Aider les enfants à apprivoiser leurs craintes et à surmonter leurs pensées anxieuses (rentrée scolaire, évaluations, compétitions, examens…)

Aider les enfants à apprivoiser leurs craintes et à surmonter leurs pensées anxieuses (rentrée scolaire, évaluations, compétitions, examens…)

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Crédit illustration : freepik.com

 

Je vous propose 5 outils ludiques qui s’appuient sur la puissance du jeu pour aider les enfants à apprivoiser leurs craintes et à surmonter leurs pensées anxieuses (rentrée scolaire, évaluations, compétitions, examens…) .

En effet, les pensées anxieuses sont imperméables à la raison. L’anxiété déclenche des pensées anxieuses et les pensées anxieuses déclenchent l’anxiété en un cercle vicieux. Avant de vouloir aider les enfants à surmonter leurs pensées anxieuses des enfants, les adultes ont tout à gagner à adopter une attitude empathique :

  • commencer par l’acceptation et l’empathie (un enfant ne peut entendre les “défis” lancés à ses pensées anxieuses tant qu’il n’est pas convaincu que son état est compris),
  • argumenter, raisonner, utiliser la logique ne sert à rien,
  • les ressources internes sont plus efficaces que les ressources apportées par les autres (quand l’enfant trouve ses propres idées, reconnait l’intensité de son émotion, arrive à réguler seul ses pensées),
  • avant d’aider un enfant à surmonter ses craintes, il peut être utile de réfléchir aux nôtres afin de bien s’imprégner de la difficulté de dépasser des angoisses irrationnelles et/ou partager les manières dont nous avons pu les apprivoiser à défaut de les surmonter.

 

1.L’objet ressource

Cet objet peut être utile pour les enfants qui ont peur d’aller vers les autres. Ils peuvent alors choisir un objet ressource (comme un petit galet, une jolie bille…)

Une fois l’objet ressource choisi, ils sont invités à imaginer un endroit qu’ils aiment beaucoup, dans lequel ils se sentent bien, ou alors la présence d’une personne aimante et rassurante. Ils ressentent le plaisir à se trouver dans cet endroit ou en compagnie de cette personne en stimulant tous leurs sens :

  • sentir des odeurs,
  • ressentir des sensations (la chaleur du soleil ou d’un câlin, le froid de la neige, le vent salé du bord de mer, le contact des cheveux de maman ou de la barbe de papi…),
  • avoir des goûts dans la bouche ,
  • entendre des sons, des paroles.

Quand les enfants ont bien éprouvé le plaisir, ils ancrent la sensation de bien-être associée dans l’objet ressource qu’ils garderont ensuite sur eux.

Quand ils en auront besoin, ils pourront le toucher pour réactiver les sensations de bien-être, de plaisir, de sécurité, de force. Cela permet de puiser dans des ressources internes la force d’affronter la peur pour la dépasser.

 

2.Le bracelet protecteur

Certains enfants peuvent avoir peur quand ils sont séparés de ceux qu’ils aiment. Leur fabriquer un bracelet protecteur pourra les aider à ressentir la présence et la chaleur des personnes qu’ils aiment et qui les aiment même en leur absence.

L’idéal est de faire le bracelet ensemble. Une fois terminé, les parents peuvent le charger fort en amour en le serrant contre leur coeur, en envoyant des ondes positives, en disant des mots doux qui seront encapsulés dans les perles… On expliquera à l’enfant que le bracelet contient désormais des câlins, des bisous, des « Je t’aime » et qu’il l’aidera à se sentir mieux quand il est loin de la maison. L’avantage du bracelet est qu’il peut être porté en permanence par l’enfant (à la différence d’un doudou par exemple).

Chaque fois que l’enfant aura peur et envie d’un câlin, il pourra toucher le bracelet à son poignet pour ressentir de la chaleur et de l’amour.

D’autres idées pour calmer les angoisses de séparation :

  • “déposer” un bisou dans chaque poche pour que l’enfant puisse les ressortir quand il en a besoin,
  • laisser un objet/bout de tissu avec notre odeur dans la trousse/ le sac de l’enfant,
  • dessiner un cœur, un smiley ou un autre symbole de l’amour que vous portez à votre enfant au creux de sa main ou sur une partie de son corps qu’il pourra regarder discrètement quand il en ressentira le besoin,
  • glisser une photo des parents dans un endroit facilement accessible pour l’enfant (dans une poche, dans la trousse, dans le sac…).

 

3.Je réponds à mon anxiété

On commence par demander aux enfants d’imaginer ou de dessiner leur anxiété, qui ressemblera à une grosse patate, un monstre ou toute autre chose. Il est également possible d’utiliser une peluche ou une marionnette.

