3 stratégies pour amplifier les performances cognitives (mémoriser et réviser plus efficacement)
3 stratégies pour amplifier les performances cognitives (mémoriser et réviser plus efficacement)
Dans leur ouvrage Mets-toi ça dans la tête ! Les stratégies d’apprentissage à la lumière des sciences cognitives, Brown, Roediger et McDaniel rappellent que le cerveau n’est pas un muscle, contrairement à ce qu’on peut souvent lire. Par conséquent, travailler une compétence ne renforce pas automatiquement les autres. Les stratégies de mémorisation ou d’apprentissage efficaces (s’auto tester, reformuler avec ses propres mots, traduire les mots sous formes d’images et/ou schémas, faire des liens avec d’autres connaissances…) augmentent de manière efficace les capacités intellectuelles dans le domaine ou la compétence travaillés, mais le bénéfice ne peut s’étendre à la maîtrise d’autres domaines ou compétences. Les études portant sur les cerveaux de spécialistes dans un domaine montrent une myélinisation accrue des axones en relation avec l’aire cérébrale d’expertise, mais pas dans les autres parties du cerveau. En revanche, la capacité à transformer une pratique en habitude est, elle, généralisable.
Ainsi, il apparaît qu’acquérir de meilleures habitudes pour mémoriser et réviser soit la clé de l’efficacité et du succès (se concentrer, persévérer se motiver…).
Les facteurs environnementaux font effet de “multiplicateurs” : l’enfant qui est génétiquement un tout petit peu plus curieux devient alors significativement plus intelligent s’il se trouve dans un environnement qui nourrit cette curiosité.
Il existe des stratégies qui peuvent faire office de multiplicateurs cognitifs pour amplifier les performances que l’intelligence possède déjà :
- adopter un état d’esprit de développement (ou “growth mindset”),
- travailler comme un spécialiste (pratique délibérée),
- inventer des procédés mnémotechniques.
1.Adopter un état d’esprit de développement (ou “growth mindset”)
L’état d’esprit de développement (ou “growth mindset”) a été conceptualisé par Carol Dweck. Ce concept est fondé sur l’idée que le cerveau se modifie en réponse à un apprentissage laborieux. Quand on travaille dur pour apprendre quelque chose de nouveau, le cerveau développe de nouvelles connections et ces nouvelles connections rendent plus intelligents. Le “niveau” d’intelligence est vu comme le résultat de ces connections qu’on construit en fournissant des efforts.
Cette vision optimiste incite à prendre le pouvoir pour agir car l’intelligence est vue comme amplifiable grâce au recours à des efforts et des stratégies adaptées. Il ne s’agit pas de dire que les efforts suffisent, ils sont nécessaires mais pas suffisants si les méthodes de travail utilisées sont mal ajustées, inefficientes. Par ailleurs, cet état d’esprit permet d’envisager l’échec différemment : l’échec est vu comme le résultat d’efforts insuffisants ou de stratégies inopérantes sur lesquelles il est possible d’agir (essayer d’autres stratégies ou de nouvelles approches.). Insister sur l’effort et les stratégies permet d’identifier les variables qu’il est possible de contrôler.
Si l’objectif est d’accroître ses capacités, on préfère les défis qui permettent de progresser, et on vit chaque revers comme un événement riche et informatif qui aide à se concentrer davantage sur ce qui doit être amélioré, on renforce ainsi sa créativité et cela incite à fournir plus d’efforts. – Brown, Roediger, McDaniel
La conviction que le pouvoir d’accroître nos capacités est entre nos mains est un carburant actif pour les apprentissages et la réussite.
2.Travailler comme un spécialiste (la pratique délibérée)
La pratique délibérée n’est pas synonyme de répétition ou d’entraînement. Elle est plus que cela :
- elle présente un objectif identifié,
- elle est soutenue et souvent solitaire,
- elle n’est pas habituellement plaisante,
- elle consiste en une répétition d’efforts pour dépasser le niveau actuel de performance ,
- elle s’étale dans le temps (des milliers d’heures, des dizaines d’années, toute une vie !)
- elle est faite d’essais, d’erreurs, de résolutions de problèmes, de tentatives renouvelées,
- elle construit des nouveaux savoirs, des adaptations physiologiques, des modèles mentaux complexes pour atteindre l’excellence.
La pratique délibérée peut être guidée par un coach qui aide à identifier les champs de performance à améliorer, se focaliser sur certains aspect spécifiques et fournir des analyses critiques de rétroaction.
La pratique délibérée nécessite donc de la motivation, du temps et de la discipline, plus qu’un talent inné.
3.Inventer des procédés mnémotechniques
Les moyens mnémotechniques sont des outils mentaux qui aident à garder les éléments en mémoire, prêts à être remémorés facilement. Se doter d’outils mnémotechniques conscients peut aider à organiser et indexer des nouvelles informations de manière à pouvoir les retrouver rapidement jusqu’à ce qu’un long travail continu et actif accompagné d’une utilisation répétée viennent former des connexions neuronales inconscientes qui caractérisent la pratique experte.
En voici quelques exemples :
- Acronymes (exemple : Me Voici, Toute Magnifique, Je Suis Une Nébuleuse pour les planètes du système solaire dans l’ordre : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune)
- Palais de mémoire (voir un exemple ici)
- Images mentales : les mots, phrases ou textes sont transformés en histoire et en images (voir le principe des Multimalins pour apprendre les tables de multiplication)
- Dessins/ schémas : les dessins et schémas ont un fort pouvoir évocateur pour fixer les éléments (c’est par exemple le principe du Sketchnoting)
- Grouper : il est plus facile de retenir 5 groupes de 2 chiffres que 10 chiffres isolés par exemple (surtout si on attribue toujours les mêmes sons ou images à un même chiffre – si on décide d’attribuer le son EU à deux et TR à trois, alors 23 devient EUTR ou 32 devient TREU et il est possible d’imaginer des images correspondant comme un feutre pour 23 dont on barre le bouchon pour se rappeler d’enlever le F au début. Il est possible de se créer un tableau d’équivalence pour ainsi mémoriser des quantités de variations d’associations de chiffres)
- Chanson : les paroles peuvent être changées et l’air et le rythmes conservés pour faciliter l’ancrage mental.
En résumé : On le comprend, le chemin vers la performance ne commence pas nécessairement par un patrimoine génétique exceptionnel mais nécessite à coup sûr de l’auto discipline, de la détermination et de la persévérance.
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Source : Mets-toi ça dans la tête ! Les stratégies d’apprentissage à la lumière des sciences cognitives de Brown, Roediger, McDaniel (éditions Markus Haller). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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