6 manières d’instaurer un climat qui favorise l’empathie en classe

6 manières d’instaurer un climat qui favorise la connexion et l’empathie en classe (avec la discipline positive)

Dans leur livre La discipline positive en classe, Jane Nelsen et Lynn Lott insistent sur les bienfaits de l’empathie en classe. Instaurer un climat positif relève de la responsabilité de l’enseignant. Jane Nelsen et Lynn Lott rappellent que la plupart des enseignants se soucient effectivement de leurs élèves, mais que ces derniers ne s’en rendent pas compte. Les stratégies utilisées par certains enseignants pour satisfaire leurs besoins (besoin de respect, de coopération, de contribution, de sens, d’ordre…) peuvent ne pas participer à créer de la connexion avec les élèves. Nelsen et Lott invitent de ce fait les enseignants à créer une relation empathique, chaleureuse en classe et à développer la certitude chez les élèves que l’on se soucie authentiquement d’eux. Une atmosphère bienveillante peut passer par le fait de :

  • Encourager les élèves à percevoir leurs erreurs comme des opportunités d’apprentissage et une chance de progresser,
  • Avoir confiance dans la capacité des élèves à contribuer dans le groupe de façon significative et positive,
  • Écouter les élèves et prendre leurs pensées et leurs émotions au sérieux,
  • Impliquer les élèves dans les processus de décision,
  • Aider les élèves à comprendre les conséquences de leurs choix dans un environnement dépourvu de menace qui favorise la résolution des problèmes plutôt que les punitions.

Lorsque les élèves se sentent appréciés, ils ont envie de se montrer coopératifs, et non d’avoir un comportement inapproprié. Lorsqu’ils ne ressentent pas le besoin de mal se comporter pour attirer l’attention et percevoir leur propre valeur, alors ils sont libres d’apprendre. – Jane Nelsen (La discipline positive en classe)

Jane Nelsen et Lynn Lott formulent quelques suggestions sur les moyens d’instaurer un climat qui favorise l’empathie en classe (que ce soit entre enseignants et élèves ou entre les élèves eux-mêmes).

1. Moduler le ton de la voix pour transmettre des messages de chaleur et d’empathie (plutôt que de critiques)

Nelsen et Lott soulignent l’importance de la communication non verbale et notamment celle du ton de la voix (niveau sonore, rudesse, posture du corps fermée qui accompagne les paroles…) et celle des mots employés (cris, critiques, humiliations, négation des émotions…)

2. Écouter, accueillir et valider les émotions des jeunes pour favoriser l’empathie en classe

Les élèves apprécient les enseignants qui les respecte, qui les écoute et qui montre de la joie dans son travail.

Nelsen et Lott mentionne une anecdote à propos d’un enseignant américain. Il a introduit dans sa classe une sorte de mascotte, un ours en peluche en classe qu’il présente à ses élèves en disant  : «  Voici notre ours d’empathie. Si l’un d’entre vous se sent découragé, le moral un peu en berne, il peut venir chercher l’ours, il l’aidera à se sentir mieux.  »  Au cours de l’année, il n’est pas rare que certains élèves viennent voir M.   Rasmussen à son bureau pour lui dire «  J’ai besoin de l’ours d’empathie  », un peu comme un message codé pour dire «  J’ai besoin d’être écouté et pris au sérieux dans ce que je ressens  ». Parfois, lorsque M.   Rasmussen remarque qu’un élève n’est pas en forme, il lui lance la mascotte de l’empathie. C’est une façon symbolique de dire  : «  Je me soucie de toi. Je n’ai pas le temps de passer un moment avec toi immédiatement, mais je me soucie de toi.  »

Cet exemple montre de façon un peu inhabituelle que la connexion passe par l’écoute de l’autre, ainsi que par la certitude de se sentir pris en compte.

Valider les émotions peut se faire par le dialogue mais aussi de façon non verbale, dans un échange de regards, un geste ou même une peluche envoyée au travers de la classe  ! – Jane Nelsen et Lynn Lott

3. Mettre les sorties scolaires au service du vivre ensemble et de la connexion 

Les enseignants peuvent utiliser les sorties scolaires comme de bonnes occasions de générer des émotions positives avec les élèves. Non seulement la sortie en elle même peut être amusante et plaisante, mais également représenter une façon pour les élèves de créer des liens entre eux, pour les enseignants de mieux les connaître, sous un autre angle, en dehors de la classe. Autant d’occasions de célébrer la joie d’apprendre, d’être ensemble et de vivre des aventures éducatives.

