sa part.”

Ce type de réaction permet d’établir une profonde connexion empathique qui offre de l’apaisement à l’enfant et ouvre vers une recherche de solutions. Une fois que les émotions de tristesse, de déception et peut-être de colère ont été déposées dans un cadre bienveillant, l’enfant est réceptif à des suggestions pour progresser et s’améliorer. Il est important de noter que des conseils non sollicités ne seront pas suivis.

Construire sur les échecs

La métacognition pour identifier les ajustements à réaliser 

La métacognition permet de comprendre ce qui a manqué pour réussir ou les circonstances qui expliquent la démotivation, voire le décrochage. La métacognition est la représentation qu’a une personne sur ses connaissances et la façon dont elle peut les construire et les utiliser. La métacognition consiste à avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux.

La métacognition recouvre plusieurs aspects :

  • la connaissance qu’on peut avoir de processus cognitifs, d’opérations mentales nécessaires pour accomplir une tâche ;
  • la capacité à utiliser cette connaissance lors de l’accomplissement de la tâche

Ainsi, les adultes peuvent demander aux élèves des questions clés pour mettre au jour leurs processus méritant des ajustements :

    • Tu as fait un hors sujet : qu’est-ce qui t’a induit en erreur ?
    • Tu n’es pas encore au point. Que peux-tu apprendre de tes erreurs ?
    • Ces difficultés sont ton point de départ : qu’est-ce que tu peux entreprendre pour les dépasser ? Quelle est la première chose que tu peux mettre en place ?
    • Qu’est-ce qui dépend de toi ? Comment agir sur ce que tu peux contrôler ? (par exemple, classer les priorités)
    • De quelle sorte d’aide as-tu besoin ? Comment l’obtenir ?
    • Qu’est-ce que tu penses avoir appris en faisant ce travail ? Ou que fallait-il connaître pour bien le réaliser ?

L’idée est vraiment d’identifier ce qui n’a pas marché et de prendre des mesures correctives en fonction des difficultés précises : dans la préparation, dans l’organisation des révisions, dans les réponses aux questions…

Les suggestions peuvent porter sur plusieurs éléments :

Certains jeunes mettent en œuvre des stratégies d’évitement.

Poser des étiquettes sur les enfants et les adolescents (“Tu es nul”, “Les maths, c’est pas fait pour toi de toute façon”, “Tu es fainéante”) dégrade la motivation. Certains élèves adoptent des stratégies pour éviter la honte comme le fait de ne pas travailler pour justifier les mauvaises notes par un non travail plutôt que par une non compréhension honteuse ou alors les “mauvais” élèves tirer des bénéfices secondaires à être mauvais élèves comme un statut social valorisant (qui nourrit le besoin d’affirmation personnelle).

Sous leurs airs fanfarons, beaucoup d’adolescents sont malheureux de ne pas réussir même s’ils le montrent pas.

Les trois fondements de la motivation

Selon Julien Masson, maître de conférences à l’Université Claude Bernard Lyon 1,les trois fondements de la motivation sont :

  1. l’autonomie (le besoin d’être libre de ses propres choix, de se sentir à l’origine des actions, sans avoir l’impression de subir ou d’être contraint)
  2. la compétence (le besoin de se sentir compétent, capables d’effectuer les tâches demandées)
  3. l’appartenance sociale (le besoin de se sentir soutenu, encouragé et d’être aimé)

L’autonomie

Un enfant a besoin de faire des choses à la hauteur de ses capacités par lui-même (même si c’est moins bien fait et moins rapidement exécuté).

La compétence

Construire le sentiment de compétences passe par :

  • souligner les efforts et le travail plus que les notes, le processus et les stratégies plus que les résultats

encouragement compliment

  • poser des questions pour identifier les origines des erreurs et aider à construire des ressources personnelles
  • insister sur le pouvoir du “bientôt” (tu ne sais pas faire pour le moment et tu sauras bientôt faire) et du “pas encore” (tu n’y arrives pas encore) pour ne pas supprimer l’espoir

L’appartenance sociale

Les enfants sont bien plus que des élèves et vivre, c’est plus que courir après les bonnes notes. Il est important que les enfants se sentent utiles, acceptés, appréciés pour ce qu’ils sont, tels qu’ils sont (en dehors de toute performance scolaire ou sportive). L’appartenance sociale va de pair avec le sentiment de bien-être et de sécurité car la recherche de réconfort est une stratégie efficace et d’ordre neurobiologique face à la peur et au stress.

Par ailleurs, un enfant sociable, qui a des amis et prend soin des autres, possèdent des compétences relationnelles qui ne sont pas notées. Pourtant, l’intelligence interpersonnelle est une forme d’intelligence qu’il convient de valoriser au même titre que les autres formes d’intelligence.

 

Quand ces trois besoins sont satisfaits (autonymie, compétence, appartenance), l’enfant/ l’adolescent peut construire un fort sentiment d’efficacité personnelle. Le sentiment d’efficacité personnelle ressemble beaucoup à la confiance en soi mais il est à construire et à renforcer pour chaque nouveau défi.