Certains élèves ont besoin d’un haut niveau de stimulation sensorielle et auditive pour mieux fonctionner (et non pas de silence ou d’immobilité)

Certains élèves ont besoin d’un haut niveau de stimulation sensorielle et auditive pour mieux fonctionner (et non pas de silence ou d’immobilité)

Certains élèves ont besoin d'un haut niveau de stimulation sensorielle et auditive pour mieux fonctionner

Hyperactivité et niveau de vigilance

Dans sa conférence Le TDAH chez l’enfant à Haut Potentiel, Sylvie Tordjman (Professeur en Pédopsychiatrie, Chef du Pôle Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et l’Adolescent (PHUPEA) de Rennes) avance quelques résultats de ses recherches sur les enfants haut potentiel hyperactifs.

Elle explique que, pour ces enfants, l’hyperactivité est une sorte de moteur. Les enfants à haut potentiel hyperactifs auraient besoin de stimulation aussi bien internes que externes pour fonctionner correctement. Toute cette agitation motrice leur permettrait de monter à des niveaux de vigilance qui correspondent à leurs besoins physiologiques.

Cet élément est d’ailleurs à la base de la médicamentation prescrite pour le TDAH. L’effet stimulant diminue les comportements d’hyper activité en lui assurant un niveau de stimulation interne qui permet à l’enfant de ne plus avoir besoin d’avoir recours à une agitation motrice lui assurant un certain niveau d’éveil et de vigilance.

Extraversion – introversion

Sylvie Tordjman s’appuie sur les travaux de Hans Eysenck et fait référence aux traits de personnalité extraversion – introversion. Les personnalités sont modelées à la fois par des facteurs génétiques et des facteurs d’environnement (l’environnement renforçant certains traits vulnérables en termes génétiques).

Les personnalités extraverties auraient besoin de stimulations internes et externes de façon à monter leur niveau d’éveil et de vigilance. Elle ont en effet besoin physiologiquement d’un haut niveau d’éveil (atteint via les stimulations sensorielles) pour bien fonctionner.

Hans Eysenck a mené des études sur les conducteurs de bus. Les conducteurs de bus extravertis ont plus d’accidents quand on ne leur parle pas; les chauffeurs de bus introvertis ont significativement plus d’accidents quand on leur parle. La règle “Interdiction de parler au chauffeur” ne tient pas compte des différences interindividuelles et cela se fait au détriment de la sécurité de tous.

Et dans la salle de classe ?

Sylvie Tordjman élargit ce raisonnement à la salle de classe. Certains élèves ont besoin d’un niveau élevé de stimulation sensorielle et auditive pour pouvoir mieux fonctionner. La règle qui veut que les élèves doivent travailler en silence semble aussi préjudiciable que celle qui concerne les chauffeurs de bus.

Une étude (Geen, 1984) a montré que, quand on leur laisse le choix de l’environnement sonore dans lequel ils préfèrent travailler, introvertis et extravertis ne vont pas choisir le même niveau sonore (les extravertis choisissant des niveaux sonores plus élevés). Si on force un introverti à travailler dans un environnement sonore désigné comme idéal par un extraverti, le premier va se retrouver en difficulté d’un point de vue physiologique (tachycardie). Inversement, un extraverti dans un niveau sonore trop faible se retrouve en bradycardie.

Sylvie Tordjman affirme qu’il y a une relation significative entre les scores d’extraversion et l’hyperactivité des enfants à haut potentiel. Dans ses consultations avec des enfants à haut potentiel en difficulté, Sylvie Tordjman a remarqué que des enfants à haut potentiel arrivent beaucoup mieux à se concentrer s’ils ont la télé allumée, la musique à fond ou qu’ils manipulent des choses avec leurs mains

Généralement, l’idée reçue est que, quand un enfant est hyperactif, il faut le placer seul au fond de la classe sans distraction ni personne pour lui parler afin qu’il puisse mieux se concentrer. En réalité , ces enfants ont peut-être besoin d’un certain niveau de stimulation pour maintenir leur niveau d’éveil et de vigilance. Il est également possible de leur proposer des temps de stimulations sensorielles intenses afin qu’ils se canalisent, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Cela peut se faire dans des salles dédiées, entre les cours, ou même pendant les cours si les élèves dérangent le reste de la classe.

Sylvie Tordjman estime que ces études menées sur les enfants à haut potentiel hyperactifs peuvent faire émerger des pistes également valables pour les enfants qui ne sont pas à haut potentiel.

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Source : vidéo Sylvie Tordjman : Le TDAH chez l’enfant à Haut Potentiel (02/2016) sur la chaîne Association TDAH-ImPulse