4. Identifier les qualités de chaque élève et les valoriser 

Chaque année, dans une petite école parisienne, une enseignante de CM2 demande à ses élèves en début d’année de préparer une feuille A4 sur laquelle ils présentent ce qu’ils aiment et ce qu’ils savent faire, leurs compétences que ce soit en hip-hop, en skateboard, en mathématiques, en poésie ou autre. Ils accrochent ensuite toutes les feuilles A4 sur un mur de la classe pour constituer ce qu’elle appelle « le mur des talents », l’idée étant de pouvoir aller chercher les ressources de l’un ou de l’autre en cas de besoin.

Les élèves sont également amenés au cours de l’année à choisir une compétence qu’ils aimeraient développer et à réfléchir sur les stratégies et moyens pour les cultiver chez eux-mêmes (par exemple, se rapprocher des autres élèves qui l’ont déjà et voir comment ils font).

5. Faire preuve d’humour

Parfois les enseignants oublient de voir le côté humoristique de certaines situations avec leurs élèves. À l’inverse de ce que l’on enseigne parfois aux professeurs débutants, c’est bien de ne pas être sérieux tout le temps. Il ne s’agit pas d’utiliser le sarcasme en guise d’humour pour rabaisser des élèves ni de rire à leurs dépens. Ce ne serait pas respectueux. L’intention qui nous anime est aussi importante que ce que l’on fait.

Si l’empathie en classe pour les élèves est sincère, ils recevront le message cinq sur cinq.

6. Mettre la lumière sur la progression et non sur la perfection

Les élèves savent que leurs enseignants se soucient d’eux lorsque le curseur est mis sur la progression plutôt que sur la perfection. Les classes peuvent ne jamais être parfaites, mais chaque échec, chaque nœud rencontré peut offrir une occasion de trouver des solutions. Même si l’on se sent découragé, ou que notre lente progression est émaillée de petits pas en arrière, il est important de garder pour fil rouge la question suivante  : «  Qu’est-ce que l’on peut faire pour résoudre ce problème  ?  » Non seulement ce questionnement traduit l’empathie que l’on ressent pour les élèves, mais elle les encourage à en avoir aussi et à s’entraider.  – Jane Nelsen et Lynn Lott

Jane Nelsen et Lynn Lott relatent dans leur livre l’expérience d’une classe de CE2. Dans cette classe, le foot était l’activité principale des enfants à la récréation. C’était une véritable passion pour eux, mais aussi une source de conflits et de violences récurrents qui altéraient le climat de la classe. La maîtresse partagea avec la classe le fait qu’elle voyait bien que les enfants adoraient le foot, qu’ils étaient très motivés, mais qu’il n’était pas possible de laisser des conflits et des violences dégrader leurs relations et le climat de la classe. Elle les sollicita pour trouver des idées qui aideraient à résoudre ce problème. Ainsi, à la demande de la maîtresse, les enfants identifièrent deux sources principales de frustration  : d’une part, c’était toujours les mêmes qui choisissaient les équipes et qui « commandaient ». D’autre part, certains bousculaient les autres violemment en disant que c’était une règle autorisée du foot. Avec l’aide de la maîtresse, les enfants cherchèrent des solutions et s’accordèrent sur deux choses  : le « capitaine d’équipe » serait une responsabilité attribuée en classe, comme les autres responsabilités de classe, pour une semaine. Dans cette classe de CE2, les responsabilités tournaient chaque semaine. Un groupe de trois élèves volontaires ferait une recherche sur les règles exactes de la Fédération française de football pour savoir exactement ce qu’il en était des « bousculades autorisées ». Le groupe présenterait le fruit de ses recherches à la classe la semaine suivante. Une discussion suivrait l’exposé.

Les conflits relatifs au foot ne disparurent pas en un jour. Mais l’intérêt que la maîtresse manifesta pour aider ses élèves à résoudre leur problème généra chez eux une envie de coopération. Il fallut plusieurs ajustements, mais les violences diminuèrent.

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Source : La Discipline positive dans la classe de Jane Nelsen et Lynn Lott (éditions Le Toucan). Disponible en librairie, en médiathèque ou en ecommerce.

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