Réviser le jour de l’examen : utile ou inutile ? efficace ou inefficace ?
Réviser le jour de l’examen : utile ou inutile ? Eléments de réponse avec les neurosciences
Réviser le jour d’un examen peut être rassurant et donner l’illusion de lutter contre le stress avec une impression d’être mieux préparé. Pourtant, réviser le jour de l’examen est-il réellement efficace ?
Les effets de l’apprentissage distribué plaident en défaveur du fait de réviser le jour de l’examen.
Les neurosciences ont montré qu’il vaut mieux apprendre progressivement et régulièrement, en se réservant des périodes de repos et en privilégiant un temps de sommeil entre les phases de révisions. En effet, l’oubli intervient dès que les connaissances apprises ne sont plus répétées. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage “distribué”.
Nous apprenons mieux quand nous espaçons les sessions de révisions dans le temps plutôt que quand nous les regroupons. Mieux vaut donc espacer les séances de révision et revenir régulièrement sur un même sujet pour le réactiver. C’est justement cet espacement qui entraîne des efforts (la mémoire “force” pour remobiliser les informations) et c’est précisément ces efforts qui assurent la mémorisation à long terme. Par exemple, 1/4 d’heure par jour pendant 8 jours vaut mieux que deux heures en un jour. Réviser le jour de l’examen apparaît inefficace car c’est le fait de répéter souvent les informations apprises qui crée de l’apprentissage. Il n’y a toutefois pas de loi universelle pour déterminer à quels délais “rafraîchir” la mémoire car cela dépend de nombreux paramètres. Le plus important est une fréquence régulière et un nombre minimum de 6 révisions pour chaque notion.
C’est bien l’inverse du bachotage et des révisions de dernière minute qui assure une mémorisation efficace à long terme.
Mémoriser, ce n’est jamais simplement relire.
Par ailleurs, relire est inefficace pour apprendre et mémoriser. Mémoriser, c’est produire, reconstituer ou reconstruire. Une bonne manière de tester la qualité de la mémorisation est le fait d’élaborer et de formuler des questions. Or relire n’entraîne pas à retrouver l’information dans la mémoire (quand les apprenants ne se testent pas eux-mêmes, ils ne peuvent pas prendre conscience de ce qu’ils ne savent pas. C’est seulement dans la mise à l’épreuve (exercices, annales) qu’ils se rendent compte qu’ils ne parviennent pas à se souvenir des idées clés ni à les appliquer dans un contexte nouveau. Le seul contexte dans-lequel des relectures peuvent être efficace est dans le cas de relectures espacées dans le temps et régulièrement réactivées… cela suppose donc d’avoir pratiqué l’apprentissage distribué dans un temps long avant l’examen.
Relire le jour même, c’est s’exposer à des biais cognitifs.
De plus, la simple relecture au dernier moment peut conduire à une forme inconsciente d’auto illusion (l’illusion d’une certaine maîtrise). C’est d’autant plus le cas quand le cerveau est sujet aux effets de primauté et de récence. On se rappelle plus facilement les informations fournies au début et à la fin. On parle d’effet de primauté pour rendre compte du fait que les informations qui arrivent au début d’une série sont plus facilement restituables. On parle d’effet de récence pour rendre compte du fait que les informations qui parviennent en dernier au cerveau sont mieux mémorisées. Réviser le jour de l’examen, c’est prendre le risque que les parties centrales soient oubliées.
Enfin, le cerveau oublie vite les faits isolés. Les informations sans sens ou non reliées à d’autres déjà présentes dans le cerveau sont difficilement mémorisées et, surtout, difficiles à rappeler en mémoire de travail quand elles sont nécessaires.
Réviser le jour de l’examen, c’est également prendre le risque que la mémoire subisse des interférences. Les interférences causent l’oubli ou la distorsion de souvenirs causés par des expériences qui se produisent soit avant, soit après l’encodage des informations à mémoriser. Les interférences peuvent être rétroactives (mémorisation en cours influencée par ce qui a été lu/ entendu après, comme des mélanges dans des listes de vocabulaire) ou proactives (mémorisation en cours influencée par ce qui a été lu/ entendu avant).
Quand on a compris le mécanisme de la courbe de l’oubli, on comprend qu’il faut convaincre le cerveau de ne pas effacer les informations importantes. cela ne peut pas se faire seulement le jour de l’examen. Pour l’en convaincre, c’est à nous de jouer en capitalisant sur le temps long. Si on revoit le soir les notions travaillées en classe le jour même, le cerveau nous récompense en conservant l’information en mémoire pendant une semaine car il a compris qu’elle est importante. Si on révise ces mêmes notions une semaine après, le cerveau se dit alors qu’elle sont vraiment importantes et les conserve pendant 1 mois. Enfin, si on les revoit une quatrième fois au bout d’un mois, les notions sont conservées en mémoire 6 mois.
Stratégies efficaces pour réviser en vue des examens
Je vous propose un récapitulatif des stratégies efficaces pour réviser en vue des examens :
- Bien dormir (le cerveau consolide les apprentissages qui précèdent quand la qualité du sommeil est bonne).
- Plutôt que relire une leçon pour réviser, se poser des questions en amont sur ce qui est su sans relire en amont (pour identifier ce qui est réellement compris et mémorisé en évitant de se reposant sur la mémoire à court terme après la relecture).
- Identifier les erreurs persistantes et travailler l’inhibition cérébrale (lire : Nos erreurs récurrentes : 3 étapes pour inhiber les erreurs qu’on reproduit souvent).
- Regrouper les informations avec des logiques d’associations personnelles (faire des liens entre des connaissances même d’une matière à l’autre, créer des indices récupérateurs comme des acronymes ou des dates intimes, faire des métaphores personnelles : “c’est comme…”)
- Faire des fiches de mémorisation active plutôt qu’avoir tout le contenu sous les yeux (exemple : des flash cards avec une question et la réponse derrière, une fiche avec seulement le plan de la leçon qu’il faudra compléter à l’oral avec ses propres mots).
- Encoder les informations de manières aussi variées et nombreuses que possible
- consulter des images,
- lire du texte,
- faire des jeux de mots ou se créer des images mentales rigolotes,
- dessiner des schémas,
- associer l’information à des éléments du lieu d’apprentissage (méthode dite des loci),
- se raconter des anecdotes sur les personnages historiques ou le contexte des découvertes scientifiques,
- écrire des mots clés,
- se faire des films mentaux,
- expliquer à un auditoire réel ou imaginaire,
- expliquer les choses avec ses propres mots et ses propres exemples.
- S’assurer d’avoir un stock de connaissances suffisant pour pouvoir raccrocher les nouvelles informations à des éléments présents et compris dans la mémoire (d’où l’importance d’une bonne culture générale, d’un niveau de vocabulaire élevé et d’une bonne compréhension des chapitres précédents pour construire les nouveaux apprentissages sur une base solide).