Phonologie : une technique pour remédier aux erreurs de liaison (“navion”, “lévier”) et de coupure de mots
Phonologie : une technique pour remédier aux erreurs de liaison (“navion”, “lévier”) et de coupure de mots
J’ai assisté dernièrement à une formation “Du parler au lire” inspirée par la pédagogie Gattegno. C’était vraiment intéressant car nous avons beaucoup travaillé la phonologie de manière ludique. J’en parlerai probablement plus en détails prochainement, le temps de digérer tout cela mais j’avais d’ores et déjà envie de partager une petite technique que j’aurais aimée avoir en ma possession plus tôt.
Dans cette approche, on tape les mots sur les doigts : on prend son index droit et on tape sur les doigts de la main gauche en commençant par le pouce afin de respecter le sens de l’écriture française. Il y a plusieurs conventions :
- un mot correspond à un doigt
- toutes les syllabes d’un mot sont tapées sur le même doigt en étant scandées en même temps (le parler est toujours la référence en cas de doute sur le nombre de syllabes : est-ce que je dis plaj ou bien pla ge ? )
- on part toujours du parler pour taper les syllabes (ainsi, Caroline est tapé Ca/ro/ line : trois coups avec l’index droit sur le pouce gauche en scandant les syllabes)
- dans le cas d’un groupe de mots ou d’une phrase, chaque mot est tapé sur un doigt différent, en partant du pouce vers l’auriculaire puis en changeant de main si nécessaire (en tapant avec l’index gauche sur les doigts de la main droite en commençant cette fois-ci par l’auriculaire gauche)
- les apostrophes sont matérialisées par des doigts collés (par exemple, l’évier sera tapé une fois sur le pouce pour le son [l] et deux fois sur l’index pour les syllabes [é][vié], le pouce et l’index étant collés l’un à l’autre)
- les liaisons orales sont matérialisées par des “coulés” (par exemple, un avion est représenté par une tape sur le pouce pour la syllabe [un], la liaison [n] sera matérialisée par l’index qui part du pouce, suit la peau entre le pouce et l’index puis remonte vers le haut de l’index, les deux syllabes de a/vion seront tapées sur l’index)
- quand on veut changer des mots dans le groupe de mots ou dans la phrase, on “dévisse” les doigts pour matérialiser la substitution (on prend le doigt en question avec la main opposée, on tourne et on “jette” le mot dont on ne veut plus puis on recommence à taper et scander avec le nouveau mot).
Cette approche est très puissante pour prendre conscience des mots et savoir où sont les espaces dans les phrases. De même, le fait de “dévisser” les mots permet de jouer avec les pronoms, les déterminants afin de renforcer la conscience phonologique. Ainsi, si un enfant a du mal à comprendre que le groupe nominal “d’ami” s’écrit en deux mots, il est possible de remplacer “d’ ” par “mon” : dans le premier cas, on tape sur doigts doigts collés, dans le deuxième, on coule la liaison entre deux doigts. En revanche, ce qui ne change pas entre les deux est le nombre de tapes et de syllabes scandées sur le deuxième doigt : a/mi. Ami est donc un mot seul.
Cette astuce permet de remédier aux difficultés de certains enfants qui écrivent certains mots avec leurs liaisons (“navion”) ou leur déterminant (“lévier”) accolés. Par ailleurs, le fait de mimer le geste de dévisser est très ludique pour les enfants et rend cette approche efficace.
De même, cette technique permet de prendre conscience du changement des verbes selon le temps et/ou le sujet. Par exemple, “je vais à la piscine” sera tapé et scandé : “je” sur le pouce gauche avec l’index droit une fois, “vais” sur l’index gauche avec l’index droit une fois, “à” sur le majeur gauche avec l’index droit, “la” sur l’annulaire gauche avec l’index droit une fois, “plage” sur l’auriculaire gauche avec l’index droit deux fois (pi/scine). Si on veut remplacer “je” par “tu”, on dévisse “je” et on recommence à taper et scander avec “tu”. Les élèves se rendront compte qu’ils devront également dévisser “vais” pour le remplacer par “vas”.
Le formateur qui nous l’a transmise est enseignant spécialisé (maître E) et l’utilise avec ses élèves en cycle 2.