Psychologie de la confiance : les encouragements ne sont pas toujours efficaces pour augmenter le sentiment d’auto-efficacité

Psychologie de la confiance : les facteurs qui forment le sentiment d’auto-efficacité

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Crédit illustration : freepik.com

 

Définir le sentiment d’auto-efficacité

Albert Bandura est psychologue et définit le sentiment d’auto-efficacité comme notre croyance dans notre capacité à parvenir à un objectif en fonction de stratégies actuellement à notre disposition. Ce sentiment d’efficacité personnelle varie selon le contexte : une même personne peut avoir un sentiment d’auto-efficacité élevé dans un domaine (l’orthographe) et faible dans un autre (le handball).

Ainsi, l’auto-efficacité désigne la conviction subjective de pouvoir réaliser efficacement des actions désirées, qui ont de la valeur pour soi, grâce à ses propres compétences. Cette notion est importante parce que cela signifie qu’un individu s’attaque (ou ne s’attaque pas) à une tâche exigeante en fonction de l’évaluation de ses propres compétences (c’est-à-dire ses capacités à faire face). Si cet individu s’estime capable de résoudre la tâche, alors il utilisera toutes ses possibilités pour y parvenir. Le sentiment d’auto-efficacité se traduit par la conviction de pouvoir effectuer la tâche avec succès.

Pour Bandura, le système de croyance sur son auto-efficacité, ou sentiment d’efficacité personnelle, est au fondement de la motivation, du bien-être et des accomplissements humains. Pour lui, si les gens ne sont pas convaincus qu’ils peuvent obtenir les résultats qu’ils souhaitent grâce à leur propre action, ils auront peu de raison d’agir ou de persévérer face aux difficultés. – Philippe Carré

Les encouragements sont-ils toujours efficaces pour augmenter le sentiment d’auto-efficacité ?

En tant qu’adultes accompagnant les apprentissages des jeunes, nous pouvons être tentés de penser que les encouragements et félicitations sont les meilleurs outils pour stimuler le sentiment d’auto-efficacité. Il parait évident que soutenir le sentiment d’auto-efficacité des élèves à tout âge est important car, si ces derniers ne sont pas convaincus qu’ils peuvent obtenir les résultats qu’ils souhaitent grâce à leur propre action, ils auront peu de raison d’agir ou de persévérer face aux difficultés.

Bandura (1997) identifie quatre facteurs sur lesquels se construit l’auto-efficacité. Ces facteurs n’ont pas la même importance : l’auto-efficacité se construit avant tout sur les expériences personnelles directes et sur l’observation de modèles inspirants, pas sur les simples encouragements. De plus, les encouragements sont efficaces sous plusieurs conditions.

L’auto-efficacité peut être renforcée par:

1. La maîtrise personnelle (expérience directe)

2. L’observation (apprentissage social)

3. L’état physiologique et émotionnel (bonne santé physique et mentale, régulation du stress)

4. La persuasion par autrui (les encouragements)

L’encouragement de personnes que nous jugeons crédibles renforce ainsi le sentiment d’auto-efficacité. Les encouragements reçus sont d’autant plus influents qu’ils émanent de modèles admirés et proches de soi. Le soutien à la fois des pairs et des personnes proches (enseignants, parents, entraîneurs…) sont donc essentiels dans la construction du sentiment d’efficacité personnelle. Cela passe également par des interactions chaleureuses et empathiques avec les camarades. De plus, les encouragements doivent avoir un fond de vérité, c’est-à-dire être associées dans la mémoire à des actions passées réelles et considérées comme des réussites.

Lire aussi : Des ressources pour développer son sentiment d’efficacité personnelle (confiance en soi, persévérance, motivation)

 

Les facteurs qui forment le sentiment d’auto-efficacité selon les sciences cognitives

Dans son livre L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage, John Hattie décrit les facteurs qui forment le sentiment d’auto-efficacité.

La mémoire

Le principal facteur à l’origine du sentiment d’auto-efficacité est la mémoire (et pas tant l’estime de soi).

Pour vous sentir confiant dans votre capacité à réaliser votre prochaine tâche, vous devez activer vos connaissances à propos de tâches similaires réussies dans le passé. […] Mais le souvenir essentiel mobilisé ici n’est pas “J’ai déjà réussi” mais “Cette tâche requiert des connaissances auxquelles je peux accéder rapidement”.  – John Hattie

Ainsi, Hattie explique que c’est bien la facilité d’accès aux connaissances nécessaires pour réaliser une tâche qui est l’élément-clé de l’auto-efficacité : c’est d’ailleurs pour cela que le cerveau a besoin d’environ une seconde pour émettre un jugement envers une tâche à aborder.

Les encouragements verbaux extérieurs

Se contenter de dire à un enfant ou adolescent “Tu peux le faire” n’est pas suffisant pour le motiver et lui permettre de réussir. Pour John Hattie, ce type de message ne peut être efficace que s’ils sont accompagnés d’informations sur la possibilité d’accéder facilement aux connaissances nécessaires à la réussite et de les activer relativement facilement : “Je sais que tu peux résoudre ce problème car ils sont à peine plus difficiles que ceux que tu as réussis la semaine dernière.”

Les encouragements ne fonctionnent pas par la persuasion, mais parce qu’ils nous rafraichissent la mémoire en nous rappelant les bons souvenirs, au bon moment. Si vous avez déjà réussi, vous avez toutes les raisons de croire que vous réussirez à nouveau. – John Hattie

Les modèles inspirants

De même Hattie avertit que l’appel à des modèles inspirants peut être efficace mais sous certaines conditions. Il doit y avoir une adéquation entre le niveau de l’élève et le modèle cité. L’exposition à des modèles aux performances tellement éloignées de celles de l’élève sont décourageantes ou peuvent entraîner des conduites de surmenage (se dépasser pour ressembler au modèle, quitte à aller au-delà de ses propres limites).

Les auto-affirmations

Dans une certaine mesure, les auto-affirmations peuvent nourrir le sentiment d’auto-efficacité. Des formules du type “Je peux le faire” ou “J’ai réussi beaucoup de choses dans ma vie” ont un rôle positif dans la motivation et la persévérance. Toutefois, ces affirmations doivent avoir un fond de vérité, c’est-à-dire être associées dans la mémoire à des actions passées réelles et considérées comme des réussites.

A l’évidence, la frontière est ténue entre des auto-affirmations réalistes et des déclarations grandiloquentes. La présence ou l’absence dans votre mémoire d’un véritable fondement en mesure de conforter l’auto-affirmation constitue ici la différence-clef. – John Hattie

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Source : L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage de John Hattie (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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