Et si on remplaçait les devoirs par ces 26 idées ?

Et si on remplaçait les devoirs par ces 26 idées ?

remplacer les devoirs

Jessica Smock est une ancienne enseignante américaine, docteure en science de l’éducation et mère de deux enfants. Elle écrit qu’elle regrette d’avoir donné beaucoup de devoirs lors de sa carrière d’enseignante en élémentaire (elle a enseigné à des enfants de 10/11 ans). Elle pensait que les devoirs sont une bonne manière de consolider les nouvelles connaissances et compétences, de développer le sens de l’autonomie et de l’organisation et de réfléchir sur les apprentissages (métacognition).

Or elle reconnaît que ces croyances étaient surtout guidées par la peur (la peur de l’échec de ses élèves, la peur de décevoir les parents, la peur que le pays soit mal classé dans les études comparatives internationales…).

Elle a pris connaissance de recherches qui ont démontré l’inutilité des devoirs pour les enfants avant l’entrée au collège (sixième en France, 6th grade aux Etats Unis) :

  • aucune étude n’a jamais réussi à trouver une causalité entre le volume de devoirs imposés et les performances académiques des élèves en élémentaire;
  • les devoirs ont plutôt tendance à dégrader l’attitude des enfants envers leurs enseignants et l’école en général (peur, stress, manque de confiance, fatigue…);
  • les devoirs entachent les relations avec les parents, dégradent la vie de famille (source de conflit, de punition, d’incompréhension…);
  • les devoirs “volent” du temps aux enfants (au détriment d’autres activités favorables au développement moteur, cognitif, émotionnel comme le jeu libre, les jeux dehors, les discussions…).

Voir la source (en anglais)

Jessica Smock propose de nombreuses autres activités pour remplacer les devoirs :

  1. Sauter à la corde, sur un trampoline
  2. Parler en famille
  3. Dormir
  4. Lire de manière non dirigée, juste pour le plaisir de lire
  5. Faire des puzzles
  6. Jouer dehors 
  7. Jouer dans un bac à sable avec des amis, creuser des trous dans la terre
  8. Aider à préparer le dîner (et de manière plus générale, contribuer aux tâches de la vie de famille)
  9. S’occuper d’animaux (par exemple : aller promener le chien)
  10. Jouer d’un instrument de musique 
  11. Écouter de la musique classique
  12. Dessiner, peindre, coller
  13. Faire des expériences scientifiques
  14. Rendre visite aux grands parents, fréquenter des personnes âgées
  15. Se déguiser
  16. Jouer à des jeux de chahut
  17. Inventer des histoires
  18. S’ennuyer
  19. Méditer
  20. Jouer à des jeux de construction
  21. Apprendre à coudre, à tricoter
  22. Faire du vélo
  23. Prendre des photos
  24. Jouer à des jeux coopératifs avec des enfants de tous âges
  25. S’occuper de plante, jardiner
  26. Danser

Les apprentissages scolaires sont une forme d’apprentissage. Les devoirs grignotent le temps que les enfants peuvent accorder à d’autres formes d’apprentissages, comme l’apprentissage des relations sociales, l’apprentissage émotionnel, le développement moteur… Vous l’aurez compris, cette liste n’est ni exhaustive ni “obligatoire”. L’idée est de porter l’attention sur les risques d’une trop grande part d’activités structurées, imposées par les adultes, immobiles, à l’intérieur et sources de stress dans la vie des enfants (… et de conflits dans la famille).

………………………………………………………………………………………………………………………………

Pour rappel de la loi en France au sujet des devoirs écrits en élémentaire : 

La circulaire du 29 décembre 1956 (en application de l’arrêté du 23 novembre 1956) relative à la suppression des devoirs à la maison ne laisse pas d’ambiguïté sur la volonté du ministère de l’époque : « Aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif et les inspecteurs départementaux de l’enseignement du premier degré sont invités à veiller à son application stricte ».

Plusieurs circulaires ont accompagné les modalités à donner au travail à la maison :

  • La circulaire du 6 septembre 1994

Cette circulaire précise clairement comme les précédentes l’interdiction des devoirs à la maison en ces termes : « Dans ces conditions, les élèves n’ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire. À la sortie de l’école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou des leçons à apprendre».

  • L’arrêté du 25 janvier 2002

Les fonctions essentielles du travail personnel donné à l’élève sont les suivantes :

  • Fixation de certains apprentissages, mémorisation ;
  • Liaison avec les familles ;
  • Développement de l’autonomie, de la responsabilité et du sens de l’organisation.

Au regard de ces finalités, la question de l’approche méthodologique est fondamentale. En effet, il est indispensable d’apprendre en classe aux élèves comment on apprend une leçon, une poésie, une table de multiplication, une définition, comment on prépare un exposé, comment on effectue une recherche documentaire… On doit apprendre à l’école à se passer de l’école, c’est là la règle. Et pour y parvenir, il faut d’abord faire à l’école, en étant très guidé, ce que, progressivement, on sera amené à faire – et même à évaluer – tout seul (Philippe Meirieu).

Après ce demi siècle d’évolution réglementaire à l’aune de l’inévitable renvoi aux inégalités sociales et familiales qui caractérise le travail de l’élève à la maison et son accompagnement, il est établi que les devoirs à la maison (et toutes formes de travail écrit) sont strictement interdits. Néanmoins, les enseignants peuvent donner des travaux oraux et des leçons à apprendre.

