Aider les enfants à mieux gérer le stress : faire du stress… un allié !

Aider les enfants à mieux gérer le stress : faire du stress… un allié !

Aider les enfants à mieux gérer le stress

Il est possible d’aider les enfants à mieux gérer leur stress en leur apprenant à changer leur conception du stress. Non seulement les situations stressantes ne durent pas toute une vie mais elles peuvent aussi être l’occasion d’apprendre des choses sur soi-même et de grandir.

La neurochimie du stress

Le stress est d’abord une réaction physiologique de l’organisme pour s’adapter à différentes situations rencontrées au cours de la vie. Le stress passe par deux phases principales :

  • la production d’adrénaline : “je peux y arriver, j’ai les ressources nécessaires”. L’adrénaline booste, met en mouvement, rend plus présent et efficace, donne de l’énergie.
  • la production de cortisol (hormone du stress) : le cortisol aide à calmer un état de stress en augmentant le taux de glucose dans le sang.

Le problème intervient quand ces deux hormones sont sécrétées en trop grande quantité face à une situation de stress trop importante, répétée ou qui dure longtemps.

  • L’adrénaline rend angoissé et/ou en colère. Nous sommes alors submergés par un sentiment de peur et notre corps entre en hyper vigilance, prêt à tout moment à attaquer, fuir ou se replier.
  • Un taux élevé de cortisol entraîne le sentiment d’être sans courage, triste, en grande insécurité. Catherine Gueguen, pédiatre, écrit : “L’enfant se sent menacé et angoissé. Ses pensées, ses émotions, ses perceptions sont voilées par un sentiment de peur, de grand danger, il est inhibé, dans l’impossibilité d’entreprendre et de surmonter la moindre difficulté”.

Dans ce cas, le stress bloque les apprentissages. Toutefois, les enfants peuvent apprendre à gérer le stress et à en faire un allié.

Faire du stress un ami pour mieux gérer le stress 

Nous pouvons inviter  aux enfants à voir dans les manifestations du stress le signe que leur  corps a été stimulé pour les préparer à relever un défi.

Une étude a été menée à Harvard selon le protocole suivant : avant de passer un test de stress social, les participants à cette étude ont appris à penser leur réponse au stress comme utile.

-> Un cœur qui bat la chamade prépare à l’action.

-> Si nous respirons plus vite, cela ne pose pas de problème car cela apporte plus d’oxygène à votre cerveau.

Les participants qui ont appris à voir la réponse au stress comme utile à leur performance ont été moins stressés, moins anxieux, plus confiants que le groupe témoin, mais il se trouve que même leur réponse physique au stress a changé.

Dans une réponse typique au stress, le rythme cardiaque augmente et les vaisseaux sanguins se contractent. Il n’est pas vraiment sain d’être dans cet état tout le temps. Cependant, dans l’étude, lorsque les participants ont perçu leur réponse au stress comme utile, leurs vaisseaux sanguins sont restés détendus et, même si leur cœur battait toujours la chamade, cette réaction physiologique ressemblait beaucoup à se qui passe dans les moments de joie et de courage. C’est ce que la nouvelle science du stress révèle : la manière dont nous percevons le stress a son importance.

Avec ce nouvel éclairage, les enfants peuvent apprendre à mieux gérer le stress : ils se diront à chaque fois que leur cœur bat la chamade que leur corps est précisément en train de les aider à relever le défi qui se présente à eux.

4 étapes pour changer de conception au sujet du stress

1.Adopter pour nous mêmes l’état d’esprit dans lequel le stress est un ami

La manière dont nous pensons et dont nous agissons peut transformer la façon dont nous vivons le stress. Lorsque nous choisissons de voir notre réponse au stress comme utile, nous créons la biologie du courage !

Cela ne signifie pas pour autant qu’il nous faut nous confronter à un maximum d’expériences stressantes dans la vie mais que nous pouvons choisir d’aller vers ce qui nous fait peur avec la certitude que nous saurons faire face au stress qui s’ensuivra.

Il est important de changer notre propre attitude face au stress parce que les enfants sont très sensibles à la communication non verbale : ils perçoivent vite les dissonances entres les discours et les actes.

Par ailleurs, les émotions sont contagieuses. Plus nous sommes stressés, plus les enfants à notre contact le seront. Dit plus familièrement : le stress, ça se refile !

2.Accueillir le stress et ses manifestations chez l’enfant

Mieux vaut reconnaître et valider les manifestations du stress chez les enfants plutôt que les nier (avec des phrases du type :”Mais non, ça va être facile, pas la peine de stress pour si peu !”, “ça va aller, tu n’as aucune raison de stresser”). Exprimer les émotions permet aux enfants de s’apaiser.

Le fait d’accueillir le stress des enfants peut passer par la validation du monde interne :

“Je vois que tu trembles. Tu te dis peut-être que tu ne vas pas y arriver et tu as le trac. Est-ce que c’est ça ? Comment ça fait dans ton corps ? Ah ok, on dirait que ton corps est prêt pour y aller !”

“C’est vrai que ça peut être impressionnant. C’est normal d’avoir la gorge sèche et les mains qui tremblent : c’est ton corps qui se prépare pour être au top !”

3.Orienter vers des solutions pour gérer le stress

Les situations stressantes peuvent être bénéfiques quand elles sont utilisées comme sources d’apprentissage :

  • Que te dit ton stress ? De quoi as-tu peur ?
  • De quoi as-tu besoin ? (exemples : rire, pleurer, un câlin, sauter ou courir, crier, respirer, parler avec quelqu’un de confiance, relire le texte/ la leçon, revoir la chorégraphie en visualisation mentale, faire un rituel de confiance, boire de l’eau fraîche, s’éloigner, prendre l’air…)
  • Si ton niveau de stress est trop important, peut-être que tu ne t’es pas assez préparé ? Comment pourras-tu mieux te préparer la prochaine fois ?

4.Rappeler des souvenirs de réussite

Il est possible de réactiver dans la mémoire de l’enfant des souvenirs de réussite et d’apprentissage réalisés malgré le (ou grâce au) stress avec des questions du type :

  • Lors de la dernière situation stressante, qu’a-t-il fait qui l’a aidé à se sentir mieux ?
  • Qu’a-t-il compris, appris et mis en oeuvre suite à une situation particulièrement stressante ?
  • Quelles forces et qualités a-t-il activées ? A-t-il développées ?
  • Qui l’a aidé ? À quelles ressources a-t-il eu recours ?
  • Que peut-il faire maintenant à partir de ses expériences passées ?

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C’est dans cette optique que j’ai rédigé mon livre 50 activités bienveillantes et anti-stress pour les 6/12 ans (éditions Larousse).

 

J’y propose des outils et ressources pour mieux comprendre le mécanisme du stress et l’apaiser, apprendre à mieux s’organiser et vivre la scolarité, apprivoiser les émotions et (re)trouver du lien en famille. Ces activités s’adressent aux enfants mais également aux parents dans une démarche d’éducation bienveillante (avec un poster de météo émotionnelle familiale, des cartes de reconnaissance positive à s’échanger en famille ou une affiche de phrases positives à afficher à la maison par exemple).