Ensuite, on leur propose de dialoguer avec leur anxiété. Les enfants ont le droit de pleurer, de se fâcher contre leur anxiété, de lui donner des ordres… On pourra les guider dans ce dialogue en leur posant des questions : que te dit ton anxiété ? sur quel ton ? elle s’adresse à toi à la première personne du singulier ou à la deuxième personne ?

Puis on pourra rebondir sur leurs réponses : “ce doit être irritant d’avoir quelqu’un qui te suit partout, toute la journée, qui te parle comme ça” ou “je crois que je n’arriverais pas à dormir, moi non plus, si j’avais ça en tête !”. On pourrait alors leur demander ce qu’ils ont envie de rétorquer à leur anxiété.

Par exemple : “Arrête de me mettre toutes ces images en tête ! Je sais que tu veux me garder en sécurité mais je veux aller m’amuser !”

L’idée ici est d’inciter les enfants à changer de discours intérieur. Quand la voix intérieure est exposée au grand jour, les enfants peuvent reprendre le contrôle sur elle.

Pour faciliter la reprise de contrôle et la mise à distance, on peut leur poser d’autres questions : si quelqu’un d’autre te parlait comme ça, que lui répondrais-tu ? Cette voix, qu’essaie-t-elle de te faire faire ou de t’empêcher de faire ? Es-tu d’accord ?

 

4.La peur s’est invitée

Les métaphores sont efficaces pour surmonter les angoisses car elles font appel au langage, à l’imagination, à la pensée abstraite, reconnectant le cerveau rationnel au cerveau émotionnel. Par ailleurs, quand les enfants imaginent et jouent, ils sont dans le “flow” (l’anxiété baisse quand on est absorbé dans une tâche intéressante).

On peut par exemple inciter les enfants à envisager que l’anxiété envoie une invitation avant de se déclencher dans le corps et la tête des enfants. Ces derniers pourront alors accepter ou refuser cette invitation.

Au moindre signe d’anxiété, les enfants peuvent s’imaginer qu’ils reçoivent une invitation de la part de la société de l’anxiété. Sur le devant de l’enveloppe serait écrit “Oh non !!!”. A l’intérieur, le carton d’invitation annoncerait : “Si tu acceptes cette invitation, accélère ta respiration et rigidifie tout ton corps. Tu ne t’amuseras pas, ne seras jamais autonome et tu auras toujours peur. Si tu déclines cette invitation, respire profondément un bon coup. Tu te rappelleras que tes parents t’aiment, que tes ami.e.s t’apprécient, tu te détendras et tu te sentiras en sécurité”.

Les enfants reprennent alors du pouvoir et du contrôle : ils peuvent refuser l’invitation.

 

5.J’ai du pouvoir sur l’histoire

Ici, l’idée est de partir des pensées anxieuses des enfants et de les défier en en suivant le fil et en en changeant le scénario.

Ainsi, les enfants pourront exposer leurs peurs, leurs “et si… ?” (et si maman m’oubliant à la garderie ? et si papa avait un accident de voiture ?…).

Notre rôle d’accompagnant serait alors d’explorer ces peurs, leurs conséquences et les possibilités d’action :

  • qu’est-ce que tu te dis ? qu’est-ce que tu imagines comme conséquences ? comment tu te sentirais dans ce cas ?
  • et si cela se passe comme tu le crains, qu’est-ce qui est en ton pouvoir (exemple : si maman arrive en retard, qu’est-ce que tu peux faire) ? qu’est-ce qui doit être fait pour que cela se passe bien ? s’il y a des obstacles, qu’est-ce qui pourrait alors être fait pour les contourner ? à qui demander de l’aide ? quelles ressources solliciter ? quel est le plan d’action ? et le plan B ?
  • maintenant, imaginons un autre déroulement : comment cela pourrait-il se passer autrement ? (et si maman ne t’oubliait pas ? et si papa n’avait pas d’accident de voiture ?) comment te sentirais-tu ? qu’est-ce que vous feriez ensuite ?

 

Quoiqu’il en soit, l’empathie et la reconnaissance des peurs des enfants est une condition pour que ces approches ludiques soient utiles aux enfants qui ont besoin d’apprivoiser leurs angoisses. En complément, il peut être utile de leur fournir des outils d’auto relaxation qu’ils pourront utiliser pour finir de calmer leurs angoisses :

  • caresser quelque chose de doux, d’apaisant,
  • se faire des auto massages, des auto caresses (sur les lèvres notamment),
  • pratiquer la respiration profonde (par le ventre/ inspirer jusqu’aux fesses et même jusqu’aux pieds),
  • respirer avec la zone du corps qui souffre en plaçant l’attention sur la zone douloureuse,
  • souffler comme pour faire des bulles de savon ou sur les mains regroupées qui forment comme un bol de chocolat chaud à refroidir.

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Pour aller plus loin :