Vous voulez supprimer la tricherie ? Supprimez les raisons de tricher ! (Bernard Collot)

Vous voulez supprimer la tricherie ? Supprimez les raisons de tricher ! (Bernard Collot)

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Dans son livre L’école du 3° type : explorer un autre paradigme avec les enfants, Bernard Collot, instituteur à la retraite, estime que la triche est normale à l’école traditionnelle dans le sens où l’enjeu des notes est tellement important que les élèves cherchent à maximiser leurs résultats (ce qui est valorisé par l’institution et la société) sans chercher à maximiser leurs apprentissages (les notes étant supposées refléter la vérité des efforts et des apprentissages).

Amorale la triche ? Pas du tout, elle est largement justifiée quand du résultat que vous obtiendrez dépendront jugement, récompense ou punition, gloire ou opprobre, position scolaire de tranquillité et de reconnaissance ou travaux et heures supplémentaires… En somme, il faut être intelligent pour tricher, ce d’autant que ce n’est pas tricher qui est grave, c’est de se faire prendre ! – Bernard Collot

Quand seuls les bons résultats comptent, tout est bon pour les obtenir. Bernard Collot propose de prendre la question de la triche par l’autre bout : de quoi un jeune adulte en fin de parcours scolaire a-t-il besoin pour savoir dans quelles voies il va pouvoir poursuivre sa vie ? La réponse à cette question est plus proche de celle d’un bilan de compétence que de la sanction d’un examen.

Bernard Collot regrette d’ailleurs que la triche soit (presque) un sport national, y compris dans le monde des adultes (dans le foot professionnel par exemple ou dans le monde des affaires avec la fraude fiscale). Quand on sait que les enfants imitent les adultes, on peut se poser la question de l’efficacité des discours de morale faits à l’école pour décourager la triche…

Il semble donc qu’on supprime la triche en supprimant son utilité, pas en faisant “une surenchère à la répression” (ce qui coûte des milliers d’euros si on pense aux systèmes élaborés de surveillance mis en place pour éviter la triche au bac).

Que se passe-t-il dans une école du 3ème type ? Copier sur son voisin ? Ce n’est même pas possible puisque personne ne fait la même chose. Ce qui se fait n’est pas exigé, ne procure du plaisir qu’à celui qui le fait, peut seulement intéresser les autres. Au contraire, vous êtes embarrassé ? C’est votre voisin ou un autre qui viendra vous dépanner. Copier le texte d’un camarade ? Mais c’est très intéressant, on écrit, on apprend beaucoup de choses, on peut même l’améliorer, le détourner, prendre des idées qu’on n’avait pas, et c’est même flatteur pour celui qui est copié. Faire du copier-coller qui est la hantise des profs ? Mais c’est passionnant : la recherche, le choix (il faut savoir lire ou apprendre la lecture transversale rapide), la réorganisation… Se servir d’une calculette en cachette pour obtenir le résultat d’un calcul dont on aurait besoin ? Inutile, la calculette est à la disposition de tous et il faut apprendre à s’en servir, et que d’inventions mathématiques on peut faire avec une calculette ! Inventer un faux prétexte pour dire qu’on est en retard ? Inutile, on peut arriver en retard sans risquer aucune foudre… […] Même dans les jeux où il y a la gagne puisque le jeu introduit un adversaire, j’ai toujours été surpris de l’absence de triche. Gagner n’est que le prétexte du jeu. Lorsqu’on est habitué à trouver le plaisir dans l’action plus que dans sa finalité, lorsque gagner ne vous confère rien de plus, que perdre ne vous départit de rien, il n’y a plus que le plaisir partagé. – Bernard Collot

Pour découvrir ce qu’est une école du 3ème type au sens de Bernard Collot : L’école du 3° type : une révolution sans barricade ?

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Source : L’école du 3° type : explorer un autre paradigme avec les enfants de Bernard Collot (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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