(source : « Les devoirs à la maison »par Philippe WOLF, Inspecteur de l’Education Nationale de la circonscription d’Oléron-Sainte-Marie)

Il en résulte qu’un enseignant en primaire peut donner à ses élèves :

  • un travail oral (lecture ou recherche par exemple),
  • des leçons à apprendre à la maison.

En France, aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne peut être demandé aux élèves en dehors de la classe.

Même si cela peut sembler une position délicate, il est possible, en tant que parents, de refuser l’effectuation des devoirs écrits par les enfants en classes élémentaires (CP au CM2).

9 réponses

  1. Lethou dit :

    Et en arrivant au collège, en 6e, ils sont assommés de travail à la maison… !!! Alors si rien n’est donné à faire en élémentaire, comment sauront-ils s’organiser ? Il y a deux poids deux mesures dans l’éducation nationale… le premier degré et le second… qui sont loin, très loin, d’avoir le même objectif … la réussite des élèves ! Pauvre France !

  2. RIPcagou dit :

    hélas … c’est comme cela l’on fabrique des incultes et des paresseux.
    car il ne faut pas se leurrer… Le travail à la maison est de toute façon souvent bâclé au profit de l’activité 27 : agir en légume en se mettant devant un écran de TV, de console ou de smartphone.

  3. Magali dit :

    Bonjour Caroline,

    Merci pour ce partage !

    Des dizaines d’études scientifiques confirment en effet que les devoirs en primaire ont un impact négatif sur la réussite des enfants. Mais il semblerait que personne – parents, enseignants, école – n’ose être le 1er à lâcher cette vieille habitude 😉

    Dans les écoles d’excellence à l’étranger, qui commencent à interroger leur pratique, j’ai vu une réorientation des devoirs vers :
    1. Un temps de lecture quotidien à la maison
    2. Un travail de recherche sur des projets que les enfants ont choisi eux-mêmes : je veux faire un exposé sur la disparition du tigre blanc, je fais les recherches à la maison.

    Amicalement,
    Magali.

  4. Caroline dit :

    Je ne suis pas d’accord. J’y vois deux points distincts dans votre message :
    1. l’accès aux écrans est une question d’éducation : ce n’est pas parce que les enfants ont du temps libre qu’ils se précipiteront sur les écrans. Qu’en est-il des autres propositions en “concurrence” avec les écrans ? Avoir accès aux écrans suppose que le foyer soit équipé et cet équipement est une décision des adultes du foyer…
    2. et pourquoi diaboliser les écrans pour autant ? Je vous propose cet article pour nuancer la vision négative qu’on peut avoir des écrans : http://blog.ecole-autonome.be/2017/01/10/les-nombreux-bienfaits-pour-les-enfants-des-jeux-video-par-dr-peter-gray/

  5. Caroline dit :

    Il n’y a pas de devoirs en maternelle… comment les enfants arrivent-ils à s’organiser au CP ? En suivant ce raisonnement, il faudrait donc donner des devoirs en maternelle…

  6. RIPcagou dit :

    Bonsoir :
    1. l’accès aux écrans est une question d’éducation : Effectivement … Hélas, pour beaucoup de parents, laisser leur enfants devant un écran est la solution choisie au détriment des 26 autres activités. Je tire mon chapeau aux parents qui passent du temps avec leurs enfants, qui ne leur cèdent pas tout et qui leur font découvrir qu’il n’y a pas que les écrans dans la vie …

    2. et pourquoi diaboliser les écrans pour autant ? Je ne les diabolise pas … Je connais simplement leur effet néfaste sur la concentration en classe, sur la perte de sociabilité des élèves, sur le manque de sommeil occasionné etc …
    Juste pour info, je suis un ancien “gros joueur” (donc je connais les problèmes liés à l’excès de jeux vidéo) et je suis prof (donc je connais les effets des écrans sur mes élèves).

  7. RIPcagou dit :

    1. Un temps de lecture quotidien à la maison
    2. Un travail de recherche sur des projets que les enfants ont choisi eux-mêmes : je veux faire un exposé sur la disparition du tigre blanc, je fais les recherches à la maison.
    >>> cela s’appelle des devoirs à la maison .. Et donc ils sont les bienvenus.

  8. VINCENT BRETON dit :

    Nombre d’enseignants restent jugés à la quantité de devoirs donnés.
    Nombre de parents même favorisés éprouvent des difficultés à aider leurs enfants.
    Nombre de classes débutent par la correction du travail fait à la maison… ce qui empiète souvent sur le temps réel d’apprentissage et n’aide pas vraiment le plus faible.
    L’effort qui consiste pour un enfant à savoir travailler seul, se centrer sur une tâche, la comprendre, la mener à bien est complexe… même pour apprendre une poésie…
    On donne de moins en moins de choses à mémoriser. Y compris de poésies… Faute de temps souvent tant les sollicitations sont nombreuses… mais aussi parce que la mémorisation est socialement déconsidérée…
    Où l’on voit que cette affaire des devoirs est emblématique et complexe puisqu’elle touche aux contenus, aux représentations que chacun se fait, au temps de l’élève…qui enfant a perdu du temps de sommeil….
    Et si on commençait par alléger la barque ? Non pas celle de l’exigence mais des mille sollicitations et projets qui favorisent le zapping ?
    Et si l’on essayait d’éviter les jugements de valeur ?
    Le débat est ancien. Il reste sensible. Mais comme il serait intéressant de savoir le mener sereinement…
    Il y avait une chanson dont la suite porte sur d’autres sujets mais qui posait la question : “qu’as tu appris à l’école mon fils aujourd’hui?”
    Ce serait peut-être le premier devoir….

  1. 4 février 2017

    […] Lire la suite de cet article […]