3 systèmes de motivation et comment ils influencent la qualité de l’apprentissage chez les élèves
3 systèmes de motivation des élèves
Selon Daniel Favre, auteur du livre Cessons de démotiver les élèves !, il existe 3 systèmes de motivation des élèves à connaître et à prendre en compte pour favoriser les apprentissages.
Le système de motivation des élèves SM1 : sécurisation
Dans la motivation de sécurisation (SM1), le sentiment de bien-être ou de frustration est associé à la satisfaction ou non de besoins biologiques et psychologiques essentiels dans une relation de dépendance à autrui. Elle est liée à la sécurité dans la stabilité et le connu.
Ce système de motivation est donc prédominant au début de la vie pour devenir de moins en moins important au fur et à mesure de la croissance en autonomie. Cependant, ce système de motivation reste à tout âge (y compris adulte) à l’origine du plaisir que les humains ont à :
- réaliser des tâches maîtrisées,
- retrouver des situations ou des lieux connus,
- recevoir de l’affection ou de la reconnaissance,
- être accepté tel que nous sommes sans être jugés,
- évoluer dans un cadre défini par des règles connues et stables.
En SM1, un élève est en référence externe puisqu’un tiers (parent, enseignant, camarade…) intervient pour la satisfaction de ses besoins (ou, à l’inverse, pour l’insatisfaction).
Exemples :
Un.e élève qui exprime son plaisir : “Je suis content.e car le prof a dit que j’ai progressé”
Un.e élève qui exprime sa frustration : “Je lève souvent la main mais la prof ne me donne jamais la parole”
Le système de motivation des élèves SM2 : innovation
Dans la motivation d’innovation (SM2), le plaisir a pour origine les conduites par lesquelles un être humain gagne de l’autonomie (physique, intellectuelle ou affective), surmonte des difficultés, fait preuve de création et d’innovation.
Ce plaisir est indissociable d’une position de responsabilité. Les satisfactions qu’il procure à travers différentes conduites (apprendre, créer, échanger des points de vue différents, résoudre un problème…) ne sont souvent pas immédiates et nécessitent des efforts et un investissement.
L’élève est en référence interne car il n’y a pas d’intermédiaire entre le plaisir (ou la frustration) et l’élève.
Exemples :
Un.e élève qui exprime son plaisir : “Je suis content.e car je sens que je progresse/ que je comprends mieux”
Un.e élève qui exprime sa frustration : “Je suis déçu.e car je n’ai pas réussi l’objectif que je m’étais fixé”
Le système de motivation des élèves SM3 : addiction et dépendance
Dans le cas de la motivation d’addiction (SM3), le plaisir serait associé à la recherche et au maintien de la dépendance. Daniel Favre parle de “programmes étrangers” équivalant à des conditionnements inconscients acquis principalement pendant l’enfance. Ils entraînent la répétions d’actes ou de pensées limitant le développement de l’autonomie .
Ces programmes étrangers sont comme des petites voix à l’intérieur de nous : des “injonctions verbales ou non verbales de type hypnotique qui parasitent comme un virus notre identité”. Ces injonctions prennent souvent la forme du verbe être + jugement : tu es nulle/ bon; tu es bon/ mauvaise…Ce type de jugements enferme dans une catégorie.
Ce n’est pas la même chose de dire “tu es nul en maths” et de dire “tu as fait quatre erreurs : les as-tu identifiées ? de quoi as-tu besoin pour les corriger ?”
Si je suis persuadé d’être nul, je ne m’affronte plus aux apprentissages ou le moins possible, cela est trop désagréable. Si l’on me force, si l’on me menace, je vais m’y mettre mais avec peu d’entrain, peu d’énergie et les résultats souvent insuffisants vont me confirmer dans cette certitude : je suis vraiment nul. – Daniel Favre
Exemples :
Un.e élève qui exprime son plaisir : “Je ne suis content.e que si le prof me dit que je progresse” (sous entendu en programme étranger -> je me sens nul.le).
Dans ce cas, Daniel Favre rappelle que les enseignants ont une marge de manoeuvre grâce à l’empathie et au statut d’expert : “J’ai l’impression que tu te sens nul.le et tu dois sans doute avoir des bonnes raisons de penser cela. Moi, en tant que professionnel de l’éducation, je n’y crois pas. Et tu as le choix de ne pas croire non plus. Je peux t’y aider.”
