3 pistes pour améliorer l’attention des enfants et adolescents à l’école
3 pistes pour améliorer l’attention des enfants et adolescents à l’école
Dans son livre Comprendre le cerveau de son enfant, Pascale Toscani formule trois propositions pour améliorer la performance du système attentionnel des enfants et des adolescents à partir des connaissances les plus récentes sur le cerveau humain.
1.Donner du relief aux informations
Le monde que l’enfant découvre est vaste, et ce que son cerveau va traiter, c’est-à-dire à la fois inhiber et/ou retenir, est dépendant de la manière dont son environnement donnera du sens à ce qui l’entoure et à ce qui arrive.
Finalement, porter son attention sur quelque chose, c’est lui accorder de l’importance parce que cette chose a un sens pour nous.
Pascale Toscani estime qu’il relève de notre responsabilité d’adultes est d’aider les enfants et adolescents à faire la différence entre une information digne d’intérêt et une information parasite.
En classe, cela peut passer par le fait d’annoncer que tel élément doit être absolument retenu ou par la création d’une fiche bilan avant une évaluation qui récapitule ce qui doit être su par coeur, ce qui doit être reformulé avec ses propres mots et ce qui est complémentaire. Ce type de fiche bilan donne par ailleurs une direction au cerveau qui est alors moins désorienté et moins sous stress.
2.Nourrir le système de récompense du cerveau
Pascale Toscani rappelle l’importance de prendre en compte la nature de la tâche et son intérêt pour l’enfant, l’âge de l’enfant, son état de fatigue ou de stress, le moment de la journée, avant de penser à un déficit d’attention. Ce n’est pas un scoop de dire qu’il est difficile de faire attention à quelque chose qui ne nous intéresse pas.
Les circuits de récompense déclenchent un effet de plaisir à travers la libération d’hormones comme la dopamine chaque fois que notre cerveau éprouve de la satisfaction dans la réussite d’un apprentissage.
La capacité à se concentrer est d’autant plus forte et efficace quand elle met en jeu ce circuit de récompense. Dans le cadre scolaire, beaucoup d’enfants et d’adolescents rencontrent des difficultés parce qu’ils ne voient pas l’intérêt de ce qu’ils apprennent.
Deux options sont possibles :
- créer un intérêt “artificiel” en passant par un aspect ludique, par des histoires et anecdotes, par des questions, ou bien en disant de manière explicite pourquoi telle ou telle chose est enseignée (par exemple, apprendre par coeur les formes du preterit des verbes irréguliers en anglais permet 1) de construire des phrases au passé compréhensibles par tous les autres anglophones et 2) de répondre aux attentes du professeur lors de l’évaluation (exemples : donner la forme preterit à partir de la base verbale, retrouver la base verbale à partir du preterit, passer des phrases en anglais du présent au preterit, traduire des phrases au passé du français à l’anglais…).
- respecter les centres d’intérêt des enfants en s’affranchissant des programmes scolaires (c’est le point commun de toutes les pédagogies dites alternatives et que poussent à leur paroxysme les écoles démocratiques inspirées par le modèle Sudbury)
3.Engager l’enfant dans des tâches qui demandent attention et concentration
Nous pouvons habituer les enfants à effectuer des activités de longue haleine (coudre un vêtement, réaliser une sculpture sur bois ou un panier en osier, jouer à un jeu de société de stratégie…). Cela participe à développer le sens du travail à long terme et à donner du sens aux petits efforts qui, cumulés, donnent une grande réalisation.
Ces activités longues participent par ailleurs à construire la capacité à inhiber des enfants et des adolescents. L’inhibition est surtout en lien avec les apprentissages difficiles. L’apprentissage ne se fait pas de manière linéaire (on passe d’un niveau 1 à un niveau 2 puis à un niveau 3) car certaines erreurs sont persistantes et il est nécessaire de développer l’inhibition cérébrale chez les apprenants pour que ces erreurs persistantes n’émergent pas à nouveau.
Pour aller plus loin sur l’inhibition : Olivier Houdé – Le cerveau apprend en inhibant
Nous pouvons également ajouter l’importance du mouvement dans la construction de la capacité à se concentrer. Si la contribution physique du corps est nécessaire à l’intégration de nouveaux concepts abstraits par le cerveau, enseigner à des élèves statiques et assis sur une chaise toute la journée n’est peut-être pas l’approche la plus efficace. Il se trouve que les élèves étouffent leur potentiel cérébral en restant immobiles. Si le cerveau a été inventé par l’évolution, c’est d’abord pour gérer les mouvements du corps et la coordination des organes. Des animaux comme la méduse ou l’oursin n’en ont pas car leur survie peut être garantie par une simple série de réflexes. C’est l’évolution vers un corps complexe qui a imposé l’existence d’un cerveau. On comprend alors que mieux utiliser son corps (notamment via la danse comme le préconise Lucy Vincent) puisse permettre d’optimiser le fonctionnement de son cerveau.
Il est utile de garder en tête que la capacité à rester attentif passe par un apprentissage long car cet apprentissage suppose de savoir résister aux sollicitations extérieures. Même les adultes se laissent distraire par le vibreur de leur téléphone.
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Source : Comprendre le cerveau de son enfant de Pascale Toscani (éditions Hatier). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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