[Confiance en soi, santé mentale, lien parents/enfants] L’importance de ne pas critiquer les projets d’orientation des adolescents
[Confiance en soi, santé mentale, lien parents/enfants] L’importance de ne pas critiquer les projets d’orientation des adolescents
Dans son livre Élever son ado sans baisser les bras, Nathalie de Boisgrollier rappelle l’importance de ne pas porter de jugements ou critiques sur les idées qu’un adolescent émet, notamment en ce qui concerne son futur métier. Cela participe à construire la confiance en soi de l’adolescent, participe à sa bonne santé mentale et physique et à renforcer le lien de coeur à coeur entre parents et enfants.
Voici 6 points pour encourager les adolescents dans la voie qui suscite leur enthousiasme et les aider à s’orienter dans la vie professionnelle :
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Écouter sans faire de commentaire
Certains enfants et adolescents vont trouver des ersatz de relation dans des addictions diverses parce que la vraie relation manque à la maison dans le plaisir à ’être ensemble (du temps en quantité et en qualité).
Nous sommes nombreux à croire que nous savons écouter mais nous sommes peu nombreux à savoir réellement écouter sans interrompre, sans conseiller ou sans juger. Nous avons encore plus de mal à écouter vraiment quand un adolescent avance des propos qui semblent déplacés. Écouter un adolescent de manière vraie et authentique, c’est reconnaître ses émotions et ses besoins sans conseiller ni faire de recommandations :
- qu’est-ce qu’il vit ?
- qu’est-ce qu’il voudrait ?
- qu’est-ce qu’il essaie de dire parfois de manière inappropriée ?
- qu’est-ce qui se cache derrière ses paroles, ses actes ?
- quelles sont ses frustrations qu’il fait payer aux adultes, en particulier ses parents ?
Ainsi, nous avons beaucoup à gagner à nous intéresser à la première idée d’un ado même si elle semble incongrue. Cela peut concerner le premier de la classe qui veut devenir plombier ou une jeune fille qui rêve de créer des jeux vidéos. Face à ce type d’annonce, nous pouvons avoir tendance à dire : “mais ce n’est pas pour toi !”, “mais tu n’as pas le niveau en maths !”, “mais c’est mal payé/ dangereux !” , “mais ce n’est pas un métier pour les filles/ pour les garçons”, “dans notre famille, on ne fait pas ce genre de métier !”.
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Alimenter l’usine à rêves
Nathalie de Boisgrollier propose de poser des questions ouvertes aux adolescents pour qu’il alimente son usine à rêves et conserve sa motivation intacte : “Qu’est-ce qui te plaît dans ce projet ?”, “Est-ce que ça te dirait de rencontre quelqu’un qui fait ce métier ?”, “comment te vois-tu dans ce métier/ dans ce domaine ?”.
Avec des questions ouvertes qui s’intéressent réellement à ce qui motive l’ado, il est possible de l’aider à affiner ou faire évoluer son projet (ou peut-être pas si l’idée qu’il a annoncée en premier correspond réellement à ses aspirations profondes, à ce qui le met en joie). Il est inutile de vouloir à tout prix que les élèves qui ont de bonnes notes fassent une classe prépa ou s’oriente vers une filière longue si le métier dont ils rêvent est artisanal ou moins prestigieux socialement.
Notre seule préoccupation doit être la motivation et le bien-être (santé physique et mentale) des adolescents à travers la préservation de leur joie.
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Fournir des explications ou poser des questions plus rationnelles
Dans un deuxième temps, seulement une fois que la connexion émotionnelle a été établie, il est possible de passer sur un mode plus rationnel et logique. Il est possible de demander aux adolescents :
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- Sais-tu combien de jeunes souhaitent aller dans cette branche et combien de places il y a ?
- De quoi as-tu besoin pour mieux connaître ce métier ?
- Par quoi vas-tu commencer pour faire de ce rêve une réalité ?
- Je pense que ton choix est difficile et courageux en même temps. As-tu besoin de mon aide ?
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Laisser les adolescents faire leurs propres expériences
Nathalie de Boisgrollier estime que, si nous voulons le meilleur pour nos adolescents et si nous souhaitons cultiver une relation de qualité avec eux, alors nous devons les laisser partir quand ils en manifestent le désir. Ils reviendront grandis de leurs expériences loin de nous et plus conscients de ce que leur famille leur a déjà rapporté. On ne parle pas ici des objections rationnelles (comme le coût de la scolarité par exemple) mais du refus que l’enfant s’éloigne, s’émancipe. Certains parents ont en réalité peur de se retrouver seuls et utilisent les enfants comme manière de se sentir utiles.
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Donner un exemple inspirant en tant qu’adultes
La source d’inspiration et de rêve la plus importante pour les jeunes demeure dans l’exemple que nous leur donnons. Ils nous écoutent et nous observent, même quand nous ne nous adressons pas à eux.
Il est donc important de penser à parler de ce qui va bien, ce qui nous plaît, ce qui nous porte quand nous évoquons notre vie professionnelle. Mais il est également important de se donner les moyens de quitter un emploi qui ne nous convient pas (ou de chercher des solutions pour réaligner valeurs/ aspirations et actes au quotidien dans la mesure du possible). Cela peut passer par un engagement associatif, politique, syndicaliste.
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Laisser la possibilité aux ados de s’éveiller à eux-mêmes sans obéir à des injonctions parentales
Nous avons tout à fait le doit d’écouter nos propres peurs de parents et de les communiquer sans culpabiliser ou faire changer l’ado d’avis. Nous avons de bonnes raisons d’avoir des craintes. Il est possible de s’autoriser à dire aux ados : “C’est vrai que je suis inquiète face à ce choix. Ce sont mes émotions, pas les tiennes.”
Interdire, d’une façon ou d’une autre (notamment via le chantage affectif) à un ado de chercher sa voie et de la suivre (même en tâtonnant et en changeant d’avis) est une violence, une “limitation de sa personnalité”. Certains ados se conformeront aux volontés de leurs parents (au risque d’être malheureux toute leur vie); d’autres se rebelleront (parfois de manière violente).
Quand on cultive dès l’enfance une relation de confiance mutuelle dans le respect de l’enfant et de nos propres émotions, une base positive se met en place dans la durée à partir de laquelle peuvent naître beaucoup d’opportunités.
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Source : Élever son ado sans baisser les bras : guide pratique de l’éducation positive de Nathalie de Boisgrollier (éditions Albin Michel). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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