Un.e élève qui exprime sa frustration : “Je déteste lever la main et ne pas être interrogé. Le prof préfère les autres, c’est toujours la même chose.” (sous entendu en programme étranger -> je ne suis pas important.e/ personne ne me remarque, personne ne m’aime)
Apprendre, une déstabilisation cognitive
L’apprentissage n’est pas possible sans que ne se produise une déstabilisation cognitive et affective. Daniel Favre rappelle que cognition et émotion ne sont pas dissociables.
Cette déstabilisation engendre une frustration et ouvre pour l’apprenant une période de vulnérabilité au cours de laquelle il ne faut pas l’affaiblir. Un élève affaibli peut devenir à son tour affaiblissant comme le montre la forte corrélation entre échec scolaire et violence scolaire. Daniel Favre a montré par ses recherches et études dans des établissement scolaires que, si l’échec scolaire ne conduit pas nécessairement à la violence, les auteurs de violences dans le cadre scolaire sont souvent des jeunes en situation d’échec.
Les différentes motivations des élèves mises en jeu au cours des étapes successives de l’apprentissage sont les suivantes :
-
Je ne sais pas mais je ne sais pas que je ne sais pas
Avant la rencontre avec le problème à résoudre, l’élève est encore dans le connu et le maîtrisé. Tout va bien pour lui.
L’élève est en motivation SM1.
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Je ne sais pas et je sais que je ne sais pas
L’élève rencontre le problème et est confronté à l’inconnu, à la difficulté, au non sens, au doute sur soi. Il n’est pas sûr d’y arriver. Il se demande même s’il a le droit de faire des erreurs et les redoute. Il se pose des questions sur son image : que va devenir son image auprès des autres s’il n’y arrive pas, s’il donne à montrer ses insuffisances ?
Toute période d’apprentissage contient donc une période de frustration et de vulnérabilité plus ou moins importante en motivation SM1.
L’efficacité de l’élève dépend de la relation affective qu’il entretient avec ses erreurs.
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Je sais et je sais que je sais
L’élève a résolu le problème, il a rapproché un domaine inconnu de ce qui était déjà connu, il a une satisfaction importante proportionnelle aux obstacles franchis.
L’élève est en motivation SM2 (plaisir de réussir).
L’élève n’a plus besoin de validation et encouragement extérieurs et cette sensation lui est agréable (référence interne). Il n’a plus besoin d’être félicité ou récompensé (et ce type de récompenses peut même le freiner -> voir les méfaits de la motivation externe).
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Je sais mais je ne sais plus que je sais (sauf quand je rencontre à nouveau ce type de problème)
L’élève est à nouveau dans le connu et le maîtrisé et se sent bien.
Si c’était le cas, il n’a plus besoin de passer par la violence pour avoir un sentiment de puissance, de pouvoir personnel, d’autonomie, de restauration de son estime de soi.
S’il est confronté à un problème de même type, il ne ressent pas de frustration car il a mémorisé qu’il était capable de surmonter l’épreuve de ce type d’apprentissage.
Comprendre les systèmes de motivation des élèves pour prévenir l’échec scolaire
Comprendre comment les élèves apprennent et prendre conscience des différentes motivations mises en jeu au cours des différentes étapes de l’apprentissage peut s’avérer essentiel pour éviter l’échec scolaire. Ce processus de maturation en quatre étapes peut être entravé si les erreurs commises par l’élève sont assimilées au registre de la faute (et donc du mal) et si son auteur est considéré comme mauvais.
Les élèves qui se considèrent comme mauvais ne vont même plus se confronter aux apprentissages et risquent par conséquent d’être attirés par les plaisirs que procurent les conduits addictives. En effet, en fuyant les situations d’apprentissage, ces élèves se privent du plaisir de réussir (SM2) et du plaisir d’être reconnu (SM1).
Un travail énorme de perception des erreurs (à la fois chez les enseignants et chez les élèves) est un pré requis indispensable pour cesser de démotiver les élèves, pour reprendre la formule de Daniel Favre.
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Source : Cessons de démotiver les élèves de Daniel Favre (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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